Grenoble et Albertville, les deux dernières villes à avoir accueilli les JO en France, privées de flamme olympique. Contrairement à la Haute-Savoie, l'Isère et la Savoie ont en effet refusé d'accueillir le parcours de la flamme en 2024. Ces deux départements justifient cette décision par le prix trop élevé demandé par le Comité d'organisation des jeux (COJO). Mais ce n'est pas la seule raison.
En France, les deux dernières éditions des Jeux, été et hiver confondus, se sont tenues respectivement à Grenoble en 1968, et à Albertville en 1992. Mais pour le retour des JO sur notre sol, à Paris en 2024, aucune de ces deux communes n'accueillera la flamme olympique.
Des trois départements des Alpes du nord, seule la Haute-Savoie sera donc concernée par le passage de la torche. Ce sera le 23 juin 2024 avec un parcours entre Annecy et Chamonix, 100 ans tout juste après les JO de 1924 dans les Alpes.
L'Isère et la Savoie n'en seront donc pas. Martine Kohly, la vice-présidente du Conseil départemental de l'Isère en charge des sports et de la vie associative, n'en est pas du tout affectée, bien au contraire : "La manière dont cela a été présenté, l'aspect commercial, ça nous a paru, pour une journée, complètement dépourvu d'intérêt. On a pris cette décision de manière concertée."
La facture se serait élevée, au minimum à 180 000 euros pour que la flamme débarque en Isère le temps d'une journée. Un montant démesuré pour Martine Kohly. "Au regard de l'engouement en Isère, avec le nombre de communes labellisées Terre de jeux (un label destiné à tous les niveaux de collectivités territoriales et au mouvement sportif qui souhaitent, quels que soient leur taille et leurs moyens, s’engager dans l’aventure des Jeux, NDLR), on s'est dit qu'on allait faire beaucoup de déçus, il y aurait eu une frustration. Ce n'est pas qu'une question de coût, mais aussi d'esprit."
On a des événements comme le Tour de France qui sont bien moins chers et plus fédérateurs et médiatisés
Frédéric Burnier-Framboret, maire d'Albertville
L'argument financier est également avancé par le département de la Savoie, mais ce n'est pas la principale raison : le département était favorable pour accueillir la flamme à condition que ce soit la première étape du parcours. "Nos élus ont fait le choix de ne pas répondre favorablement, la volonté de départ étant que la flamme démarre son parcours en Savoie, dernier territoire français à avoir accueilli les Jeux olympiques et paralympiques", avance le départementent dans un communiqué - Christian Grange, vice-président du conseil départemental de la Savoie en charge des sports, n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations. "La Savoie se mobilise pour les JO de Paris 2024 via le label Terre de Jeux et son opération "Sur les traces des champions"", poursuit le Département.
Pour la commune d'Albertville, dernière ville à avoir accueilli les Jeux olympiques en France, en 1992, la facture aurait été trop salée. "C'était de l'ordre du déraisonnable, un montant exorbitant", selon Frédéric Burnier-Framboret, son maire, qui dit avoir été contacté pour être de la fête. "Le passage de la flamme aurait fait sens, mais ce n'est pas spécialement fédérateur d'attractivité. C'est dépenser beaucoup d'argent pour quelque chose de peu valorisant. On a des événements comme le Tour de France qui sont bien moins chers (en 2022, il fallait débourser 120 000 euros pour accueillir une arrivée du Tour de France, 80 000 euos pour en départ, NDLR), plus fédérateurs et médiatisés", argue M. Burnier-Framboret.
Pour lui, il n'y a "ni déception ni amertume". D'autant que la ville a célébré, l'an dernier, l'anniversaire des 30 ans de ses Jeux Olympiques d'hiver. "C'est un événement qui a marqué Albertville. On avait peu de moyens financiers, mais il y avait beaucoup de ferveur, raconte le maire. On avait refait le parcours de la flamme, avec 150 personnes au départ et 2 000 à l'arrivée au niveau de la halle olympique. Le département avait financé le feu d'artifice."
Des festivités en Isère, pas à Albertville
Il n'y a pas de festivités prévues dans la commune pour compenser le "non-passage" de la flamme. "Albertville est et restera une ville olympique. Et Albertville est labellisée Terre de jeux", conclut M. Burnier-Framboret.
L'Isère a elle décidé de proposer une alternative, "une offre sur une longue période bien plus large que le 'one shot' proposé, selon Martine Kohly. On est très fiers, on espère que les communes adhèreront. Mais on l'a vu au moment du jubilé de 1968, il y a de la ferveur et de l'engouement. Je suis persuadée qu'avec les propositions qu'on fera, les Isérois s'y retrouveront sur tous les volets : sportif, patrimonial, historique". Ces festivités seront annoncées le 29 juin à Voiron.