Des scientifiques grenoblois dans une zone inexplorée de l'Antarctique pour mieux prévoir la montée des mers

Des scientifiques français et italiens, dont certains sont originaires de Grenoble, explorent en ce moment des zones arides et jamais étudiées de l'Antarctique. L'objectif est de mieux anticiper les effets du réchauffement climatique.

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La fonte de la calotte glaciaire de l'Antarctique pourrait-elle être compensée par une hausse des précipitations neigeuses ? Une expédition scientifique est partie explorer des zones vierges du plateau du continent blanc afin de tenter de répondre à cette question, cruciale pour prévoir la montée du niveau des mers.

Ce raid franco-italien est composé de scientifiques originaires notamment de Grenoble. Durant plus d'un mois, ils ont parcouru, par des températures "estivales" de -25 à -45°C, 1 300 kilomètres à travers les terres inexplorées du centre de l'Antarctique.

Les scientifiques y ont collecté six tonnes de glace et des centaines d'échantillons de neige, ont-ils raconté, tout juste de retour à la station de Concordia, lors d'une conférence de presse en duplex avec le CNRS, jeudi à Paris.  Le raid "EAIIST" (East Antarctic International Ice Sheet Traverse) avait pour cible une région située à mi-chemin entre la station Concordia, l'une des trois stations permanentes de recherche de l'Antarctique, et le pôle Sud.
 
Ces zones très arides, faites notamment d'ondulations appelées "mégadunes", n'avaient jamais été étudiées. "Aujourd'hui nous avons des données sur le pourtour de la calotte de glace, notamment sur la côte. Mais sur l'intérieur du continent, nous en avons très peu", a expliqué Jérôme Chappellaz, directeur de l'Institut polaire français.

L'objectif premier de la mission est de mesurer "comment les précipitations de neige y évoluent au cours du temps", a détaillé Joël Savarino, directeur de recherche CNRS à l'Institut des géosciences de l'environnement (IGE) de Grenoble. Outre les prélèvements, qui seront analysés dans les mois qui viennent, les scientifiques ont installé des instruments autonomes permettant un enregistrement continu des données (météo, GPS et sismiques).
 


 

Quel devenir pour le continent blanc ?


L'hypothèse, qui reste à vérifier, serait que le réchauffement climatique, en augmentant l'évaporation, intensifie les précipitations neigeuses sur le plateau antarctique. Cette accumulation de neige permettrait de compenser la perte de masse observée sur les côtes de l'Antarctique, où la calotte fond. 

Et si la perte de masse de la calotte est atténuée, la montée des océans serait alors ralentie. "Si on s'inscrit dans un scénario optimiste d'une hausse du niveau des mers de 20 cm d'ici à 2100, cela pourrait être réduit d'environ 7 cm par l'accumulation de la neige sur le continent", prédit Vincent Favier, physicien à l'IGE.
 

Le devenir du continent blanc, grand comme 25 fois la France, est l'une des grandes incertitudes pour évaluer la hausse du niveau marin, et sa capacité à accumuler de la neige ou pas est cruciale. "Contrairement au Groenland, dont la fonte est à peu près prévisible et linéaire, l'Antarctique est un continent très instable, et c'est ce qui fait peur aux scientifiques", analyse Joël Savarino.

 
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