Fusillades en série à Grenoble : "Nous craignons tous une balle perdue", le procureur de la République dénonce "une guerre des gangs"

Ces dernières semaines, l’agglomération grenobloise fait face à une recrudescence de violences avec armes. Une série de fusillades qui interroge et inquiète. Le parquet de Grenoble et les forces de l'ordre tentent de lutter contre cette guerre des gangs sur fond de trafic de stupéfiants.

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C’est une lutte de territoire sans merci. Des intimidations millimétrées et des tentatives d’assassinat toujours plus présentes. Ce lundi soir, vers 23 heures, quatre personnes ont été blessées par balles près d'un arrêt de bus dans le quartier de la Luire à Echirolles. Puis, dans la nuit de ce mardi 14 août, c'est un jeune homme de 20 ans qui est blessé dans le quartier de Saint-Bruno.

Sylvette Rochas, adjointe au maire à Echirolles est inquiète par ces fusillades à répétition, alors que l'alerte est donnée depuis de nombreuses années : "Depuis 25 ans, les maires successifs ont interpellé les ministres de l’intérieur en place pour avoir un commissariat de plein exercice sur la ville. Le dernier en date : Monsieur Darmanin. Il n’a pas daigné répondre."

Nous, on ne veut pas qu’il y ait des zones de non droit.

Sylvette Rochas

Adjointe au maire à la ville d'Echirolles

Une baisse des effectifs de police pointée du doigt

Ces deux dernières semaines, cinq fusillades ont ensanglanté l’agglomération grenobloise faisant un mort et huit blessés. Le fruit d’une guerre des gangs pour récupérer les points de deal très rémunérateurs.

Selon le syndicat Alliance police nationale, cette recrudescence serait aussi une conséquence d'une baisse des effectifs de policiers plus faible en raison de leur mobilisation pour les Jeux Olympiques de Paris.

"En mettant tous les effectifs depuis un an et demi voir deux ans à Paris on a laissé des départements en jachères et des villes comme Grenoble. Il faut savoir que l’on a 115 effectifs de police en moins à Grenoble. Cela fait donc des patrouilles en moins, alors qu’elles pourraient aller dans ces quartiers, rentrer assurer la sécurité, et éviter le trafic de stupéfiants", déplore Yannick Biancheri, secrétaire départemental Alliance police nationale de l'Isère.

Des affirmations balayées par le procureur de la République de Grenoble : "Nous n'avons pas manqué d'effectifs pendant l'été. C'est une certitude [...] car les policiers et gendarmes n'ont pas eu le droit de prendre de vacances pendant cette période".

La crainte d'une "balle perdue"

Le procureur de la République de Grenoble entend intensifier son combat contre le trafic de stupéfiants. Le 2 septembre prochain, un enquêteur spécialisé en criminalité organisée va rejoindre les rangs du parquet.

Ces individus sont particulièrement dangereux. Ils se fichent de la vie humaine, avec ces tentatives d’assassinats. On craint la balle perdue.

Eric Vaillant

Procureur de la République de Grenoble

Cette peur se justifie notamment car les tireurs ont ciblé un abribus à 23 heures ce lundi 12 août. "L'objectif de cette guerre c'est de remporter des points de deal qui sont rémunérateurs. Cela va de 30 à 40 000 euros par jour. Des sommes folles qui justifient tous les risques et violences."

Alors face à cette guerre de territoire, l'Etat s'organise : les policiers, gendarmes, douaniers, préfecture et justice. Il y a eu le plan national "stup" pour lutter contre le trafic de drogue mis en place dans l'agglomération ou encore l'opération "place nette" en mars dernier. L'objectif : "Faire tomber ces points de trafic par tous les moyens."

On ne va pas lâcher. C'est extrêmement difficile de lutter contre les trafiquants. Il est quasiment impossible d’éliminer le trafic. Notre responsabilité est d’en limiter les effets pour les honnêtes gens. 

Eric Vaillant

Procureur de la République de Grenoble

"Les policiers n’ont pas peur. Ils vont dans tous les quartiers on ne s’en interdit aucun. À Grenoble, les policiers et gendarmes y vont sans crainte", répond le procureur lorsqu'il est interrogé sur la possible appréhension des forces de l'ordre d'intervenir dans ces quartiers.

Depuis le début de l’année 2024, une quinzaine de fusillades a été recensée sur l'agglomération grenobloise. Trois personnes ont perdu la vie.

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