Coronavirus : le masque, "un handicap invisible" pour les personnes sourdes et malentendantes

Au-delà de son efficacité à limiter la propagation du coronavirus, le masque rend la vie dure aux personnes sourdes et malentendantes. Déjà parfois difficile en temps normal, la communication est encore plus limitée depuis le 11 mai dernier et la généralisation du port du masque.

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Le déconfinement a imposé le port du masque. Depuis ce 11 mai, il est recommandé, voire obligatoire dans certains lieux, pour limiter la propagation du Covid-19. Pour les personnes sourdes et malentendantes, l'objet est synonyme d'obstacle à la vie sociale. Une barrière aux échanges, qui empêche notamment de lire sur les lèvres. Des difficultés de communication qui touchent environ 300.000 personnes en France. 

"Je fais répéter, en expliquant que je suis malentendant et en montrant mon badge." Ces derniers jours, la situation est de plus en plus fréquente pour Jean-Louis Cailleaud. Cet habitant de Seyssins, a vu le masque s'immiscer dans son quotidien. A la banque, la boulangerie, le tramway, la pharmacie, son usage est jugé necessaire. Une véritable contrainte pour le retraité : " le masque m'empêche de lire sur les lèvres et atténue la voix... C'est encore plus difficile de comprendre." 

Couvrant une grande partie du visage, les expressions et les émotions sont également difficiles à deviner pour les personnes atteintes d’un handicap auditif. « La lecture labiale n’est pas la seule solution [...] la personne sourde doit aussi déduire les parties manquantes du message en suivant les expressions faciales de l’interlocuteur ou le contexte spatial et temporel », souligne la fédération nationale des sourds de France (FNSF). 

 

"Les gens ne se rendent pas comptent qu’on n’entend pas, c'est un handicap invisible."


Anne-Marie Choupin, membre du bureau de l'association de réadaptation et défense des devenus sourds de l'Isère (ARDDS38), considère que depuis le confinement « l'isolement est encore plus important pour les personnes malentendantes». A défaut d'audition, la vision est un support essentiel. "Le confinement, c’était la mort. Les gens ne se rendent pas comptent qu’on n’entend pas, c'est un handicap invisible" fulmine Geneviève Bollinger. 

À 74 ans, la retraitée plaide pour l'usage de la visière. "Moi, j'utilise une visière et d'ailleurs, beaucoup de commerçant sur les marchés en portent. Cela permet de voire les mimiques, les lèvres bouger et comprendre quelque chose." Pour elle, le masque n'est pas adapté aux personnes sourdes et malentendantes qui portent un implant ou une prothèse auditive. "Le masque peut faire tomber les prothèses auditives quand on le retire et en plus on ne l'entend pas."

L'un de ses amis lui a raconté avoir fait le choix radical de retirer ses prothèses dans le bus : "c'est obligatoire, il n'a pas le choix, mais alors il n'entend plus rien et est complétement seul."  

Inconfortable et source de solitude, le masque est pourtant présenté comme plus efficace que la visière. Mais auprès des personnes sourdes et malentendantes, la visière est l'une des seules façons d'accéder à la communication. "La visière peut être une solution en plus d'un accompagnement adapté " estime Nicolas Priou, coordinateur de l'association HandiRéseaux38. 

 

Un masque avec une fenêtre transparente ? 



Autre option : le masque transparent. Pas encore reconnu comme efficace par le Gouvernement, il est aussi difficile de s'en procurer, en France. Pour l'heure, une demande de brevet a été effectuée afin de permettre son homologation et une production en série. 

"On milite pour son homologation, et on est même soutenu par des associations de personnes avec un handicap mental, car eux aussi ont besoin de voir les visages et comprendre les émotions » raconte Anne-Marie Choupin de l'ARDDS38. En attendant, certains s'attellent à les fabriquer par leurs propres moyens. Sur Internet, des tutoriels expliquent les étapes de fabrication.  

 
 
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