Les parents ainsi que les trois frères et sœurs de Victorine Dartois ont été entendus ce vendredi par la cour d'assises de l'Isère au cinquième jour du procès de Ludovic Bertin, jugé pour le meurtre de l'étudiante en 2020. Ils ont fait part de leur "douleur", quatre ans après sa disparition.
Le 26 septembre 2020, il est 10 heures lorsque Victorine Dartois descend l'escalier de la maison familiale, prête à rejoindre des amis pour un après-midi shopping au centre commercial. "Elle m’a dit 'à ce soir papounet'. J’attends toujours", se rappelle son père, James.
Les parents ainsi que les trois frères et sœurs de Victorine ont témoigné ce vendredi 29 novembre devant la cour d'assises de l'Isère, implorant Ludovic Bertin de leur apporter "des réponses" sur la mort de la jeune fille de 18 ans. L'accusé comparaît pour son meurtre précédé d'une tentative de viol.
Au soir de la disparition de Victorine Dartois, sa sœur Perrine est la dernière à l'avoir au téléphone. Il est 18h55. "Elle m’appelle, je venais de sortir de la douche. Elle me dit qu'elle n'a plus de batterie, qu'elle arrive dans 15 minutes, qu'elle est au stade de la Prairie. Mais elle n’arrive pas. Mon sang n’a fait qu’un tour", décrit la jeune femme de 24 ans, cheveux châtains coupés à hauteur des épaules.
"L'angoisse, la terreur, les bruits de l'hélicoptère"
"J'entendais ma mère crier 'on a perdu Victorine'. Je n'ai pas compris. Je suis parti la chercher toute la nuit, j'ai fait le tour de tous les quartiers de Villefontaine en voiture, j’ai toqué à beaucoup de portes, sans signe de vie", évoque Rémy, l'aîné de la fratrie. Son père signale sa disparition à la gendarmerie à 21h45, laissant place à "l’angoisse, la terreur, les bruits de l’hélicoptère".
La famille et les proches de l'étudiante passent les deux jours qui suivent à chercher la trace de Victorine, en vain. "Je me suis aperçu que je suis passé quatre fois devant (le corps) sans le voir", souffle Rémy. La dépouille de Victorine est découverte 36 heures après sa disparition dans un ruisseau non loin du stade de la Prairie, pantalon baissé.
"Victorine, tu as été baptisée le 28 septembre. C'est aussi ce jour où nous t’avons retrouvée morte", évoque difficilement Sylvie, sa mère, assise devant la cour, chapelet enroulé autour du poignet. "Tu as grandi au sein d’une famille aimante. Chez nous, il y avait beaucoup de rigolades, de secrets avec tes sœurs, des vacances en famille, des Noël, des fêtes des pères et des mères", liste la mère de quatre enfants.
"Tu l'as vue en dernier, tu lui as parlée en dernier"
Rémy s'est rappelé l'arrivée de Victorine, la dernière de la famille. "Quand ma mère a annoncé qu'elle était enceinte, je me suis dit 'encore une fille'", glisse le jeune homme de 29 ans. Avec ses deux sœurs, il les appelait "les triplées" en raison du lien qui les unissait.
"Ma petite sœur, tu étais le bébé de la famille. Avec toi, tout était facile, tout était beau. Quand je n’avais pas le moral, ton visage m’apaisait", sourit Romane Dartois, 26 ans. "La seule chose que je veux, ce sont les mots de Victorine. Au lieu de ça, j’ai des maux de vente, des maux de tête", dit-elle. "J'ai la sensation d'oublier 18 belles années auprès de ma belle Victorine. Mon ventre brûle de l’intérieur quand je pense à tous nos moments de bonheur qui deviennent de plus en plus lointains."
Submergée par l'émotion, Romane s'est adressée à l'accusé de 29 ans, le regardant fixement : "Victorine s’est débattu sans relâche et elle y a laissé sa vie. J’imagine souvent ce qu’elle a pu dire ou penser dans ses derniers instants. Je veux que tu expliques et que tu répètes ce qu’elle a pu dire. Toi qui ne la connaissais pas, tu l’as vue en dernier, tu lui as parlé en dernier. Et nous, sa famille, nous n'avons pas le droit de savoir."
Une famille "dévastée par la douleur"
Une famille brisée par la disparition de la jeune femme. "J’ai du mal à revenir à Villefontaine, passer au cimetière, ça me fait un peu revenir dans le passé", confie le frère aîné. "J'ai envie de continuer la vie de Victorine en étant joyeux. Je n'ai pas envie d’être triste, j’ai envie d’avancer."
"Nous sommes désormais une famille dévastée par la douleur de ton absence au quotidien", confirme Sylvie, la mère. "Mon titi, tu as fait l’émoi depuis ta disparition. Merci d’avoir été là pour nous et avec nous. Chaque jour, je viens me recueillir au cimetière. Je te raconte ce qu’on vit à la maison sans ton rire, sans tes 'je t’aime mamounette'", glisse-t-elle quelques instants avant d'achever sa déposition et de regarder fixement Ludovic Bertin qui a levé les yeux l'espace d'un instant.
L'accusé, la tête penchée et le regard baissé, n'a pas réagi aux témoignages de la famille Dartois. L'audience reprendra lundi avec les témoignages d'amis de Ludovic Bertin ayant reçu ses confidences après la mort de Victorine. S'il reconnaît le meurtre, le jeune homme nie la tentative de viol.