Trois jours après la confirmation de cinq nouveaux cas de coronavirus aux Contamines-Montjoie, le professeur Olivier Epaulard, médecin au CHU Grenoble-Alpes, fait le point sur la prise en charge des patients. Leur état n'inspire pour l'instant pas d'inquiétude.
Cinq patients ont été pris en charge au CHU Grenoble-Alpes (Chuga) après la détection de cas de coronavirus dans la station haut-savoyarde des Contamines-Montjoie, samedi 8 février. Onze ressortissants britanniques ont été hospitalisés, dont cinq sont atteints du coronavirus 2019-nCoV, les autres patients ayant été en contact rapproché avec les malades. Ils ont été répartis dans trois centres hospitaliers de la région.
A Grenoble se trouve notamment une famille avec le père, infecté par le nouveau coronavirus, et ses trois enfants dont l'un est malade. La cinquième personne est sous surveillance mais ne présente pas de symptôme. Leur état à tous est "rassurant", a assuré la ministre de la Santé lors d'une conférence de presse.
Comment l'hôpital de Grenoble s'est-il organisé pour prendre en charge ses patients ? Le professeur Olivier Epaulard, médecin au service maladies infectieuses et tropicales du Chuga, a répondu à nos questions sur le plateau de France 3 Alpes ce lundi 10 février. Ces Anglais ont été hospitalisés et placés en isolement pour "plus de sûreté", nous a-t-il expliqué. Une prise en charge qui ne présente "pas de risque pour personne", aussi bien le personnel soignant que les autres patients du CHU, a également affirmé le Pr Epaulard.
"Prévenus et rodés"
Le dispositif a été déclenché "samedi, vers 5 heures du matin", après que les cinq cas de coronavirus ont été confirmés. Les personnes hospitalisées séjournaient dans deux appartements distincts au sein d'un même chalet, d'où la décision de placer onze personnes sous surveillance, même celles ne présentant pas de symptôme du coronavirus. "C'est des choses pour lesquelles on est à la fois prévenus et rodés", poursuit le médecin grenoblois, expliquant que "des exercices avaient été faits et tout s'est mis en place comme il le fallait".
"On les accueille avec le maximum de sécurité pour les personnes, pour les soignants, pour les autres personnes qui sont hospitalisées, dans des chambres confinées où on est sûrs que le virus ne peut pas sortir", détaille-t-il. Lors de sa visite au CHU de Grenoble, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a rapporté que les patients se sentaient "entre de bonnes mains". Ce service de l'hôpital était déjà préparé à recevoir d'éventuels cas de coronavirus.
Les autorités sanitaires sont toujours à la recherche de "personnes contact", c'est-à-dire d'individus ayant été en contact avec les malades lorsqu'ils séjournaient aux Contamines-Montjoie. Car la maladie est encore méconnue des professionnels de la santé, et son mode de transmission également. "C'est une épidémie qu'on apprend à connaître, reprend le Pr Olivier Epaulard. Ce n'est pas la première fois qu'il y a une épidémie de coronavirus, il y avait déjà eu le SARS en 2003 (syndrome respiratoire aigu sévère, ndlr) et le MERS-CoV depuis 2012 (syndrome respiratoire du Moyen-Orient, ndlr)".
Des équipes de chercheurs du monde entier travaillent sur la souche de ce virus pour apprendre à mieux le connaître et ainsi endiguer sa propagation. "Au début on avait des signaux très inquiétants nous disant que c'était des cas d'atteinte respiratoire grave et on pouvait s'inquiéter de façon très légitime. Finalement, avec les nouvelles données, on a l'impression qu'il y a peut-être aussi, comme c'est le cas des patients à Grenoble, beaucoup de cas qui ne sont pas graves", tempère le médecin infectiologue qui le compare, dans certains cas, à un simple rhume.
@agnesbuzyn ministre @MinSoliSante rencontre les journalistes au @CHU_Grenoble pour répondre à leurs questions sur les cas de personnes atteintes du #Coronavirus qui y sont hospitalisées : pour l’instant l’état des 5 patients n’inspire pas d’inquiétude pic.twitter.com/TM5wXlEiH6
— Préfet de l'Isère (@Prefet38) February 9, 2020
La possibilité d'un vaccin contre le coronavirus 2019-nCoV reste toutefois assez lointaine. "Il s'agit d'un nouveau virus, les vaccins sont toujours très longs à produire, a estimé Agnès Buzyn. Pour certaines maladies nous n'avons jamais réussi (...) Nous ne sommes pas sur la piste d'un vaccin." L'immense majorité des personnes infectées a déjà guéri, seules les personnes âgées ou vulnérables semblent menacées par le nouveau coronavirus, ce qui n'est pas le cas des patients à Grenoble. "C'est le début donc on reste vigilants, mobilisés, on hospitalise les personnes positives mais je pense qu'on est tous plus rassurés qu'il y aune semaine", a conclu le Pr Olivier Epaulard.