"Violeur à la trottinette" à Grenoble : ce que l'on sait sur le profil "surprenant" du suspect

Le suspect de 22 ans, mis en examen dans l'affaire du "violeur à la trottinette", a reconnu un viol sur les sept faits qui lui sont reprochés. Il explique notamment son acte par "sa consommation d'alcool". Des expertises doivent être menées afin de mieux cerner sa personnalité.

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"La justice fera le maximum pour envoyer (le mis en cause) devant une cour d’assises." Le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, a fait le point ce lundi 8 avril sur les derniers développements de l'enquête dans l'affaire du "violeur à la trottinette".

Un homme de 22 ans, originaire de Fontaine, dans l'agglomération grenobloise, a été mis en examen ce dimanche pour sept faits dont deux viols et une tentative de viol. Au cours de sa garde à vue, il "a reconnu un seul fait de viol pour lequel il est confondu par son ADN, mais pas les six autres faits que nous lui reprochons", a fait savoir le procureur. Voici ce que l'on sait sur les investigations qui ont abouti à l'arrestation du suspect.

Une série de viols et d'agressions sexuelles

Le suspect a été mis en examen pour sept faits commis entre le 8 février et le 16 mars 2024 : deux viols, une tentative de viol, une tentative d’agression sexuelle, une tentative d’extorsion et deux faits de violence. Il encourt jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle mais la peine pourrait passer "à 20 ans de réclusion criminelle si, à la fin de l’instruction, le caractère sériel des viols peut être établi, puisque c’est une circonstance aggravante d’avoir commis une série de viols", a précisé le procureur.

"La justice fera le maximum pour l’envoyer devant une cour d’assises", a également assuré M. Vaillant. Outre le viol reconnu par le mis en cause, pour lequel il a été confondu par son ADN, "l’enquête se poursuit" sur les autres faits "pour savoir si nous pourrons ou non, in fine, lui reprocher l’ensemble des faits dont le parquet a saisi la juge d’instruction", selon le procureur.

"Il va être amené à s’expliquer le moment venu. Il me parait, à ce stade du dossier (...), très prématuré de décréter que ce serait un violeur ou un agresseur sexuel en série", a tempéré l'avocat du mis en cause, Me Arnaud Lévy-Soussan. Le viol reconnu par le suspect est "quand même la preuve qu’il est capable d’assumer la partie la plus grave de son comportement", estime son avocat, selon qui les rapprochements avec d'autres infractions ont pu être effectués "de façon peut-être hâtive et approximative."

Un suspect au profil "surprenant"

Le jeune homme de 22 ans, "plutôt bien inséré", présente "un profil surprenant, ce qui va justifier que la juge d’instruction ordonne des expertises psychologiques et psychiatriques pour que l’on cerne mieux sa personnalité", a expliqué M. Vaillant. Le jeune homme n'a jamais été incarcéré auparavant. "Il avait déjà été entendu sur deux ou trois faits quand il était mineur mais il n’avait pas été, à cette occasion, placé en garde à vue", a également indiqué le magistrat.

Le suspect a été confondu grâce au modèle de sa trottinette qui a permis aux enquêteurs de remonter jusqu'à son ancien employeur. Ce dernier "a reconnu" le jeune homme, auparavant employé dans un magasin de trottinettes.

"C’est un garçon qui était parfaitement inséré. Il a 22 ans, une petite amie, il a toujours eu une activité professionnelle et il a un profil qui ne correspond pas aux infractions qu’on lui reproche", a souligné Me Lévy-Soussan. "L’explication qu’il donne, pour le moment, est liée à sa consommation d’alcool. Il est évident qu’on ne pourra pas se contenter de cette explication et que les choses sont plus compliquées. Il faut que lui-même soit capable de comprendre ce qui a pu se passer dans sa tête pour en arriver là."

Les expertises psychologiques et psychiatriques seront déterminantes pour comprendre si on a affaire à quelqu’un qui a une pathologie mentale, si c’est une personne qui a une paraphilie ou si c’est une personne qui a été influencée ou dépassée de par sa consommation d’alcool.

Me Arnaud Lévy-Soussan, avocat du mis en cause

Le jeune homme a exprimé "ses regrets" envers la victime du viol qu'il a reconnu. "C’est un premier pas qui a été effectué et je pense que d’une manière, il est soulagé de savoir qu’il peut désormais s’expliquer, qu’il n’est plus recherché et même si la prison est difficile pour lui, je pense qu’il a déjà fait un premier pas sur la reconnaissance de sa culpabilité", a poursuivi son avocat à l'issue de la conférence de presse.

