Au lendemain de l'incendie qui a détruit un îlot commercial à Meylan, les propriétaires des huit boutiques et des restaurants constatent, impuissants, l'étendue des dégâts. Le patron du Taravo s'inquiète pour ses seize salariés et l'avenir de son affaire.
Sébastien Choudin est resté toute la nuit devant son restaurant, spectateur impuissant de l'incendie qui ravageait son établissement et tout l'îlot commercial de la Rotonde, à Meylan, dans l'est de l'agglomération grenobloise.
"Je n'arrivais pas à dormir, alors je suis revenu", dit-il. Sous ses yeux, ce samedi, les débris de son restaurant sont encore fumants. Tout a brûlé. Le bâtiment en rond de 2000 mètres carrés s'est transformé en brasier géant.
"On a fini le service à 14h30, et on a commencé à voir une petite fumée du côté du local à poubelles. Après quelques minutes, une de mes employées, à bon escient, a pris l'initiative d'appeler les pompiers", raconte le patron du Taravo.
Rien n'a pu être sauvé
"On a vu de la fumée s'échapper avant 15 heures. A ce moment-là, on a fait partir les clients, on est sortis, on n'a pas pris d'affaires parce qu'on nous a dit que ce n'était rien mais qu'on évacuait par sécurité", continue-t-il.
Il n'a donc rien pris de sa caisse, de ses stocks, de ses effets personnels.
"Le vent a favorisé l'accélération du feu, on a une charpente tout en bois donc ça a pris et vers 17h-17h30 l'ensemble du bâtiment était en feu. J'ai tout perdu en l'espace de deux heures", dit-il, toujours incrédule.
80 pompiers ont été mobilisés ce vendredi 21 juillet et jusque dans la nuit pour venir à bout de l'incendie. Mais le feu a été particulièrement difficile à maîtriser et l'intervention éprouvante pour les professionnels du SDIS de l'Isère. Un immense nuage de fumée noire s'est échappé de la structure pendant de nombreuses heures. Le feu a ravagé d'abord la toiture, puis l'ensemble de la structure. Le bâtiment était en travaux et il semble que la piste accidentelle soit privilégiée. L'échafaudage autour de l'îlot commercial a ralenti la progression des pompiers qui n'ont finalement pas réussi à sauver le bâtiment. Ce samedi matin, un arrêté de mise en péril a été pris par le maire de Meylan, en raison du risque d'effondrement.
L'avenir de ses seize salariés en jeu
Environ quarante personnes travaillaient dans ce petit centre commercial : des employés de banques, de compagnies d'assurances, d'agence immobilière, d'opticien et de restaurants.
C'est un coup de massue pour Sébastien Choudin qui avait repris cette affaire, il y a deux ans.
"Moi je suis tout petit, je suis tout seul, j'ai 16 salariés. Je n'ai toujours pas d'explications. Lundi matin, j'ai rendez-vous avec mon assureur, avec mon comptable et on verra ce qu'il y a lieu de faire, comment on peut reclasser toute mon équipe. C'est compliqué dans la restauration, on vit des années compliquées", commente-t-il.
"Sortir du mieux que l'on peut de cette crise"
"Aujourd'hui, je suis un peu livré à moi-même, je suis dans l'ignorance complète. J'ai mon chef de cuisine qui est démoralisé, il m'a envoyé des messages, il a fait 22 ans dans cette affaire. Ma priorité c'est mon personnel, j'ai seize personnes qui m'épaulent. Mon but c'est de voir comment on va aborder l'avenir", poursuit-il.
"J'ai la force et l'envie de repartir, de rebondir, mais ça ne va pas être évident. C'est énormément d'argent, j'ai emprunté à grande échelle, j'ai investi mon temps, mon énergie, j'ai embarqué beaucoup de monde et maintenant mon rôle, c'est de faire en sorte qu'on sorte du mieux que l'on peut de cette crise", affirme le patron du restaurant.
La mairie va tenter d'aider les commerçants comme elle le peut, en identifiant, par exemple, des locaux vides qui pourraient héberger rapidement leurs activités.