"Nos politiques ne sont pas assez sur le terrain" : les agriculteurs en colère attendent encore des réponses au niveau local

Alors que les barrages sont en train d'être levés à l'appel des syndicats majoritaires, les agriculteurs retournent sur leurs exploitations. Ils emportent avec eux des revendications pas toujours satisfaites par les dernières annonces du gouvernement, notamment sur le plan local.

En milieu de semaine, ce mardi 30 janvier, une centaine d'agriculteurs des deux Savoie avaient décidé de suivre les orientations données au niveau national par les syndicats, et donc de lever le barrage de Cluses en Haute-Savoie.

Pourtant, les manifestants n'ont pas abandonné leurs revendications, même à leur retour sur les exploitations. "On est tout le temps traités de pollueurs, on est regardés de travers. J'ai une piste cyclable à côté de mon exploitation, avec évidemment des vaches qui vont au pâturage. Et bien, on se fait engueuler", soupire Hervé Delacquis.

Un retour en demi-teinte sur les exploitations

Les agriculteurs portent aussi des demandes spécifiques à leur territoire. "La prédation nous fait crever, elle va faire mourir le pastoralisme qui est gage de paysage, de biodiversité. Le plan national loup qu’on nous annonce pour 2024 n'est pas suffisant", expose Bernard Mogenet, président de la FDSEA de Savoie. "Nous n'avons pas les moyens de nous défendre correctement sur nos exploitations."

À l'image des autres agriculteurs présents sur le barrage du péage de Cluses, Hervé Delacquis espère une réponse à des problématiques locales et récurrentes sur le territoire. "Nos politiques ne sont pas assez sur le terrain. On n’est pas compris, pas écoutés. Nous, on a eu un gros problème avec la brucellose, qui a eu une ampleur financière monstrueuse sur notre coopérative", dénonce-t-il. "Le bouquetin est toujours là-haut. Le troupeau qui a été abattu, c’est celui d'un collègue."

On trouve qu’on est de moins en moins respectés par tout le monde.

Hervé Delacquis

Agriculteur

Une crainte partagée par son neveu, un jeune agriculteur installé depuis dix ans sur l'exploitation. Jérémy Delacquis fait tourner l'activité avec son père et son oncle. À la Ferme de Chamonix-Mottet, on produit du lait pour faire de la tomme, du reblochon et des yaourts. Selon Jérémy Delacquis, la brucellose serait encore bien présente : "Certains animaux sont malades et toujours dans les montagnes, et pas que dans le Bargy, même dans les Aravis. Le bouquetin se déplace et transmet la maladie à d’autres animaux", affirme-t-il.

Le producteur laitier note lui aussi un "manque de reconnaissance du travail que l’on fait tous les jours". Il espère "une réponse à des problèmes communs à tous les exploitants. Et dans certains départements, il y a la même problématique que chez nous, sur la prédation du côté des Pyrénées. On devrait pouvoir avoir de la souplesse, sur soit des tirs, soit de la défense".

Ce vendredi 2 février, les barrages sont progressivement levés à l'appel des syndicats majoritaires. Les revendications des agriculteurs au niveau local, elles, devraient continuer à se faire entendre.

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