Le projet de construction d'un télésiège reliant le col de Porte au Charmant Som, en Isère, soulève les craintes d'élus locaux et de certains habitants, s'inquiétant de l'impact écologique sur ce milieu protégé. Le président du Smmag, à l'origine du projet, évoque une solution pour limiter la surfréquentation.
Et s'il était possible de rejoindre le pied du Charmant Som en télésiège ? L'idée a été émise par le président du Syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise (Smmag), Sylvain Laval, qui y voit une solution pour limiter la présence de voitures en été autour de cet itinéraire de randonnée très prisé dans le massif de la Chartreuse.
Si ce projet était lancé, l’installation pourrait relier le col de Porte, sur la commune de Sarcenas (Isère), et l'oratoire d'Orgeval, au pied du Charmant Som. Un site dont l'accès se fait actuellement par une route exiguë, dont le parking est régulièrement pris d'assaut par les voitures à l'arrivée des beaux jours.
"L’été, c’est un désastre d'avoir toutes ces voitures là-haut. Je pense que pour les gens qui aiment le Charmant Som et qui veulent lui redonner sa tranquillité, il n'y a pas d'alternative à ce projet de télésiège, à moins d'interdire aux gens d'y aller. On ferme la route et ne peuvent y aller que ceux qui sont capables de monter à vélo", estime Didier Bic, propriétaire du restaurant des Trois sommets et opérateur de la station du Col de Porte, qui parle d'un "projet global" d'aménagement du site.
Outre la création de cette remontée mécanique, un ancien télésiège hors d'usage, situé en contrebas, serait démonté ainsi que deux téléskis implantés du côté de Chamechaude, ce qui rendrait cette montagne "vierge de remontées mécaniques", vante encore Didier Bic.
La biodiversité menacée ?
Mais le maire de Sarcenas s’inquiète des conséquences écologiques du projet. "Offrir un nouveau moyen de se rendre, l'hiver, sur le site du Charmant Som peut poser des problématiques de surfréquentation pour la faune, de l'érosion, etc. Donc emmener, par exemple, 500 personnes par jour sur le site tout au long de l'année peut créer des problématiques sur un milieu qui est déjà fragile, qui est classé Natura 2000", craint Sylvain Duloutre, reconnaissant qu'il existe des "problèmes de mobilité" autour de ce site.
Certains habitants du secteur émettent également des réserves. Les opposants au télésiège ont monté un collectif et lancé une pétition en ligne, dénonçant un projet "à contre-temps des enjeux actuels et futurs". Ils militent pour la mise en place de solutions alternatives afin de limiter l'impact paysager et environnemental que provoquerait, selon eux, une telle installation.
"Il y a déjà eu des tests qui ont été faits par la Métropole [de Grenoble, NDLR] et par le parc de la Chartreuse avec des navettes qu'on pourrait prendre depuis le col de Porte jusqu'au pied du Charmant Som sur les périodes où le site est le plus fréquenté", cite Vincent Martin, membre du collectif des Amoureux du Charmant Som.
Des études lancées
Le président du Smmag Sylvain Laval, à l'origine de cette idée, évoque une réflexion en cours mais pas de projet concret. Il s'agit, pour l'opérateur des transports en commun de la métropole grenobloise, de limiter la dégradation du milieu naturel face à son importante fréquentation. Ce qui pourrait passer par la fermeture de la route menant au pied du Charmant Som.
L'idée n'est pas d'arriver au sommet du Charmant Som ou au niveau de l'auberge, mais bien de s'arrêter en amont, à l’entrée de la prairie, qui n'est pas une zone sous protection.
Sylvain Laval, président du Smmag
"C'est l'objectif à terme, mais pour pouvoir fermer la route, il faut proposer une alternative", expose Sylvain Laval. Une étude de faisabilité va être lancée pour déterminer l'impact potentiel de la construction du télésiège, dont le coût n'a pas encore été estimé.
"Évidemment, on respecte toujours la réglementation. Personne ne va remettre en cause un milieu protégé. L'idée n'est pas d'arriver au sommet du Charmant Som ou au niveau de l'auberge, mais bien de s'arrêter en amont, à l’entrée de la prairie, qui n'est pas une zone sous protection", assure-t-il. Il faudra attendre environ un an avant de connaître les conclusions de l'étude de faisabilité. Un rapport qui pourrait conditionner la réalisation, ou non, du télésiège du Charmant Som.