"Le moment venu, la juge fera les investigations pour comprendre (...) ce qu’il a pu traverser pour commettre le ou les faits qui vont lui être reprochés, complète Me Lévy-Soussan. Les expertises psychologiques et psychiatriques seront également déterminantes pour comprendre si on a affaire à quelqu’un qui a une pathologie mentale, si c’est une personne qui a une paraphilie [une pratique sexuelle qui diffère des actes considérés comme normaux, NDLR] ou si c’est une personne qui a été influencée ou dépassée de par sa consommation d’alcool."

Le profil ADN au coeur de l'enquête

Une quarantaine de policiers ont été mobilisés sur ces investigations au sein d'une cellule spéciale. L’enquête a mobilisé de nombreux effectifs, y compris sur la voie publique. "A un moment où il y avait un traumatisme au sein de la population, beaucoup de services de police et d’enquête ont été mobilisés, de jour comme de nuit, sur Grenoble afin d’assurer la sécurité des Grenobloises et des Grenoblois", a relaté Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la police nationale de l'Isère.

"Ce travail fut de longue haleine mais rapide également parce qu’entre le moment où les faits sériels ont été constatés et l’interpellation, il s’est passé peu de temps (…) quand on parle d’une enquête de ce type", a-t-il également salué.

A un moment où il y avait un traumatisme au sein de la population, beaucoup de services de police et d’enquête ont été mobilisés, de jour comme de nuit, sur Grenoble.

Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la police nationale de l'Isère

La cellule d'enquête dédiée à cette affaire a œuvré autour de quatre axes pour tenter d'identifier l'auteur. "D’abord, l’ADN qui avait pu être récupéré lors d’un fait de viol", a détaillé Jordan Courby, commandant de police. "Pour autant, ce profil génétique n’a pas pu faire l’objet d’un rapprochement au niveau de nos bases de données", a rappelé Alexandra Boullier, cheffe de service départemental de la police technique et scientifique.

Cet élément a toutefois ouvert de nouvelles voies d'investigation, permettant notamment d'établir "un portrait-robot génétique et une recherche en parentalité qui ont pu resserrer considérablement le nombre de suspects et orienter les enquêteurs pour affiner leurs recherches", a précisé Mme Boullier.

Un autre volet était dédié à la téléphonie avec "un gros travail de recoupement qui a été mis en place sur l’ensemble des faits pour essayer de confondre un numéro de téléphone, et cela a permis notamment d’avancer sur un profil."

Les enquêteurs sont également parvenus à extraire une vidéo issue "des systèmes de vidéoprotection de l’agglomération grenobloise", permettant d'identifier un type de trottinette et ainsi de "resserrer l’étau" autour d'un suspect, d'après Jordan Courby. Les "nombreux signalements" adressés aux enquêteurs ont eux aussi contribué à déterminer le profil du mis en cause.

De nouvelles plaintes versées au dossier ?

Depuis la médiatisation de l'affaire, plusieurs femmes ont pris la parole, se disant elles aussi victimes de cet "homme à la trottinette". Parmi elles, Julie*, dont France 3 Alpes a recueilli le témoignage, a porté plainte le 4 avril après l'agression qu'elle a subi dans la nuit du 16 au 17 décembre 2023.

"Il y a d’autres plaintes de victimes, certaines dont je n’ai connaissance que par la presse. On va les examiner pour voir si on va les ajouter à l’instruction en cours ou pas", a répondu le procureur de Grenoble en évoquant notamment une plainte "très récente" qui va être étudiée par les enquêteurs.

Elodie* a elle aussi livré son témoignage à France 3 Alpes ce samedi, près de deux ans après avoir déposé plainte contre X en juillet 2022 pour agression sexuelle. La jeune femme, aujourd'hui âgée de 24 ans, a reconnu dans le témoignage de victimes le mode opératoire de son agresseur. "J'en suis sûre et certaine, c'est la même personne", assure-t-elle.

Interrogé sur cette affaire, M. Vaillant n'était pas en mesure de confirmer que la plainte allait être jointe au dossier. "Elle va nous arriver sans aucun doute mais pour l’instant, je ne l’ai pas encore sur mon bureau", a-t-il répondu.

"Je pense que, le moment venu, après un examen rigoureux de l’ensemble de ce dossier, il y aura peut-être, je dis bien ‘peut-être’ un tri qui sera effectué sur toutes les infractions qui lui sont reprochées", estime pour sa part l'avocat du suspect, rappelant que ce dernier demeure "présumé innocent pour l’intégralité des faits".

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