Alors que les rodéos urbains à motos se multiplient dans le centre-ville de Lyon ces dernières semaines, le parquet de Lyon a indiqué ce jeudi 29 avril que 32 enquêtes ont été ouvertes au cours du premier trimestre 2021 à la suite de ces faits.
Les rodéos urbains se multiplient dans l'hyper-centre de Lyon depuis ces dernières semaines. Des faits qui débutent en milieu d'après-midi et souvent se poursuivent parfois après l'heure du couvre-feu. Des scènes qui ont lieu en plein jour, rue Edouard Herriot ou encore rue de Brest. Les deux roues font des allées et venues incessantes entre les secteurs Bellecour et Hôtel de Ville. Des rodéos ont lieu également au pied de la statue de Louis XIV. Ce mercredi 28 avril, des images ont circulé sur les réseaux sociaux, elles montraient même des individus paradant avec leur moto sur la place des Terreaux, sous les fenêtres du maire de Lyon. Les individus, qui se livraient à des figures dangereuses à vive allure, ont transformé la place piétonne récemment rénovée en un véritable circuit.
Bonjour @Gregorydoucet, des rodéos sauvages ont lieu sous les fenêtres de vos bureaux à l’hôtel de Ville. Après Bellecour, le sentiment d’impunité mène ces individus au pied de la mairie centrale. Vous comptez agir ? Plainte ?
— MEHDI AIFA (@Mehdi_Aifa_AJR) April 28, 2021
Cc @prefetrhone @MohamedChihi007 @AudreyHenocque pic.twitter.com/nyIbubelhV
"Regardez les vous narguer et défier les lois de la République. Jusqu’à quel accident, quel drame, devrons-nous aller avant de réagir et d’arrêter le cirque?" s'interroge Pierre Oliver, le maire LR du 2e arrondissement de Lyon. Ce dernier redoute un drame.
Mohamed Chihi, adjoint au maire de Lyon chargé de la Sécurité, a réagi sur Twitter : "Nos équipes de Police et du centre de vidéosurveillance sont déjà mobilisées avec la préfecture du Rhône pour l'identification et l'arrestation des délinquants de la place des Terreaux et de la place Bellecour. Nous ne laisserons pas passer ces attitudes, ni ici, ni ailleurs à Lyon".
? Nos équipes de Police et du centre de vidéosurveillance sont déjà mobilisées avec la @prefetrhone pour l'identification et l'arrestation des délinquants de la place des Terreaux et de la place Bellecour.
— Mohamed Chihi (@MohamedChihi007) April 28, 2021
Nous ne laisserons pas passer ces attitudes, ni ici, ni ailleurs à Lyon.
Que risquent les auteurs de rodéos urbains ?
Certains dénoncent un sentiment d'impunité et des provocations. Mais que risquent les auteurs ? Dans un communiqué diffusé ce jeudi 29 avril, le Procureur de la République Nicolas Jacquet, s'est montré très clair et affiche sa fermeté :
"Face à la recrudescence des rodéos constatés sur la commune de Lyon mais également sur plusieurs autres territoires de l’agglomération lyonnaise, le procureur de la République de Lyon rappelle que la participation à un rodéo motorisé ou l’incitation à y participer, fait encourir à son auteur une peine de 1 an d’emprisonnement ainsi qu’une peine d’amende de 15.000 euros", a indiqué Nicolas Jacquet, le Procureur de la République dans un communiqué ce jeudi 29 avril. Il précise que les auteurs de tels faits s'exposent aussi à la confiscation du véhicule, à des suspension ou annulation de permis de conduire.
"Si les interpellations ne sont pas toujours possibles dans le temps de la commission de l’infraction, il doit être relevé que les faits de cette nature donnent lieu à l’ouverture d’enquêtes aux fins de rechercher et interpeller, notamment à l’aide de l’exploitation des caméras de vidéoprotection, leurs auteurs", a expliqué le Procureur de la République dans son communuiqué.
Ainsi, 32 enquêtes ont été ouvertes dans la métropole de Lyon lors de premier trimestre 2021 à la suite de rodéos : 18 ont débouché sur une identification de l’auteur des faits, dont 11 majeurs qui ont été poursuivis en comparution immédiate.
Le Procureur a détaillé les sanctions délivrées ces dernières semaines. Le 26 avril, un prévenu a écopé de 6 mois d’emprisonnement assortis d’un mandat de dépôt. Le 5 mars, un autre de 10 mois d’emprisonnement assortis d’un mandat de dépôt ou encore le 19 mars, un autre de 6 mois d’emprisonnement, outre la révocation d’un sursis antérieur à hauteur de 3 mois et 500 euros d’amende. Les véhicules saisis comme ayant été utilisés pour commettre ces faits ont en outre été confisqués.
La préfecture a réagi, indiquant que des moyens supplémentaires ont été déployés pour lutter contre le phénomène : "sur les 3 premiers mois de l'année 2021, 32 affaires de rodéos ont été judiciarisées dans le Rhône. L’Etat s’engage avec détermination pour lutter contre ce phénomène et s’en donne les moyens : en 2021, 144 policiers supplémentaires affectés dans la métropole de Lyon".
Sur les 3 premiers mois de l'année 2021, 32 affaires de #rodéos ont été judiciarisées dans le Rhône. L’Etat s’engage avec détermination pour lutter contre ce phénomène et s’en donne les moyens : en 2021, 144 policiers supplémentaires affectés dans la métropole de #Lyon https://t.co/3189wwZG8w
— Préfet de région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône (@prefetrhone) April 29, 2021
Les riverains avaient déjà tiré la sonnette d'alarme
De grosses cylindrées qui circulent à tombeau ouvert dans les rues de la presqu'île, mais aussi des motos qui roulent à vive allure dans les rues commerçantes de l'hyper-centre de Lyon. Depuis 2019, des habitants du secteur nord de la Presqu'île, excédés par ces scènes qui se répétaient la nuit, ont alerté en vain les pouvoirs publics à plusieurs reprises. Ceux qui s'étaient baptisés sur les réseaux sociaux "Presqu'île en colère" n'avaient pas hésité à afficher leur mécontentement aux fenêtres, avec une opération "draps blancs".
Craignant pour leur sécurité, ils dénonçaient également le tapage nocturne engendré par ces rodéos. Après la création de ce premier collectif lyonnais, de nombreux autres quartiers ont à leur tour lancé des collectifs du même types (Guillotière en colère, les pentes en colère, Gerland en colère ...etc) et dénoncé des faits d'insécurité liés aux incivilités et aux rodéos.
Désabusés, ces riverains de la presqu'île de Lyon ont réagi aux images de rodéo urbain sous les fenêtres du maire Grégory Doucet : "Malheureusement ça ne nous étonne même plus!"
Malheureusement ça ne nous étonne même plus! @GDarmanin @prefetrhone @Gregorydoucet @MohamedChihi007 et @E_DupondM particulièrement silencieux en ce moment... on fait quoi? https://t.co/pBadq8iPQ7
— Presqu’île en colère (@PresquC) April 28, 2021
Ce collectif dénonce une nouvelle fois le silence des pouvoirs publics.