Ils ont manifesté devant l'ARS à Lyon ce jeudi 6 juillet 2023. Le personnel de santé de l'hôpital des Portes du Sud à Vénissieux s'opposent au projet de rachat, partiel ou total, de l'établissement médical placé en redressement judiciaire.
"Nous avons décidé de venir à l'ARS car nous leur avons envoyé un courrier réclamant de les rencontrer et ils n'ont pas répondu". Delphine Mallet est déléguée syndicale CGT à l'hôpital Les Portes du Sud à Vénissieux. Ce jeudi 6 juillet à Lyon, elle s'est mêlée à la centaine de manifestants réunis devant l'Agence régionale de santé (ARS) pour protester contre le rachat, partiel ou total, de l'établissement public. "Ce sont eux les décisionnaires. Ils sont les seuls coresponsables de la répartition de l’offre de soins sur le territoire", ajoute la déléguée syndicale à propos du rôle de l'ARS. Parmi les manifestants, la maire de Vénissieux, Michèle Picard, mais aussi des opposants à la mairie socialiste de Feyzin.
Depuis quelques mois, le groupe hospitalier mutualiste et l'Ehpad "La Solidage" (regroupés sous l'appellation Union Mutualiste de Gestion des Établissements du Grand Lyon - UMGEGL) est en proie à des difficultés financières. I fait face à un déficit de 21 millions d'euros. Le service des urgences est d'ailleurs fermé la nuit depuis le mois de mars pour faire des économies, sans succès. Par conséquent, le 28 juin dernier, son placement en redressement judiciaire a été annoncé.
L'avenir de l'établissement est aujourd'hui en suspens. Y aura-t-il un repreneur ? Qu'imposera-t-il comme plan social ? "Au vu de la société dans laquelle on vit aujourd'hui, je ne vois pas comment il va éviter de faire du ménage. En tout cas, nous nous battrons pour qu’il n’y ait pas de ménage", conclut Delphine Mallet.
Un bassin de population fragile encore plus affaibli
Le groupement hospitalier compte 530 salariés. Avec ce rachat, "ce sont des centaines d'emplois qui sont en jeu", indique l'un des anesthésistes, présent lors de la manifestation. Il voit dans ce projet de rachat un objectif de rentabilité plus que de recherche des meilleurs soins opérés.
Mais, ce qui l'inquiète encore plus, c'est l'avenir de ses patients. "On a affaire à un bassin de population ultra-fragile économiquement et sur le plan de la santé, que l’on est les seuls à prendre en charge", explique l'un de ses collègues chirurgien, avant d'ajouter :
Nos patients arrivent déjà avec un retard de prise en charge important car ils s’autolimitent par manque de moyens financiers. Ils arrivent donc avec des pathologies avancées qu'il est difficile de soigner. Ils perdraient encore plus sur le plan médical si l'on venait à réduire les effectifs, voire à les supprimer.
Un chirurgienHôpital Les Portes du Sud à Vénissieux
Le risque d'une "santé à deux vitesses"
Dans une zone désertée par les services médicaux, l'hôpital de Vénissieux assure l'offre de soins programmés et les urgences de plus de 30 000 personnes. Cela comprend les activités médicales, chirurgicales, obstétricales et les urgences.
Dans l'état actuel des choses, la fermeture totale de l'établissement entraînerait des conséquences dévastatrices pour la prise en charge des patients. Le personnel ne voit pas comment les hôpitaux publics de Lyon Sud et Edouard Herriot pourraient accueillir des nouveaux patients alors que les délais d'attente sont déjà très longs. "Cela va instaurer une santé à deux vitesses", conclut la représentante de la CGT Delphine Mallet.
Une commission médicale d'établissement se tiendra ce soir, à titre exceptionnel. Elle réunira l'ensemble du personnel médical de l'hôpital afin d'envisager un plan d'action pour le maintien de la qualité des services de santé sur le territoire.