Grenoble : un conseil municipal sous haute tension avec la vente de Grenoble Habitat en toile de fond

Le conseil municipal de Grenoble, consacré au vote du budget, à la hausse de la taxe foncière et à la vente des parts du bailleur social Grenoble Habitat, a généré d'importantes tensions, ce lundi 13 mars. L'opposition regrette la cession de Grenoble Habitat "au privé".

Une "honte", un "déni de démocratie" et une "catastrophe". Les critiques à l'encontre d'Eric Piolle, maire EELV de Grenoble, ont été nombreuses, ce lundi 13 mars, lors d'un conseil municipal sous haute tension. A l'ordre du jour : le vote du budget primitif 2023, avec notamment une hausse controversée de la taxe foncière de 25 % mais aussi la vente des parts du bailleur social Grenoble Habitat, détenues par la Ville, à une filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

Selon la municipalité, les sommes ainsi levées, estimées au total à 44 millions d'euros, serviront pour moitié à "faire face à l'inflation, au coût de l'énergie, ou encore à la hausse du point d'indice des agents", tandis que l'autre moitié sera versée dans un plan d'investissement existant dédié aux transitions, au renforcement du service public et à la mise en place d'un "bouclier social et climatique".

Des "inquiétudes"

Alors que certains opposants à la vente de Grenoble Habitat s'étaient retrouvés à l'extérieur de conseil municipal, la première sommation à l'intérieur de la salle, quasi bondée, est venue de la part de Cécile Cénatiempo. La cheffe de file de l'opposition PS et affiliés, opposante à Eric Piolle, a demandé, cinq minutes après le début de la séance, un "rappel au règlement visant à modification de l'ordre du jour et au retrait des délibérations relatives à Grenoble Habitat et au restaurant du musée", deux dossiers indispensables au vote du budget primitif 2023.

"Nous avons considéré que nous ne disposions pas d'informations suffisantes pour valablement délibérer sur deux dossiers : la cession des parts de Grenoble Habitat détenues par la Ville et l'exploitation du restaurant du musée de Grenoble", a-t-elle expliqué.

Trois élus du groupe NASA, dont Cécile Cénatiempo, ont donc fait valoir leur droit à l'information sur ces deux dossiers. Lors de la consultation des documents relatifs aux délibérations, qui s'est faite sous le contrôle d'une agente de la Ville, avec l'interdiction de faire des copies des documents et assortie de la signature d'un accord de confidentialité, "deux inquiétudes ont été confirmées", selon elle.

La première est que "les éléments (consultés) ne permettent pas de confirmer avec certitude que les choix (...) opérés étaient réellement les meilleurs par rapport à notre collectivité. La seconde toute aussi grave, c'est que certains des documents qui ont été portés à notre connaissance auraient indiscutablement dû figurer dans les notes synthétiques, accompagnant les délibérations afin que nous puissions valablement débattre et voter en toute connaissance de cause".

L'accord de la Métropole nécessaire ?

C'est Emilie Chalas, élue Renaissance, qui est intervenue pour clarifier la situation : l'accord de la Métropole, actionnaire du bailleur social, est nécessaire pour vendre Grenoble Habitat à la CDC, a révélé l'ancienne députée. Une condition suspensive qui n'était pas indiquée dans les notes synthétiques.

Or, Christophe Ferrari, président de Grenoble Métropole, avait fait connaître son opposition à cette vente par le passé. Le principe de cession de Grenoble Habitat a tout de même été voté ce lundi.

Après les interventions d'Emilie Chalas et Cécile Cénatiempo, Alain Carignon, chef d'opposition, s'est lui aussi fendu de quelques attaques. Il a notamment accusé Eric Piolle de vendre "les bijoux de famille" : "Cette façon de gérer la ville n'est plus tolérable. (...) Nous étions au bord de la mise sous tutelle en 2016 et nous sommes au bord de la mise sous tutelle en 2023. Et on le doit à votre gestion."

"Vous avez cramé la caisse et en vendant Grenoble Habitat, vous essayez de vous refaire", a poursuivi l'ancien édile, qui dénonce une "situation catastrophique".

Avec 87 délibérations à l'ordre du jour, le conseil municipal devrait se poursuivre tout au long de la soirée de ce lundi.

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