Témoignages. Accompagner les personnes souffrant de solitude, c'est leur offrir "un second souffle, une bouffée d'oxygène"

Publié le Écrit par Mélanie Philips

Le 23 janvier 2024 est la journée des solitudes. L'objectif est de sensibiliser afin de combattre ce fléau. Daniel est bénévole à l'association Astrée, et il est ce qu'on appelle un "accompagnant". Chaque semaine, il tient compagnie à une personne souffrant de solitude. Il nous raconte.

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Quotidiennement, près de 11 millions de personnes sont confrontées à la solitude en France. Éloignement familial ou amical, addictions, fracture numérique… autant de causes qui mènent la population à la solitude. D’autant qu’il y a d’autres motifs, moins intuitifs, qui prennent une ampleur de plus en plus importante. L’hyper-connectivité décorrélant l’individu du monde réel, l’enferme dans un cycle relationnel virtuel qui peut engendrer un accroissement des solitudes.

Entre les confinements répétés durant la période du Covid-19 et l’inflation que le pays connaît actuellement, les conditions sociales d’une partie de la population sont détériorées. Ainsi, certaines personnes font face à un phénomène d’invisibilité sociale.

Écoute active et accompagnement

Et comme vous pouvez vous en douter, cette solitude n’est pas sans conséquences sur la santé, en particulier mentale. L’antenne de l'association Astrée de Clermont-Ferrand compte douze bénévoles qui accompagnent des personnes qui souffrent de solitude. Parmi eux, Daniel, retraité de 65 ans. Chaque semaine, il passe 1 h 30 à écouter une personne de 75 ans qui vit à Moulins et qui est en rupture de lien social avec sa famille. "Elle vit seule et se sent seule. Ce qui est important, c’est l’écoute active et l’accompagnement, souligne-t-il. Nous ne sommes pas là pour s’imposer".

"Pour elle, c’est un véritable réconfort. Un lien de confiance s’est créé et elle se livre facilement. Elle parle d’elle, de sa vie et de sa famille. Elle ose me dire des choses qu’elle ne dit pas à sa fille, témoigne-t-il. Ce qui important pour elle, c’est d’avoir quelqu’un au bout du fil. Parce que quand on a plus que ça, on s’accroche à ce rendez-vous hebdomadaire."

"C'est un second souffle, une bouffée d’air et un retour de l’enthousiasme"

Entendre la détresse des personnes souffrant de solitude peut être difficile. C’est pourquoi les bénévoles de l’association Astrée sont formés et entourés.

"Quand on a une personne pendant 1h30 au téléphone, il faut se relâcher Parce que c’est très fort. Il faut être vigilant par rapport à ça, car on absorbe la détresse des gens."

Daniel, bénévole à l'association Astrée

Chaque mois, tous les bénévoles se rencontrent et discutent de leurs problématiques avec leur accompagné. Une psychologue les accompagne dans cette démarche. "C’est une démarche qui n’est pas anodine. Il ne faut pas blesser notre accompagné ni le guider dans la mauvaise direction", développe Daniel.

Daniel témoigne que cet accompagnement est "un second souffle, une bouffée d’air et un retour de l’enthousiasme". "Ces personnes sont dans la difficulté à retrouver un lien et cette solitude est hyper pesante. Alors avoir à nouveau un lien, ils se disent qu’ils ont quelqu’un à qui parler."

Sensibiliser pour combattre la solitude

Pour lutter contre cette solitude, l’association Astrée met en place différentes actions. Tout d’abord, les bénévoles sont présents sur les marchés, pour sensibiliser et être cette main tendue qu’attendent les personnes isolées. Avec d’autres associations, ils sont en train de créer un collectif pour prendre en considération ce désarroi et veulent tenter de recréer un lien pour aider ses personnes.

Daniel tient à sensibiliser la population générale sur le fait que ce ne sont pas seulement les personnes âgées qui souffrent de solitude. "Ce cliché est totalement faux. Il y a de nombreux jeunes qui sont en souffrance, insiste le bénévole. 

"Ce qui me fait rire et me désole à la fois, ce sont ces journées, la fête des mères, des grand-mères… Mais c’est toute l’année qu’il faut le faire. On n’a pas toujours conscience de leur désarroi et du mal-être qu’ils ont."

Daniel, bénévole à l'association Astrée

L'objectif est de mobiliser le public sur la nécessité de combattre les solitudes, afin de poursuivre la création de lien social, l’association Astrée organisera des actions de sensibilisation lors de la Journée des solitudes.

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