Coronavirus : "la claque", un clip pour dénoncer les violences conjugales pendant le confinement

Dans un clip musical, une artise grenobloise aborde les violences conjugales et les féminicides, notamment lors du confinement. Une période particulièrement révélatrice de ce problème sociétal.

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Le confinement a fait réfléchir Chloé Birds. Cette artiste originaire de Grenoble a fédéré durant cette période une communauté de 28 chanteuses, comédiennes, musiciens et techniciens dans un projet musical qui dénonce les violences conjugales et le féminicide. En hausse pendant le confinement, ces violences souvent tabous ont inspiré les paroles du clip. "La claque" est interprétée par 22 femmes, pour leur donner à la fois la parole et briser le silence autour des violences conjugales. 

L'enfermement lié au confinement n'a pas amélioré la situation en France. Sur la semaine du 6 au 12 avril 2020, les violences intrafamiliales ont augmenté, avec près de 4.000 victimes enregistrées par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), qui répertorie les plaintes enregistrées par la police et la gendarmerie. 


"Derrière les femmes qui interprètent la chanson, les portes sont fermées." Une façon, pour la réalisatrice du clip de renforcer l'idée d'emprisonnement qu'a provoqué le confinement. Dans "La Claque", chaque femme chante des paroles d'hommes violents. Les images sont en noir et blanc, les visages sont graves, les mots de plus en plus durs. À travers cette mise en scène, la Grenobloise âgée de 38 ans voulait montrer la souffrance de ces femmes, qui ont obsédé ses pensées durant le confinement. 

 

Des violences qui touchent tous les milieux sociaux, sans distinction

 

Les portes en arrière-plan sont symboliques. Une manière aussi, pour elle, d'expliquer que les violences conjugales touchent tous les milieux sociaux, sans distinction. "Pour renforcer l’image de ces femmes enfermées, les chanteuses se sont filmées devant des portes très diverses et au montage ont les a placées dans des petites vignettes" explique la réalisatrice.

L'expression est artistique et engagée. Les paroles, Chloé Birds les a écrites en pensant aux hommes. Pour Laurine Bauby, comédienne et réalisatrice qui apparaît dans le clip, le projet a une résonnance universelle : "Cette idée que des femmes chantent des paroles d’hommes, c'est très fort ! On a toutes déjà entendu ces phrases, ces promesses, ces excuses." 

D'ailleurs, pour Laurine Bauby, le sujet des violences conjugales ne lui est pas complètement étranger. "J’ai pensé à mon amie en le faisant" raconte la comédienne. En effet, même si les femmes présentes dans le clip n'ont pas directement subis des violences conjugales, elles y sont particulièrement sensibles. 

 

"Des femmes chantent des paroles d’hommes"

 

Dans la narration du clip, la violence dont sont victimes des milliers de femmes en France, est amenée progressivement. Le premier couplet : des excuses. Le deuxième : des blessures graves. Le troisième : l'emprise physique et sexuelle. La fin : la décision de fuir ou de rester. "C’est souvent la charnière du féminicide" analyse Chloé Birds.  

 

Une emprise physique et psychologique

 

Impossibilité de demander de l'aide ou d'en trouver, les femmes prises dans ces tourments se retrouvent parfois dans l'impasse. Cet aspect, le clip l'aborde également. "Il y a une très grande violence psychique, une manipulation qui explique le silence, et même une responsabilité qui est retournée. C'est très destructeur car ce discours d'hommes violents donne l’impression à la femme qu'elle le mérite" décrit Laurine Bauby. 

Une impuissance à laquelle la comédienne a été confrontée lorsqu'elle a voulu aider son amie : "Si la personne victime ne fait pas elle-même part des violences, il n’y a rien à faire. J’ai essayé de me renseigner pour savoir ce que je peux faire ou juste lui dire pour la libérer, mais j'ai été confronté à un mur. Ce clip, c’est quelque chose que je lui adresse indirectement à elle et toutes ces femmes." 


Le projet de Chloé Birds est ambitieux. Il a pour objectif à la fois de sensibiliser le plus de personnes aux enjeux des violences conjugales et surtout de briser l'omerta. "Ces femmes n’auront plus peur de partir si elles se sentent soutenues, le problème aujourd’hui, c'est qu'elles sont seules, il y a des voisins qui entendent les cris, mais qui ne disent rien." Une façon pour elle d'insuffler le courage d'ouvrir la porte. 

 

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