Près de 600 sites industriels en Auvergne-Rhône-Alpes doivent se soumettre à des contrôles concernant leurs rejets de PFAS dans l'environnement. Une première liste, de 135 établissements, vient d'être publiée. Sans surprise, le site Arkéma de Pierre Bénite se détache du lot. Des rejets encore élevés malgré les efforts de l'industriel.
La direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (la DREAL), vient de communiquer les premiers résultats des analyses des rejets aqueux en PFAS. Ces données, menées en région Auvergne-Rhône-Alpes, portent sur environ 600 industriels concernés par cette surveillance.
Des domaines d'activité variés
Cette première liste de 135 sites, qui font l'objet de ces études, montre que ces polluants, dits éternels, sont présents dans de nombreux domaines d'activité.
L'industrie chimique est bien présente. Mais les filières des traitements des déchets apparaissent également. La papeterie, les teintureries, le textile font aussi partie des sites émetteurs.
Selon les services de la DREAL, ces premiers résultats "sont sans surprise."
Il y a des PFAS dans de nombreux domaines. Nous n'avons pas détecté de sites à flux importants. À ce stade, il n'y a pas de site qui mérite une alerte. Les résultats sont cohérents, mais il y a des inquiétudes sur certains d'entre eux.
Les services de la Dreal
Le site d'Arkéma toujours bien présent
Toujours selon la DREAL, "l'établissement qui représente le flux le plus important est celui d'Arkéma, à Pierre-Bénite." Les chiffres seraient dix fois plus élevés que pour la plupart des chiffres relevés sur les autres sites.
Les services soulignent que, malgré ces taux élevés de concentration, l'industriel a réussi à baisser ses rejets de 80 % dans l'eau grâce à la mise en place d'un système de traitement par charbons actifs en novembre 2022.
Dans le cas d'Arkéma, l'objectif fixé par l'État est l'arrêt de l'utilisation des PFAS d'ici à la fin de l'année 2024.
"Souci de transparence"
Cette première liste sera complétée et rendue publique sur le site de la DREAL, "dans un souci de transparence", tous les mois, au fur et à mesure des publications des résultats. Les analyses ont débuté en septembre 2023 et se poursuivront jusqu'à l'été 2024. Les industriels sont tenus de réaliser "trois campagnes, sur trois mois". Des contrôles inopinés peuvent toujours être menés par les services de l'État.
Un sujet sensible
Le sujet est sensible. La présence des PFAS autour des sites Lyonnais avait amené les autorités à prendre des mesures au nom du principe de précaution. Il est recommandé aux riverains de la plate-forme industrielle de Pierre-Bénite, de ne pas consommer les légumes des potagers ou les œufs de leurs poules.
Pas encore de texte officiel
La campagne d'analyse porte sur 20 PFAS, mentionnés dans la directive européenne sur l'eau. Il en existe près de 10 000 différents. La DREAL rappelle également qu'il n'y a pas encore de valeur de référence environnementale. "À l’exception des PFOS, aucun texte n'impose à ce jour de limite d'émission dans les eaux rejetées par les établissements industriels."
Des moyens d'action
La réglementation pourrait évoluer à la lumière des résultats de ces analyses. En attendant, la DREAL peut mener des actions pour les sites dont les chiffres sont trop importants. Elle peut demander à l'industriel concerné de réduire, voire de supprimer l'utilisation de ces polluants.
Les résultats de ces données sont transmis à l'ARS. L'agence régionale de santé peut alors effectuer des recherches sur les zones de captage de l'eau potable afin de vérifier la qualité des eaux potables distribuées à la population.