"Le stress pour payer mon loyer, mes courses" : un professeur contractuel sans salaire durant 3 mois

Un professeur contractuel s'est mis en grève lundi 27 novembre après ne pas avoir été payé depuis la rentrée. Il vient tout juste de toucher un acompte et devrait être régularisé le mois prochain. Une situation qu'il dénonce et que d'autres contractuels peuvent également rencontrer.

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Depuis la rentrée scolaire, presque trois mois se sont écoulés sans que le professeur Alix Cerezal Orellana ne touche le moindre centime de salaire. Pour remédier et dénoncer cette situation, le contractuel a entamé une grève lundi 27 novembre.

Il s'est posté devant l'un des établissements dans lequel il enseigne les arts plastiques et l'espagnol, à savoir le collège des Buclos de Meylan, non loin de Grenoble. Il effectue également des heures dans le collège Lionel-Terray situé dans la même agglomération.

Le versement tout récent d'un acompte

Sa situation s'est en partie résolue depuis l'entame de sa grève, " j'ai reçu un acompte dans la journée du 27 novembre. Ce qui correspond à 80% de mes salaires de mes trois derniers mois. Je dois normalement être régularisé lors de ma paye de décembre".

Il déplore n'avoir reçu "aucune explication, aucun mail, aucune excuse" de la part du rectorat de l'académie de Grenoble auquel il est rattaché. Pendant ces trois derniers mois, il décrit avoir vécu "dans le stress", "pour payer mon loyer, mes courses et les autres choses du quotidien". Alix Cerezal Orellana est aussi allé voir pour la toute première fois une assistante sociale.

Il a depuis repris ses cours avec ses élèves. Il explique avoir reçu de nombreux soutiens de la part de ses élèves, parents d'élèves et de la direction et de ses collègues des établissements dans lesquels il enseigne. Ce professeur contractuel depuis 2021 ne serait pas un cas isolé face à ces problèmes de rémunération.

Une augmentation des problématiques de rémunération

Les principaux syndicats de l'Éducation nationale relèvent depuis la rentrée une hausse des demandes d'aide, concernant les enseignants qui dépendent de l'académie de Grenoble. "Ce n'est pas la première fois. Mais nous constatons une augmentation des problématiques liées à la rémunération. Chaque semaine, ce sont en moyenne deux à trois collègues qui m'appellent pour ces sujets et notamment des contractuels", explique Florian Stocker, secrétaire départemental SNES-FSU en Isère.

L'intersyndicale atteste dans un communiqué un nombre de sollicitations trop "importantes pour que ces manquements du rectorat soient des accidents ponctuels". Contacté par France 3 Alpes, le rectorat mentionne de son côté "des problèmes qui restent à la marge et sont liés à un afflux important de dossiers à traiter sur la période charnière qu'est la rentrée."

Concernant le cas précis d'Alix Cerezal Orellana, le rectorat ajoute : "suite à un souci technique/administratif, cet acompte n’est pas passé. Il l'a certainement déjà reçu hier ou aujourd'hui avec régularisation définitive le mois prochain. Les services du rectorat sont à son écoute s'il en exprime le besoin."

"Moins on est confronté au rectorat et mieux on se porte"

L'enseignant contractuel tout comme les syndicats reprochent également des dysfonctionnements pour entrer en communication avec le rectorat. "J'ai envoyé de nombreux mails et passé de nombreux appels sans réponse. Mes directions non plus n'ont pas eu de retours", raconte-t-il. Il avait cependant été contacté par un interlocuteur du rectorat courant octobre et novembre, mais sans plus de résultat.

Cette situation a provoqué pour ma part une perte de confiance dans le rectorat.

Alix Cerezal Orellana

Enseigant contractuel

Dans un courrier consulté par France 3 Alpes et daté du 11 octobre, le rectorat détaille : "cette gestion administrative et financière des personnels s’inscrit dans un calendrier national de paie contraint qui concerne tous les ministères. Ainsi, la paie versée en fin de mois à chacun de nos agents est le fruit d'un traitement effectué dans nos services de gestion avant le 20 du mois précédent."

Pour expliquer ces dysfonctionnements, le syndicat SNES-FSU évoque des sous-effectifs et des problèmes de formation dans les services du rectorat qui ne permettent pas de traiter au cas par cas la gestion des dossiers de paye des contractuels qui ne sont pas automatisés. Florian Stocker de SNES-FSU ajoute, "il y a des inégalités. Moins on est confronté au rectorat et mieux on se porte !"

L'intersyndicale dans un communiqué de presse a annoncé une mobilisation de soutien pour "les personnels qui font face à l'incurie du rectorat", le mercredi 6 décembre 2023 à 14h, devant le rectorat de Grenoble.

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