Thibaud Claus est l'avocat du meurtrier présumé de Villeurbanne, un migrant Afghan âgé d'une trentaine d'années. Il a livré ce mercredi matin, 3 septembre, ses premières impressions sur son client incarcéré à la prison de Corbas, près de Lyon.
Petit à petit, le voile sur lève sur la personnalité du migrant afghan mis en examen lundi soir pour "assassinat et tentatives d'assassinats" dans l'attaque de Villeurbanne qui a coûté la vie à un jeune homme et blessé huit autres passants samedi dernier. L'auteur présumé est actuellement sous les verrous à la maison d'arrêt de Corbas. L'une des rares personnes à l'avoir approché depuis sa mise en examen et son placement en détention, c'est son avocat, Maître Thibaud Claus. L'enquête démarre à peine et promet d'être longue.
L'avocat de l'assaillant a livré ses premières impressions sur son client. Un client qui "coopère" et avec lequel il peut échanger. Il apparaît selon lui comme "quelqu'un qui varie beaucoup et qui est dans une grande incohérence." Il évoque une personne "qui ne peut pas avoir un discours structuré et normal". A-t-il conscience de ce qui lui arrive et de ce qu'il a fait ? "Je pense qu'il n'en a que très partiellement conscience après coup."
Arrive-t-il à expliquer son passage à l'acte ?
"Cette question est trop complexe pour lui aujourd'hui." Il faudra selon l'avocat "des années de procédure pour répondre à cette question". Selon Thibault Claus, qui s'appuie sur la première expertise psychiatrique effectuée lors de la garde à vue de son client mais qui parle de "prudence" à adopter dans ce dossier, "on se tournerait vers une décompense psychiatrique." Soit "des effets extrêmement accrus sur quelqu'un qui a déjà une maladie psychiatrique et qui n'est plus en mesure de la contrôler. C'est le pic de la psychiatrie".
Concernant la prise en charge et l'accompagnement de son client par une association, "il faut être humble face à ce dossier. Je n'ai pas tous les éléments, l'enquête n'en est qu'à son début," explique Me Claus. "Il faut aussi dire que ces associations font tout ce qu'elles peuvent avec des moyens extrêmement limités," précise l'avocat, "je ne peux pas dire qu'elles sont responsables en quoi que ce soit."
Dans ce dossier criminel sensible, deux juges d'instruction ont été nommés. Prise en charge judiciaire des victimes avec constitutions de parties civiles, reconstitution des faits et de leur chronologie, et enfin examen de la personnalité du suspect "avec son parcours, ses difficultés et l'état de sa maladie au moment des faits"... Ce processus en trois temps "s'annonce très long" prévient l'avocat.
Que risque le meurtrier présumé ? Mis en examen pour assassinat et plusieurs tentatives d'assassinat, le trentenaire risque l'emprisonnement à perpétuité. Une irresponsabilité pénale est-elle envisageable dans ce dossier ? L'avocat ne se prononce pas et reste prudent :"les expertises futures le diront".