Municipales 2020 : Repentin à Chambéry, Astorg à Annecy... Les surprises du 2nd tour dans les Alpes

Le second tour des municipales a réservé son lot de surprise en Isère, Savoie et Haute-Savoie. Quelles sont les grandes bascules à retenir ? Les grandes lignes qui se dégagent ? France 3 Alpes fait le point.

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A gauche, au centre ou en vert, quelques villes ont créé la surprise au soir du second tour des élections municipales dans les Alpes du nord. Des bascules inattendues se sont produites, notamment à Chambéry et Annecy, dimanche 28 juin.

Tendances, abstention, poussée écologiste... Que faut-il retenir du scrutin en Isère, Savoie et Haute-Savoie ? France 3 Alpes fait le point.

 

Bascule "historique" à Annecy


C'était un bastion du centre droit depuis plus de 60 ans. La capitale haut-savoyarde est tombée aux mains de la liste gauche-écologiste menée par François Astorg ce dimanche. Il arrive en tête du scrutin avec 27 voix d'avance sur le maire sortant Jean-Luc Rigaut (UDI).

"27 voix sur 80 000 électeurs, ça veut dire que 70% de personnes ne sont pas venues voter à Annecy. C'est encore beaucoup pour ce deuxième tour", a réagi Jean-Luc Rigaut à l'annonce de sa défaite. L'édile a passé treize ans à la tête d'Annecy.

Pour le nouveau maire François Astorg, cette élection marque la victoire d'une stratégie qui "fait passer le projet avant les personnes, dès le départ (...) J’ai été élu par un parlement de plus de 100 personnes, je n’étais pas un candidat autoproclamé".
 

Dans l'entre-deux tours, la liste de François Astorg (Réveillons Annecy !) a fusionné avec celle de la députée LREM Frédérique Lardet (Annecy Respire). Celle qui va briguer la présidence de l'agglomération annécienne ne cache pas sa joie : "C'est historique. C'est la première fois qu'une telle alliance se produit, l'alliance de l'écologie et de l'économie. On dépasse les clivages politiques pour un projet de convergence".
 
"Je crois qu'au bout d'un moment, les systèmes se sclérosent. Quand on répète toujours la même chose, les gens s'en lassent et je pense que l'équipe en place n'a pas pris la mesure des changements qui arrivaient. Ils ont continué une politique qui ne visait que le tout économique et qui ne prenait pas assez soin de l'environnement et de la société", a jugé le nouveau maire d'Annecy, François Astorg.

 

Chambéry (re)penche à gauche


Comme à Annecy, l'union a fait la force pour la gauche dans la métropole savoyarde. "Je crois qu'on est dans le sens de l'histoire", s'est réjoui Thierry Repentin (DVG), élu maire de Chambéry ce dimanche avec 52,71% des voix. L'ancien ministre de François Hollande a ramené la ville sous pavillon socialiste après la victoire de Michel Dantin (LR) en 2014.

Une victoire qu'il doit - notamment - à son alliance avec la candidate "société civile" et soutenue par les écologistes, Aurélie Le Meur. Ensemble, le socialiste de 57 ans et sa première adjointe comptent "faire de Chambéry une ville où les gens vivent bien, où nous retravaillons complètement les questions de transports, de développement durable, mais surtout reconstruire un lien avec les Chambériennes et Chambériens, un lien qui s'était distendu", a ajouté M. Repentin.
 

Avec cette bascule, les trois plus grandes villes des Alpes du nord - Grenoble, Annecy et Chambéry - sont désormais dans l'escarcelle de la gauche écologiste. "J'ai le sentiment que le sillon alpin va pouvoir se développer différemment et sans doute avec une vraie conviction de développement du territoire", a encore confié le nouveau maire de Chambéry.
 
Un retour à gauche au niveau municipale qui s'annonce compliqué à concrétiser à l'échelle de l'agglomération. Si Barberaz, Les Déserts ou La Ravoire penchent également à gauche, nombre de communes du Grand Chambéry restent ancrées à droite. "Nous avons indiqué durant la campagne que nous serions très vigilants sur ce qui se passerait à l'agglo car nous savons que les clés du succès sur l'évolution des politiques municipales à Chambéry passent par l'agglomération", a confirmé Thierry Repentin à France Bleu Pays de Savoie au lendemain du scrutin.

 

A Fontaine, la fin de l'ère communiste


La ceinture rouge s'effiloche. Il ne reste plus que deux communes sous l'escarcelle communiste dans la banlieue grenobloise. Fontaine (Isère) a plébiscité, dimanche, la liste conduite par le candidat Modem Franck Longo, mettant fin à 75 ans d'ère communiste.

Le maire sortant Jean-Paul Trovéro s'était allié à Sophie Roméra (EELV, LFI) dans l'espoir de l'emporter, mais cela n'aura pas suffi. Il est arrivé loin derrière son adversaire en obtenant 38,66 % des suffrages, contre 61,33% pour M. Longo qui avait fusionné sa liste avec celle de l'ex-socialiste Laurent Thoviste dans l'entre-deux tours. Maire communiste de Fontaine depuis 2014, Jean-Paul Trovéro, 69 ans, menait une liste d'union de la gauche soutenue notamment par les écologistes.
 
La grande question qui se pose désormais est celle de la présidence de Grenoble-Alpes métropole. A noter que plusieurs villes comme Meylan, Saint-Egrève et Moirans ont, elles, basculé à gauche, rebattant les cartes à l'aube du premier conseil métropolitain. "Je n'ai aucune intention de m'inscrire dans une quelconque opposition, je ne crois pas que la métropole doit être celle d'un clan (...) Je veux participer à ce grand chantier qu'est la métropole", a indiqué Franck Longo sur le plateau de France 3 Alpes, réaffirmant son soutien à l'actuel président de la Métro, Christophe Ferrari.
 

Face à lui, le nom de Yann Mongaburu revient souvent. L'actuel président du Smmag est soutenu par le maire de Grenoble, Eric Piolle. Il est encore un peu tôt pour deviner quel candidat va l'emporter, mais une chose est sûre : les tractations ont bien commencé. 

 

Où sont les femmes ?


Abstention massive sur fond de crise sanitaire, percée écologiste, déception pour LREM... Les enseignements du scrutin dans les Alpes du nord sont similaires aux constatations nationales. Outre ces bascules, Florent Gougou, politologue et maître de conférences à Sciences Po Grenoble, relève un point "édifiant" : la place des femmes.

"On a, dans les plus grandes villes des départements alpins - les villes de plus de 9 000 habitants -, 32 maires hommes et deux maires femmes. La situation est même un peu détériorée par rapport à ce qu'elle était en 2014. On avait eu 29 hommes et cinq femmes", a-t-il déclaré sur le plateau de France 3 Alpes.

 
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