Le Sénat a adopté lundi une proposition de loi permettant le déploiement de RER métropolitains dans au moins dix grandes villes, dont Grenoble. Le scepticisme demeure toutefois face au coût de ces projets estimé entre 15 et 20 milliards d'euros.
Le projet des RER métropolitains validé par le parlement. Après l'Assemblée nationale mi-juin, le Sénat s'est positionné très largement à main levée, lundi 23 octobre, en faveur de la proposition de loi permettant le déploiement de ces "services express régionaux métropolitains" (Serm), l'équivalent des RER en Ile-de-France.
Cette promesse d'Emmanuel Macron peine toutefois à convaincre devant le coût des projets. Le gouvernement a annoncé, en septembre, y allouer une enveloppe immédiate de 700 à 800 millions d'euros pour lancer "13 projets", dont celui du "RER à la grenobloise", doté de trois lignes, qui doit voir le jour entre 2025 et 2035.
Tous les jours, 3 millions de déplacements sont effectués dans l’aire grenobloise, dont 85 % en voiture. Avec ce projet de trains régionaux cadencés toutes les demi-heures, voire tous les quarts d'heure, les élus du territoire espèrent atteindre 80 % de fréquentation supplémentaire sur l’étoile ferroviaire.
Devant les sénateurs, le ministre des Transports Clément Beaune a donné plus de précisions sur le financement de ces RER, évoquant "767 millions d'euros en entrée de discussion avec les régions", dans le cadre des contrats de plan Etat-régions.
Une étape majeure franchie au @Senat !
— Clement Beaune (@CBeaune) October 23, 2023
Le texte de loi sur les « RER métropolitains » est voté, avec un large soutien transpartisan !
Merci @PhilippeTabarot @jmzulesi pour votre engagement.
Ce sera ➕ de transports publics pour les Français qui vivent loin des centres-villes. pic.twitter.com/VCKv1Nryh7
"La grande inconnue" du financement
La plupart des bancs ont toutefois fait part de leur scepticisme, alors que le coût total des Serm est estimé entre 15 et 20 milliards d'euros par le conseil d'orientation des infrastructures. Rien que pour le projet grenoblois, le président de la Métropole Christophe Ferrari (divers gauche) annonçait un coût total d'un milliard d'euros.
"Nous avons un devoir de vigilance. Il ne faut pas promettre de miracles sans pouvoir les financer", a grincé le sénateur Franck Dhersin (groupe centriste). "Le modèle économique et financier des Serm reste la grande inconnue", a renchéri le rapporteur Philippe Tabarot (Les Républicains).
Le ministre a tenté de rassurer le Sénat : les 767 millions ne sont "pas un financement exhaustif et définitif", a-t-il promis, demandant néanmoins aux régions de mobiliser "une somme analogue". Alors que les contrats de plan Etat-régions sont toujours en négociations, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) a exprimé son désaccord avec les sommes promises par le gouvernement.
"Moi je tends la main à condition que notre région soit respectée. Ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est 7 % de l’enveloppe nationale alors qu’on représente 13 % de la population française. (...) L’État doit mettre en concordance ses mots et ses actions", a-t-il déclaré dans un entretien accordé vendredi au Dauphiné Libéré.
Une conférence nationale de financement en 2024
Le compte n'y est pas non plus pour les élus locaux. L'enveloppe annoncée par le gouvernement offrirait "de quoi payer les études nécessaires grosso modo, pas les travaux", ont regretté dans un communiqué commun quatre élus, dont Christophe Ferrari. "C'est édifiant, consternant, désespérant et, malheureusement, dans la continuité de nombreuses années d'incurie pour le ferroviaire", dénoncent-ils.
"L'Etat sera au rendez-vous, il faudra que les collectivités le soient aussi", a lancé Clément Beaune face à des parlementaires qui peinent à voir venir dans leurs territoires la "nouvelle donne ferroviaire" de 100 milliards d'euros d'ici 2040 promise par la Première ministre Élisabeth Borne.
Pour obtenir des garanties, les sénateurs ont voté la tenue d'une conférence nationale de financement d'ici le 30 juin 2024. Ils ont également modifié en partie le texte, en élargissant la définition des services express régionaux métropolitains à des alternatives au ferroviaire. Elle englobe désormais des services de cars express, les réseaux cyclables ou encore le covoiturage et l'autopartage.