Opération burkini à la piscine de Grenoble et accusations "d'islamisme politique" : tout comprendre à la polémique

Le débat se tend autour de l'opération burkini mené par Alliance Citoyenne, vendredi 17 mai à Grenoble. Un acte "d'islamisme politique" selon un conseiller municipal qui a exhumé de vieilles publications de la porte-parole du collectif, les jugeant "antisémites". Elle a déposé plainte.

La question du burkini s'est invitée dans le débat public grenoblois depuis quelques jours, après l'action "de désobéissance civile" menée par huit femmes à la piscine Les Dauphins. Toutes vêtues d'un maillot de bain couvrant, elles sont allées se baigner dans la piscine publique, vendredi 17 mai, revendiquant le droit d'y accéder pour les "femmes musulmanes voilées".
 


Djamila, 24 ans, a participé à cette action. Elle explique qu'on ne lui a autorisé l'accès dans "aucune des piscines publiques de l’agglomération" à cause de son maillot de bain couvrant. "En creusant j’ai appris que des milliers de femmes dans la ville sont comme moi privées d’accès à ces équipements publics", assure-t-elle.

Alliance Citoyenne, qui a organisé l'opération, demande à la Ville de Grenoble de prendre exemple sur Rennes qui autorise les maillots de bain couvrants. Le collectif s'était fait connaître pendant la polémique du hijab de running de Décathlon en organisant un footing avec des femmes vêtues de hijab pour revendiquer la "liberté des femmes voilées".
 
Ce qui a fait des remous jusqu'à la mairie. Matthieu Chamussy, conseiller municipal de l'opposition (Inter groupe Réussir Grenoble), a accusé cette opération d'être portée par "l'islamisme politique". "Nous sommes dans une République laïque et on voit qu'on a là des gens qui veulent fracturer la société", accuse-t-il à notre micro, arguant que le règlement des piscines municipales de Grenoble est "le même pour tous", ce qui écarte toute discrimination.
 
"C'est important que des Républicains disent, quelle que soit leur sensibilité politique, « non ». Tranquillement mais très fermement, il y a une règle c'est celle de la République et nous ne lâcherons pas", poursuit-il, pointant une volonté "d'imposer, en France, des règles différentes de celles que nous pratiquons".

 

"Méthodes d'intimidation"


Matthieu Chamussy est également passé à l'offensive sur les réseaux sociaux en exhumant d'anciennes publications Facebook de Taous Hammouti, porte-parole de Alliance Citoyenne, qu'il juge "antisémites". "Un parfait combo de l'islamisme politique : justification de l'attentat contre Charlie Hebdo, thèse complotiste sur le « prétendu » attentat du Bataclan, diffusion des discours de Tarik Ramadan", énumère-t-il.
 
Depuis, Taous Hammouti dit avoir fermé son compte Facebook après avoir reçu "des messages islamophobes et des menace. Un véritable déferlement de haine". La jeune femme dénonce les "méthodes d'intimidation" de Matthieu Chamussy et a porté plainte contre X pour "menaces" et "injure publique en raison de la religion". "Scandalisée", elle dément avoir tenu de tels propos, expliquant avoir "toujours condamné les attentats, quels qu'ils soient".

"Je regrette que les deux acteurs de la polémique partagent une même stratégie du choc et du buzz", réagit le maire de Grenoble Eric Piolle dans un communiqué diffusé ce mardi 21 mai, assurant entendre "la controverse sur deux interprétations possibles de l’égalité républicaine".

"Je regrette aussi le timing, à une semaine des élections [européennes] qui exacerbe les fractures de notre société et alors que notre débat public local est constamment tiré dans la boue par toujours les mêmes", accuse encore Eric Piolle qui aurait souhaité "plus de modération, et de recul (...) de tous les côtés."

Selon l'édile, "les conditions d’un dialogue serein" ne sont pas réunies pour "échanger en bonne intelligence". "La priorité de la Ville de Grenoble est de tout faire pour éviter d’alimenter la « montée aux extrêmes » au moment où notre société doit se tourner vers ce qui la rassemble et la réunie", conclut-il, sans se positionner dans le débat.
 


 
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