Limagrain, dont le siège social est à Saint-Beauzire, dans le Puy-de-Dôme, menace de délocaliser sa recherche à l'étranger si l'Etat n'assure pas une meilleure sécurisation de ses activités. Le semencier a subi en décembre la destruction d'une parcelle de recherche de blé par un collectif anti-OGM.
Limagrain, maison-mère du semencier Vilmorin, qui a subi en décembre la destruction d'une parcelle de recherche de blé par un collectif anti-OGM, "craint" de devoir délocaliser sa recherche hors de France, si l'Etat n'assure pas une meilleure sécurisation de ses activités.
Quelque "37 hectares de blé sont probablement totalement inutilisables, ce qui remet en cause une dizaine d'années de recherche pour nous" a déclaré mardi 16 janvier le président du groupe coopératif international, Jean-Yves Foucault, lui-même agriculteur, lors d'une rencontre avec la presse à Paris.
Le 14 décembre, 70 membres du collectif des Faucheurs volontaires d'OGM ont dispersé des semences paysannes sur une plateforme d'essais de variétés de blé du semencier français, située à Verneuil-l ‘Etang (Seine-et-Marne), près de Melun, à 50 kilomètres au sud de Paris.
Ils ont accusé Limagrain d'être "le grand promoteur des nouvelles biotechnologies OGM" et d'exercer un "puissant lobby (...) pour obtenir la déréglementation de ces nouveaux OGM".
"Nous ne pouvons que nous inscrire en faux, il n'y avait ni OGM, ni OGM cachés dans ces parcelles" a dit M. Foucault, "il s'agissait de blés on ne peut plus classiques".
Le nouveau directeur-général de Limagrain, Damien Bourgarel, a chiffré à "un million d'euros" la perte potentielle pour le groupe, qui a porté plainte.
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— Limagrain (@Limagrain) 15 décembre 2017
"Notre métier est une activité d'observation de la nature et de persévérance, il faut semer, récolter, choisir, trier les meilleures graines, les répertorier, avant de les croiser avec d'autres, et il faut plusieurs générations de tri pour arriver à une nouvelle génération de semence" a expliqué M. Foucault.
Il s'est dit "en colère" contre des "groupuscules" qui "se permettent de détruire" des années de travail avec des "arguments fallacieux".
Plein de pays sont prêts à nous accueillir
"Nous avons à maintes reprises signifié notre engagement à rester en France, mais si nous avons des répétitions de ce genre de choses, je serai le premier à conseiller de sortir la recherche du territoire national" a dit M. Foucault, "ce qui amènera à délocaliser autre chose que la recherche" a-t-il prévenu.
"Plein de pays sont prêts à nous accueillir" a-t-il ajouté.
Limagrain, qui emploie 10.000 personnes dans le monde (dont 20% travaillent dans la recherche) compte 2.000 agriculteurs adhérents, basés en Auvergne essentiellement. Il investit 14,6% de son chiffre d'affaires dans la recherche, soit 268 millions d'euros pour l'exercice terminé fin juin 2017. "C'est plus que l'industrie pharmaceutique" a souligné M. Foucault.