Une quinzaine de membres du collectif Alliance Citoyenne se sont regroupés devant la piscine Jean-Bron de Grenoble, dimanche 30 juin, une semaine après leur action coup de poing. Cette fois, l'heure est à la discussion avec les autres usagers.
Une semaine après leur baignade en burkini dans la piscine Jean-Bron à Grenoble, les femmes et les militants à l'origine de cette campagne y sont retournés dimanche 30 juin. Cette fois, les membres du collectif alliance Citoyenne sont allés à la rencontre des usagers et pour "calmer le jeu". Restant sur le trottoir, une quinzaine de personnes a tenté de sensibiliser à la cause des femmes musulmanes protestant contre les "règlements discriminatoires" des piscines vis-à-vis de ce vêtement de bain couvrant.
Ils n'ont pas tenté d'entrer dans l'établissement, gardé de toute façon par de nombreux vigiles et policiers municipaux. Ils ont reçu de nombreux témoignages de soutien et ont débattu dans le calme avec les détracteurs. "La laïcité c'est aussi le droit de chacun à pouvoir s'habiller comme il l'entend. Y compris dans une piscine, tant que le maillot de bain n'enfreint aucune règle d'hygiène ou de sécurité", estime Eleonora, une habitante.
"C'est politique votre truc ! Ce sont des choses comme ça qui amènent le fascisme", peste de son côté Alain, la soixantaine. Alliance Citoyenne avait lancé mardi sur internet une invitation à une "sortie piscine en famille", avec prêt possible de burkini, la troisième action de ce type en six semaines à Grenoble, consistant pour ces femmes à entrer par surprise dans le bassin ainsi vêtues.
"On a été menacées"
"Finalement, on a préféré calmer le jeu", souligne Lucas, un sympathisant. "La semaine a été agitée : notre voix a été relayée (par la presse, ndlr), mais on a aussi été menacées", témoigne Soumia, 17 ans. "On veut s'inscrire maintenant dans le temps long", a expliqué Adrien Roux, le directeur de l'Alliance Citoyenne à Grenoble. Le Premier ministre Édouard Philippe, la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa et la ministre de la Justice Nicole Belloubet ont appelé ces baigneuses au respect du règlement.
Marlène Schiappa a insisté sur l'aspect selon elle inégalitaire de cette tenue. "Ce vêtement est un choix, pas une soumission", répond Latifa, 50 ans. Le maire écologiste de Grenoble Éric Piolle a appelé le gouvernement à "prendre position", sur les questions de laïcité et sur celles d'hygiène que soulève cette affaire. La ministre de la Justice n'a pour sa part pas estimé qu'il "faille légiférer", ajoutant que la loi donnait déjà "les bases autour de la laïcité".