Depuis 2020, une association accueille des personnes en situation de handicap mental dans une ferme à Gillonay, en Isère. Ils y effectuent des travaux agricoles pour entretenir la terre et s'occuper des animaux.
Les visages affichent de grands sourires dans la ferme Avenir du Bercail à Gillonay. Chacun sa mission : ramasser les œufs, nourrir les poules et les cochons, faire des travaux de jardinage... Dans cette ferme de l'Isère, l'association le Bercail Paysan accueille des personnes en situation de handicap mental.
En tout, comme Simon, Kevin, Yann et Mathéo, ils sont une vingtaine à participer chaque semaine aux travaux divers et variés de la ferme, encadrés par des éducateurs. L'objectif ? S'épanouir au contact des animaux, développer son autonomie et se faire plaisir. C'est aujourd'hui un projet assez unique en France qui mélange une exploitation agricole et l'accueil de personnes handicapées.
"Faire des activités concrètes"
Simon, un jeune handicapé, range avec soin les œufs dans des barquettes avec un autre camarade. Il s'exclame : "Il ne faut surtout pas casser la coquille. Il ne faut pas que ça fasse une omelette !" Pour l'association Bercail Paysan, ce projet est parti d'un constat. Martine Croisier, membre de l'association et mère d'un jeune en situation de handicap mental, s'est rendu compte que les animaux de la ferme constituaient un véritable attrait, lorsque son fils a effectué un stage dans un élevage de volailles.
"Ici, ils font des activités concrètes, qui ont un sens et qui sont accessibles pour eux, explique-t-elle. Même s'il n'y a pas d'objectif de résultats, ils sont dans une vraie ferme de production. "
Les bénévoles de l'association et l'agriculteur Romain Poureau, propriétaire de la ferme, partagent des valeurs communes. Des valeurs qui s'étendent aussi aux clients de la ferme. Il atteste : "Les gens qui viennent acheter les produits font indirectement aussi un acte de consommateurs engagés. Cela crée un tout, qui fait que je me suis développé plus vite que si j'avais été isolé."
Des résultats positifs et notables
Ce projet mis en place en 2020 porte déjà ses fruits. Bénévoles et familles notent plusieurs évolutions positives chez les jeunes. "Ils font des choses que les familles n’envisageaient pas leur proposer, déclare Martine Croisier. Par exemple, ils sont amenés à faire des travaux de bricolage. Ici, ils peuvent parfois manipuler des perceuses, des outils qu'on aurait jamais mis dans leurs mains auparavant."
Certains, qui n'avaient pas l'habitude de parler en dehors de chez eux, expliquent maintenant ce qu'ils font à la ferme, à leurs voisins et à un entourage plus large.
Notre objectif, c'est qu'ils soient heureux de faire ce qu'ils font à la ferme !
Martine CroisierMembre de l'association "Le Bercail Paysan"
Elle ajoute : " L'autre jour, j'ai vu une jeune fille qui a l'habitude de venir chez nous qui m'a dit qu'elle avait passé une excellente journée. Cette réponse, ça vaut toutes les heures de bénévolat qu'on effectue".
Mais ce projet a aussi un impact positif pour l'agriculture, selon Raymond Riban. Il détaille : "Cette expérience redonne un caractère social à l'agriculture. Avant, il y avait dans la paysannerie plein de personnes qui occupaient des petits boulots et l'agriculteur aidait à faire vivre ces gens-là. Il leur donnait un sens dans la société."
L'association du Bercail paysan va encore évoluer. Limitée à un accueil de jour pour l’instant, elle va proposer un habitat partagé inclusif pour huit personnes. Ouverture prévue de ce projet de maison en 2025.