Georges Duboeuf est mort à l'âge de 87 ans, après un accident cérébral, samedi 4 janvier. On lui doit surtout la renommée du Beaujolais.
"Le Beaujolais est un vin qui se célèbre. À l’image de notre famille qui depuis de nombreuses années œuvre pour faire du Beaujolais un incontournable des tables, un vin populaire, festif, amical et joyeux": la phrase résume en quelques mots l'héritage laissé par Georges Dubœuf, qui s'est éteint samedi 4 janvier à l'âge de 87 ans, après un accident cérébral.
L'ambassadeur du Beaujolais
Dans les années 60, Georges Dubœuf a révolutionné les pratiques de l’époque en appliquant des méthodes traditionnelles: respect de l’origine et du travail du vigneron, sélection et suivi rigoureux de l’évolution des vins lors des mises en bouteilles et avant tout, la recherche d’une grande qualité, des conditions et une hygiène quasi clinique de la mise en bouteille.
Il est devenu, de fait, l’ambassadeur du Beaujolais.
La réaction de Bernard Pivot
"Pour moi c'est un grand chagrin car c'était un très bon ami. Je l'admirais beaucoup. C'était un grand négociant. Il a fait beaucoup pour le Beaujolais. Moi je l'appelais M. Beaujolais. Il était resté très simple, très modeste, en dépit de sa réussite, très agréable et délicieux. Il était pédagogue. Il était l'homme qui a focalisé l'attention sur le Beaujolais dans les années 60 à 80. Il laisse un amour, un désir du Beaujolais" nous a confié Bernard Pivot.
Son histoire remonte aux années 50
En 1950, Georges Dubœuf crée en association un groupement de producteurs "L'Écrin Mâconnais-Beaujolais", pour promouvoir les vins de ces terroirs: il est frustré de voir les Pouilly-fuissé du vignoble familial revendus à des prix dérisoires par des négociants régionaux.
Il débute en visitant les restaurateurs du sud de la Bourgogne, de Bresse, du Lyonnais. Georges Blanc, le cuisinier-restaurateur du "Chapon fin" à Thoissey, est l'un de ses premiers clients renommés, Paul Bocuse et Jean Troisgros collaborent bientôt amicalement avec lui.
Ayant bricolé une chaîne d'embouteillage qu'il attelle sur une vieille camionnette, il sillonne les villages du Beaujolais et du Mâconnais, réussissant à convaincre une quarantaine de vignerons de travailler régulièrement avec lui.
Les Vins Georges Duboeuf
En 1964, il crée les "Vins Georges Duboeuf", dont l'activité s'étendra plus tard à d'autres régions. De grands restaurateurs apportent leur soutien, notamment lors d'opérations de promotion à l'étranger.
En 1993, il aménage dans l'ancienne gare de Romanèche-Thorins (Saône-et-Loire) un musée nommé le "Hameau du vin", consacré à l'art de la culture de la vigne et de la vinification, et un lieu de vente. Parfois surnommé "le roi du Beaujolais", Georges Dubœuf confie la direction de l'entreprise de négociant-éleveur à son fils Franck en 2005. La maison achète la production de quelque 400 vignerons et s'approvisionne dans une vingtaine de caves coopératives pour produire, estime-t-on en 2005, plus de 30 millions de bouteilles par an.
Condamné en 2006
En 2006, il s'était dit très affecté par une condamnation pour tromperie sur la qualité des vins. Son ancien directeur de vinification aurait mélangé différentes sortes de raisin sans respecter toutes les règles. Georges Duboeuf s'était senti trahi, mais avait assumé.