Le "mondial de l'automobile" vient d'ouvrir ses portes à Paris. Dans un contexte perturbé lié à la crise énergétique, de nombreux automobilistes se posent des questions : acheter un véhicule électrique, hybride, hybride rechargeable, essence… De plus en plus de collectivités locales interdisent leurs accès aux véhicules polluants. Dans la Métropole lyonnaise, en septembre 2026, seuls pourront circuler les véhicules "propres". L'occasion de réfléchir à d'autres motorisations.
Guillaume (*) est "conseiller commercial" d'un grand constructeur français. Dans sa succursale, près de Lyon, ce week-end de la mi-octobre 2022, c'était journée "portes ouvertes". Il a vendu plusieurs véhicules hybrides ou électriques. Les clients cherchent à connaître "les alternatives au tout diesel", selon lui. Les clients n'ont pas attendu le mondial de l'automobile !
Je n'ai même plus besoin d'argumenter. Mes clients veulent passer à quelque chose de "plus propre". Ils savent que le diesel, c'est mort et que leur voiture ne sera bientôt plus acceptée dans le centre-ville de Lyon.
Guillaume A. ,conseiller commercial véhicules neufs
La métropole lyonnaise a été l'une des premières en France en 2019 (sous une autre majorité) à se doter de ce nouvel outil pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre avec ce dispositif de Z.F.E. (Zone à Faible Émissions). Dès ce mois de septembre 2022, les mesures sont entrées en vigueur : les véhicules particuliers trop polluants sont désormais bannis de la zone.
Sont concernés les véhicules Crit'Air 5 et non classés à destination des particuliers. Concrètement, cela veut dire toutes les voitures diesel qui ont plus de 20 ans (immatriculés avant le 1er janvier 2001) et celles, essences, qui ont plus de 23 ans (immatriculés avant le 1er janvier 1997). Les vignettes "Crit'Air" 5 sont tout simplement interdites de circulation dans un périmètre proche du centre de la métropole lyonnaise. D'autre villes ont décidé d'appliquer cette nouvelle législation, d'autres s'apprêtent à le faire.
Pour la nouvelle majorité écologiste à Lyon, il s'agit de "développer toutes les mobilités alternatives à la voiture individuelle et, pour celles et ceux qui ne peuvent faire autrement que d’utiliser leur voiture, changer de motorisation". L'objectif premier est de "diminuer la pollution de l’air pour éviter les milliers de morts prématurées", et d'ajouter : "pour mémoire, on considère que 30% des enfants souffrent d’affections respiratoires sur le territoire de la Métropole de Lyon".
Un virage difficile à négocier
Malgré le succès des portes ouvertes de notre conseiller commercial ce week-end, les chiffres ont la vie dure. Ce graphique montre l'évolution du nombre de véhicules en circulation en région Auvergne-Rhône-Alpes. Les véhicules diesel sont encore en tête, mais la tendance semble s'amorcer en faveur des motorisations alternatives. Des chiffres qui semblent se confirmer au niveau national.
Question d'argent
Les débats ont été vifs lors du conseil de la métropole lyonnaise en cette fin septembre 2022. Tous les élus sont d'accord sur les objectifs, mais les avis diffèrent quant aux moyens. Car, acheter un véhicule moins polluant coûte cher.
"En plus du bonus écologique ou de la prime à la conversion, la Métropole complète le dispositif. Ça correspond à des sommes assez importantes. C’est dégressif au fur et à mesure qu’on augmente de revenu fiscal par part (...) Pour les classes moyennes, l’état ne donne rien mais nous avons décidé de donner 1 000 euros d’aide" détaille Jean-Charles Kohlhaas, vice-président (EELV) de la Métropole de Lyon, chargé des déplacements.
"Le problème c’est que d’une zone à faible émission devient une zone à forte exclusion, notamment sur l’aspect social. Je rappelle que l’aide maximale est de 2 000 euros et qu’une voiture électrique coûte entre 35 et 40 000 euros. Vous voyez le décalage avec la réalité" insiste Philippe Cochet, conseiller métropolitain d'opposition Les Républicains.
Le président de la République lors de l'inauguration de Mondial de l'Automobile ce lundi 17 octobre 2022 vient d'annoncer de nouvelles mesures d'aides. Une prime à l'achat de véhicules électriques qui passerait de 6 à 7 000 euros (pour les ménages les moins aisés) et un "contrat de location" pour un véhicule électrique à 100 euros/mois.
Notre conseiller commercial attend de connaître les modalités pratiques de ces annonces. Pragmatique, il sait que l'ère du "tout diesel" est révolue.
En 2026, seuls les véhicules dotés des vignettes "Crit'Air" vertes (100% électriques et roulant à l'hydrogène), et les vignettes "Crit'Air" 1 et 2 seront autorisés à circuler dans la Métropole lyonnaise.
(* : prénom d'emprunt)