"Des agriculteurs ont parlé de leur burn-out" : au barrage de l'A480 à Grenoble, un "effet de groupe" pour parler des difficultés du quotidien

Symbole de la colère agricole à Grenoble, le barrage de l'autoroute A480 a été levé ce vendredi 2 février. Une suspension de la mobilisation alors que les agriculteurs attendent les premiers résultats des mesures annoncées par le gouvernement. Lors de ces huit jours d'occupation, les agriculteurs ont pu se confier sur leur "situation difficile".

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Les derniers tracteurs ont levé le camp à la mi-journée ce vendredi 2 février, laissant derrière eux des bottes de paille et quelques brasiers. Les stigmates de huit jours de mobilisation sur l'autoroute A480, aux portes de Grenoble. Huit jours pendant lesquels les agriculteurs se sont relayés pour maintenir le barrage, symbole de leur colère.

L'occasion pour ces exploitants, souvent sédentaires, de partager leurs difficultés quotidiennes. "Le mal-être dans l'agriculture peut arriver à tout le monde. On est passé au-dessus de la honte et de la réserve pour dire : 'Moi aussi ça m'est arrivé'. Des gens ont parlé de leur burn-out, ce qui est atypique dans le milieu agricole", témoigne Jordan Desimone, co-président des Jeunes Agriculteurs de l'Isère et éleveur de chèvres à Oris-en-Rattier.

Dans une profession pudique où le malaise fait figure de tabou, les langues se sont déliées au fil des jours, la confiance s'installant sur le barrage. "On arrive à avoir un effet de groupe qui est venu rompre l'isolement et le fait de se sentir coupable d'être dans une situation difficile. On se rend compte qu'on n'est pas tout seul", ajoute l'agriculteur.

"Nous n'arrêtons pas le mouvement, nous le suspendons"

Après plus d'une semaine à tenir le camp, la fatigue se lisait sur certains visages à l'heure de retourner sur les exploitations. "On repart avec l'espoir que les choses se mettent en place", sourit Rémy Mallein, éleveur bovin à Saint-Paul-d'Izeaux, qui reste vigilant : "Les paroles c'est une chose, maintenant on attend les actes."

Jeudi, le Premier ministre Gabriel Attal a égrené une nouvelle salve de mesures d'urgence destinées à mettre fin à dix jours de contestation du monde agricole. La FNSEA et les JA, les deux syndicats majoritaires, ont appelé à la levée des barrages dans l'attente de la concrétisation des premières mesures d'ici le Salon de l'agriculture, qui s'ouvrira le 24 février.

"On a une partie des réponses et on sera très vigilants pour la suite, tempère Aurélien Clavel, agriculteur à Biol, membre de la FDSEA de l'Isère. Nous n'arrêtons pas le mouvement, nous le suspendons et on verra ce que donne la suite des négociations." Certains points seront débattus localement, en préfecture, pour faire remonter les revendications de part et d'autre.

Mais les agriculteurs gardent le souvenir d'une mobilisation "historique" qui a mis en lumière les problématiques de leur filière. "Ça a été un cri du cœur de tous les agriculteurs. Il y aura un avant et un après parce que cela aura marqué les mémoires collectives pour faire voir que l'agriculture française a de grosses difficultés, qu'elle se meurt et qu'il faut qu'on lui donne des perspectives d'avenir", estime Aurélien Clavel.

Date de réouverture incertaine

Jordan Desimone se souvient, lui, des rencontres avec les habitants qui, tous les matins, apportaient des viennoiseries sur l'autoroute, transformée temporairement en terrain de jeux. "Tous ces Grenoblois qui sont venus nous voir, discuter avec nous de nos problématiques, ça fait chaud au cœur. On a pu parler de notre manière de voir les choses et faire de la communication agricole par les agriculteurs, ça a du sens", raconte-t-il.

Depuis la levée du barrage, une quarantaine d'agents de la société autoroutière procèdent au déblayage des voies et à l'évacuation des déchets. La réouverture de l'A480 n'interviendra toutefois pas avant samedi matin. "Ce qui nous pose souci, c'est les foyers qui sont actifs au niveau des brasiers, parce que les chaussées sont abîmées. (...) Notre inquiétude, c'est de savoir ce qu'on va trouver dessous", explique Olivier Ruchier-Berquet, responsable de secteur chez Area.

Malgré la mise en pause d'une partie du mouvement, des agriculteurs ont décidé de maintenir certains barrages, comme au péage de Saint-Quentin-Fallavier sur l'A43. La Confédération paysanne, à l'initiative du blocus, regrette le manque de mesure sur les revenus et la mise en "pause" du plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides.

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