La garde à vue de l'auteur présumé de l'attaque de Villeurbanne doit s'achever ce lundi soir, 2 septembre. Son identité, son âge et ses motivations sont encore floues. Les enquêteurs tentent également d'en savoir plus sur le profil psychologique de cet Afghan.
L'homme arrêté samedi après-midi grâce à l'intervention de passants et d'agents TCL, puis placé en garde à vue, apparaît fortement perturbé. Dimanche 1er septembre, le Procureur de la République de Lyon a livré les premiers éléments concernant l'expertise psychiatrique réalisée ce week-end durant la garde à vue.
Lors de la conférence de presse donnée dimanche après-midi, le Procureur de la République a évoqué chez le mis en cause, un "état psychotique, avec un délire paranoïde à thématiques multiples dont celle du mysticisme et de la religion."
Durant l'attaque sanglante qui a eu lieu samedi vers 16h30 à Villeurbanne, un jeune Savoyard de 19 ans a été tué, victime de coups portés avec un couteau. Huit autres personnes ont également été victimes de l'assaillant. Certaines ont été gravement blessées. Les motivations de ces actes criminelles sont encore inconnues.
Le suspect est un Afghan d'une trentaine d'années. Il est inconnu des services judiciaires et n'est pas identifié comme "radicalisé". Le gardé à vue a livré plusieurs identités lors de son audition. Ses premières déclarations posent la question de sa santé psychique et donc de sa responsabilité pénale.
S'agit-il de l'acte d'un déséquilibré ?
Difficile d'être formel à ce stade de l'enquête. Concernant les témoignages recueillis peu après le drame, certains évoquent un marginal plutôt tranquille, déjà croisé à plusieurs reprises dans ce secteur de Villeurbanne. D'autres parlent d'un individu incohérent au moment des faits. "Il n'était pas du tout cohérent. Il nous montrait ses veines en disant - droga, droga," raconte Sofiane, témoin direct de la scène de carnage. "Je pense que c'est un déséquilibré qui n'a pas eu sa dose de drogue et qui a fait ça," a-t-il avancé.
Un parcours d'errance ...
Les premiers éléments dessinent un parcours d'errance : selon le parquet il est entré une première fois en France en 2009, en tant que mineur. Ensuite, il a successivement été enregistré en Italie (2014), en Allemagne (2015) et en Norvège (2016), avant de revenir sans famille dans l'Hexagone en juin 2016.Deux ans plus tard, il obtient l'asile mais pas le statut de réfugié. Il est mis sous "protection subsidiaire" de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), selon l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) interrogé par l'AFP.
La protection subsidiaire est accordée, selon l'Ofpra, à "toute personne dont la situation ne répond pas à la définition du statut de réfugié mais pour laquelle il existe des motifs sérieux et avérés de croire qu'elle courait dans son pays un risque réel de subir" une atteinte grave. Cet homme détenait depuis une carte de séjour temporaire renouvelable qui se périmait fin janvier 2020.
Un individu dont la fragilité avait été repérée
Il a alors été pris en charge par une association lyonnaise. Pendant sa demande d'asile, l'individu "a été hébergé dans un premier temps en CAO (centre d'accueil et d'orientation) de Villeurbanne à l'été 2017, puis à partir d'avril 2019 dans un centre d'hébergement à Vaulx-en-Velin", a rapporté Jean-François Ploquin, directeur général de Forum réfugiés, qui gère ce centre d'hébergement. Il avait alors bénéficié de soins et d'un suivi individualisé. Forum Réfugiés disposant d'un centre de santé mentale. "C'est dans ce cadre qu'il suivait un accompagnement," a expliqué Jean-François Ploquin,"mais c'est une personne dont la fragilité avait été repérée sans pour autant que cela donne lieu à un passage à l'acte."
La garde à vue du suspect devait prendre fin en fin de journée ce lundi 2 septembre. Il sera ensuite être présenté à un juge. Quelles suites éventuelles pour le mis en cause de l'agression de Villeurbanne ? Un collège d'experts psychiatres devra déterminer si dans cette affaire, il y a eu altération ou abolition du discernement de l'agresseur présumé. Objectif : déterminer si le suspect peut être jugé ou si le principe d'irresponsabilité pénale peut s'appliquer au mis en cause.
Abolition ou alternement du discernement, la loi fait la différence.
Selon l'article 122 -1 du Code Pénal: "N'est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes." Toutefois, le texte précise : "La personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure punissable. " Dans ce cas, la justice doit en tenir compte pour déterminer la peine.