Le groupe d'opposition municipal présidé par Alain Carignon a déposé plainte auprès du procureur de la République après que des femmes vêtues de "maillots de bain couvrants" ont pu se baigner dans une piscine municipale de Grenoble fin juillet.
Nouvelle action en justice dans l'affaire du burkini à Grenoble. Le groupe d’opposition "société civile, divers droite et centre" présidé par l'ancien maire de Grenoble Alain Carignon a annoncé vendredi 12 août avoir déposé plainte auprès du procureur de la République. Il est reproché au maire écologiste de la ville, Eric Piolle, d'avoir "expressément autorisé l’intrusion dans la piscine de Grenoble de femmes en burkini, organisée par l’Alliance Citoyenne."
Les faits se sont produits le 28 juillet à la piscine Jean-Bron de Grenoble. Un groupe de sept personnes s'est présenté à l'entrée de la piscine municipale où le personnel "a procédé de manière classique à la vérification des tenues de bain", expliquait alors la Ville dans un communiqué. Deux d'entre elles n'ont pas été autorisées à entrer dans la zone de baignade, leur tenue ayant été jugée "non conformes au règlement intérieur amendé depuis par la jurisprudence du Conseil d’État."
Les autres, en revanche, ont pu accéder aux bassins vêtues de maillots de bain "conformes" au règlement intérieur, "du monokini (ou top less) au maillot de bain couvrant", écrit encore la municipalité. "Dans les piscines de Grenoble, affirmait Eric Piolle sur Twitter, on peut se baigner seins nus et porter des maillots de bain couvrants dans le respect de la jurisprudence du Conseil d'Etat".
Et c'est sur ce point que le groupe d'opposition présidé par Alain Carignon, fervent opposant au burkini, saisit la justice. "Un maillot de bain couvrant, avec ou sans jupette, reste un burkini", estime son avocat, Me Thierry Aldeguer. Dans une lettre adressée au procureur, Me Aldeguer assure que "cette intrusion était depuis quelques jours relayées par l’Alliance Citoyenne, et que de ce fait Monsieur Eric Piolle a agi volontairement pour autoriser cette venue". Contactée par France 3 Alpes, la mairie de Grenoble n'a pas souhaité réagir.
Le port du burkini dans les piscines de Grenoble avait été autorisé par le conseil municipal avant d'être retoqué par le Conseil d'Etat le 21 juin, ce dernier estimant que cette disposition portait "atteinte au principe de neutralité des services publics". La plus haute juridiction administrative expliquait que "contrairement à l'objectif affiché" par la ville, l'adaptation du règlement intérieur de ses piscines "ne visait qu'à autoriser le port du burkini afin de satisfaire une revendication de nature religieuse".
Un courrier au préfet
Le nouveau règlement intérieur des piscines, amendé depuis la décision du Conseil d'Etat, autorise les tenues de bain "faites d’un tissu spécifiquement conçu pour la baignade, ajustées près du corps", sans plus de précisions. En laissant entrer ces femmes en maillot de bain couvrant à la piscine Jean Bron, Me Aldeguer estime que le maire de Grenoble s'est rendu "complice de comportement prohibés".
"Il faut que quelqu'un dise stop à M. Piolle", estime-t-il, jugeant qu'il "n'a pas respecté" la décision du Conseil d'Etat. Outre la plainte déposée devant le procureur, l'avocat du groupe d'opposition d'Alain Carignon a envoyé un courrier au préfet de l'Isère afin qu'il "éclaircisse sa position" sur ces événements.
Dans un communiqué du 29 juillet, la préfecture indiquait simplement avoir eu des "échanges avec la Ville de Grenoble" à ce sujet, sans en dire davantage. Le conseil du groupe d'opposition attend désormais l'ouverture d'une enquête préliminaire.