Des pièces très rares rassemblées minutieusement pendant des années par le Chef Christophe Marguin sont en vente à Paris après des mois de travail d'expertise. Au terme des enchères, 85% des menus ont été vendus pour un total de 17 000 euros.
C'est une première mondiale, une collection extraordinaire de 4 600 menus des dynasties européennes et de la présidence de la République française. À la table des Trsars, des diplomates, des rois et reines on découvre une histoire de la table, et des mets et mots qui l'accompagne. Au terme des enchères, 85% des menus ont été vendus pour un total de 17 000 euros. La pièce phare de la vente, les menus de Napoléon III, a été adjugée 2 500 euros.
Des pièces jamais révélées au public et rassemblée dans une collection unique par Christophe Marguin, le chef des Toques blanches lyonnaises. Une passion, de la gastronomie mais aussi des arts de la table dans tout ce qu'ils ont de pluriel : ils témoignent de l’évolution de la gastronomie française, mais aussi de celui des codes protocolaires ainsi que certains grands moments de l’Histoire.
"J'ai atteint le nombre miraculeux de 1000 menus, puis 2000 puis 4000. C'est une passion, j'ai mis 38 ans en commençant par acheter 5 classeurs de menus. Je suis entré dans un système de collectionneurs", c'est pourquoi le chef est heureux de savoir que certaines mises à prix partent à 15 ou 30 euros.
Dessert ET/OU fromage
Le repas lors d'une rencontre officielle est l'occasion de mettre en valeur le patrimoine, et les savoir-faire français. "Avec le temps, tout a changé. Certains repas par le passé pouvaient durer toute une journée, avec 18 étapes. Aujourd'hui le temps est limité à 45 minutes à l'Elysée pour un repas. Pour l'anecdote raconte Christophe Marguin, chez nos confrères de Télématin, Nicolas Sarkozy avait fait supprimer le fromage pour gagner du temps et à son arrivée François Hollande l'a redemandé."
Avec cette collection on peut connaître le menu choisi à la table des Kennedy au château de Versailles, de la Reine d’Angleterre, du colonel Kadhafi qui avait exigé d'être installé dans une tente bédouine au sein du parc de l’hôtel Marigny. Le plus ancien remontant à 1869, un repas de Napoléon III aux Tuileries dont le menu est écrit à la main.
"Je suis obligé d'en garder, j'ai la chance d'en avoir plusieurs signés de la main des présidents et ceux-là, je vais les garder " reconnaît Christophe Marguin".
Certaines pièces imprimées sur soie ou décorées par des artistes de renommée internationale se distinguent mais c'est par sa taille que cette collection demeure exceptionnelle.
"Plus de 4600 menus sur 155 ans d'histoire, c'est un évènement. C'est la première vente de menus de ce type. Parmi les pièces remarquables on peut citer le menu de Napolén III et le menu écrit à la main de la reine Victoria", Virginie Vernier Directrice du bureau d'expertise Millon en Auvergne-Rhône-Alpes et Sud Bourgogne.
"Quand il faut les étaler devant vous et les expertiser, c'est un défi considérable" s'enthousiasme Alexandre Millon, commissaire-priseur et président de Millon. "Pendant des mois les experts ont travaillé. On a une logique chronologique ou évènementielle, l'expertise se fonde sur de nombreux éléments : la rareté de l'évènement, le papier, le menu en lui-même, le président concerné et donc les évènements font les menus autant que les menus font les évènements."
L'estimation de départ, des 400 lots présentés s'élève à 160 000 euros. La maison Millon, chargée de la vente, espérait des envolées compte tenu de la qualité des éléments. "On a une logique chronologique ou évènementielle, l'expertise se fonde sur de nombreux éléments : la rareté de l'évènement, le papier, le menu en lui-même, le président concerné et donc les évènements font les menus autant que les menus font les évènements. Dans ce cas, la source est identifiée mais également prestigieuse puisqu'il s'agit du chef Marguin. Ces menus accompagnent la géo-diplomatie du ventre d'une manière extraordinaire", explique Alexandre Millon. C'est chose faite, avec une collection à 170 000 au lieu des 106 000 euros initialement estimés.
Quand un Français, Poincaré, veut faire la paix entre le Tsar de Russie et le roi d'Angleterre, il n'oublie pas de mettre au menu un esturgeon à la moscovite et puis un ananas à la Victoria. On a 4600 exemples de politique du ventre.
Alexandre Millon, commissaire priseur
Avec ce beau succès, les menus semblent constituer un marché émergeant dans les ventes aux enchères. "On verra à l'issue de cette vente, ça sera l'heure de vérité. Ce sont de petits témoins de leur temps, des jalons posés sur cette histoire très pop culture", analyse le commissaire priseur en charge de la vente. Une histoire qui se raconte aux tables du pouvoir mais qui peut aussi trouver des collectionneurs dans tous les domaines : gastronomie, aéronautique, industrie. Tous, passent à table et racontent dans leurs assiettes une part de leur histoire.