Alors que le bilan s'alourdit encore en Haïti, SOS Attitude, basée à Grenoble, spécialisée dans l'abri d'urgence, a décidé d'envoyer ce lundi 16 août un premier lot d'une centaine de tentes, et du matériel, dans ce pays meurtri qu'elle connaît bien pour y être déjà intervenue en 2010 et en 2014.
SOS Attitude connaît bien ce pays, pour y être déjà intervenue lors du précédent tremblement de terre, en 2010, mais aussi 4 ans plus tard, lors de l'ouragan Matthew. Le matériel qu'elle se prépare à envoyer sera réceptionné sur place, par ses contacts locaux et les associations avec lesquelles elle a noué des contacts étroits depuis de longues années.
"Ce sont des associations locales, fiables, qui connaissent bien le terrain, et qui sont dignes de confiance. On sait que le matériel qu'on envoie arrivera au bon endroit, et à bon escient. Ils connaissent les autorités, les lieux, et les habitudes", explique Michel Coatriné, bénévole à SOS Attitude.
Un accès compliqué par les gangs et l'insécurité
Les organisations humanitaires sur place évoquent en effet "des défis de sécurité : le sud de la ville de Port-au-Prince est contrôlé par des groupes armés qui bloquent les routes et compliquent le passage" . Elles ont lancé un plaidoyer pour un corridor humanitaire et le premier convoi n'a pu passer que dimanche. Il n'est pas certain que ce couloir humanitaire puisse être en place en permanence.
La situation là-bas est apocalyptique : "On estime à près d'1,2 million le nombre de personnes affectées par ce tremblement de terre, dont 540 000 enfants", affirme sur Franceinfo Bruno Maes, représentant d’Unicef en Haïti. Le bilan du séisme s'alourdit de jour en jour avec plus de 1 300 morts et des dizaines de milliers de personnes sans abri.
Le séisme de magnitude 7,2 a surtout frappé la région sud d'Haïti, les Nippes et la Grand'Anse. 7 000 maisons sont complètement détruites et 4 800 autres sont endommagées. Sans compter un certain nombre de ponts et d'infrastructures scolaires et médicales, hôpitaux et centres de santé, qui ont été partiellement détruits. L'urgence est actuellement médicale avec plus de 2 800 blessés.
La crise politique causée par l'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, s'ajoute à l'urgence médicale : "On a eu des équipes bloquées à la sortie de Port-au-Prince pour rallier l'épicentre du tremblement de terre. La prise en compte de cette insécurité nous amène à ralentir et à négocier les accès sur les différents endroits", explique le responsable des Urgences de MSF. "Des centres ont été fermés à Martissant à cause de cette insécurité. La situation est extrêmement tendue à Port-au-Prince depuis des semaines".
Une course contre la montre
C'est l'une des raisons pour lesquelles SOS Attitude a fait le choix, pour l'instant, de ne pas envoyer d'équipe sur place, d'autant que la tempête tropicale annoncée risque aussi de compliquer la situation : "La tempête tropicale risque de clouer les hélicoptères au sol et de retarder le déploiement des secours".
Sur place, MSF essaie de répondre aux premiers besoins de la population : "avoir un abri, avoir des couvertures, avoir de l'eau", précise Michel Lacharité. Les équipes ont une visibilité à Les Cayes, à Jérémie, à Nippes, "mais toutes les communes mitoyennes de ces grandes villes restent bloquées et difficiles d'accès".
Dans le premier lot expédié en urgence par SOS Attitude, "une centaine de tentes, des couvertures, mais aussi des lampes solaires fournies par la Fondation Schneider Electric qui peuvent s'accrocher partout, permettent d'éclairer, avec une grande autonomie, mais aussi de recharger les outils de communication". Une centaine de tentes permet de mettre à l'abri près de mille personnes.
SOS Attitude a besoin de vous et lance un appel aux dons
Basée à Grenoble, depuis 2008, l'association est spécialisée dans l'abri d'urgence et les interventions de catastrophe, avec une spécificité : "assurer le maintien et la sécurité de la cellule familiale". Elle travaille notamment avec les Pompiers de l'Urgence Internationale, le ministère des Affaires Etrangères, et les ONG sur place. Népal, Fukushima, Equateur, Indonésie, Haiti, Bahamas, elle est déjà intervenue dans plus d'une trentaine de pays en situation de catastrophe. Tous ses membres, secouristes ou médecins, sont bénévoles.
SOS Attitude fait appel aux dons privés. Ses frais de structure sont quasi inexistants, garantie que le "maximum de fonds est consacré à l’aide humanitaire effective, c’est-à-dire à l’achat d’abris d’urgence, leur acheminement sur les zones sinistrées et leur distribution en mains propres par les équipes".
Pour rappel, les dons sont défiscalisables à hauteur de 66 %. Avec 300 euros, l'association peut par exemple acheter et acheminer une tente jusqu'au lieu du sinistre et mettre ainsi une famille à l'abri.