Les producteurs doivent, depuis le 1er juillet, préciser sur l'étiquette le nom des pays d’origine pour les miels conditionnés en France. Une nouvelle réglementation qui ne satisfait qu'à moitié les apiculteurs isérois puisqu'elle ne s'applique pas aux produits fabriqués à l'étranger.
Un large éventail de miels vendus en vrac. C'est la spécialité d'une boutique implantée depuis une centaine d'années à Grenoble. De génération en génération, ses gérants mettent le miel artisanal à l’honneur. Qu’il vienne de France ou d’ailleurs, sa provenance est dûment identifiée.
"Les Français ont envie de manger des produits français, voire régionaux. Ils y sont très attachés. Et pour les miels qui viennent de l'étranger, ils sont attachés à connaître leur provenance", remarque Laure Guiboud, gérante de la boutique A l'Abeille d'or.
Un décret entré en vigueur le 1er juillet oblige désormais les producteurs à indiquer sur une étiquette le nom des pays d’origine pour les miels conditionnés en France. Il s’agit avant tout de mélanges industriels vendus dans la grande distribution, provenant de Roumanie, d’Argentine ou encore du Mexique.
L'objectif est d'apporter plus d'équité pour les apiculteurs français, notamment de la région Auvergne-Rhône-Alpes, grande productrice. "Les miels ont des goûts qui varient beaucoup suivant la région, l'altitude, l'origine des fleurs. Je pense que c'est intéressant de savoir d'où ça vient", estime une cliente.
Avancée en demi-teinte
Les apiculteurs, eux aussi, se réjouissent de cette avancée. Ils la demandaient depuis des années pour défendre la production locale et l’information du consommateur. Mais cette nouvelle réglementation ne s’applique pas aux miels conditionnés hors de France, ce que déplorent les professionnels du secteur.
"Les conditionneurs peuvent très bien fabriquer des miels de différentes provenances hors de France et indiquer simplement que le miel est originaire de l'Union européenne, ou hors de l'UE", explique Pierre Ostier, apiculteur et membre du syndicat des professionnels en Isère, premier territoire apicole de France.
Les apiculteurs français se battent sur deux fronts. D'abord pour promouvoir la production locale alors que 70 % du miel consommé en France est importé de l'étranger. Mais aussi contre les miels de mauvaise qualité puisqu'il s'agit de l’un des aliments les plus trafiqués.
"Il y a beaucoup d'importations et, parmi elles, il y a des miels qui peuvent être trafiqués frauduleusement. Des importateurs peuvent les édulcorer avec des sucres", ajoute Patrick Marcireau, apiculteur membre du syndicat L'Abeille dauphinoise. Les apiculteurs devront encore batailler pour faire avancer la réglementation européenne en la matière. Et les consommateurs garder les deux yeux sur les étiquettes.