Les vendanges pourraient débuter très prochainement dans le Beaujolais. Elles s'annoncent limitées en quantité mais de bonne qualité. Une autre bonne nouvelle après l'annonce d'un accord qui pourrait éviter au vin français d'être taxé par les Etats-Unis...
A quand les premiers coups de sécateurs dans le Beaujolais ? Dans ce secteur de la région, les vendanges pourraient débuter plus tôt que prévu, au plus tard dans quinze jours. Deux fois par semaine, le jeudi et le lundi, un ingénieur agronome quitte son laboratoire de Villefranche/Saône pour prélever des baies et suivre leur maturation. Objectif : définir le début des vendanges.
Le dernier point maturation indiquait que la veraison, moment où les grains changent de couleur, est déjà terminée sur les parcelles testées. "On est a 100% au niveau de la véraison," explique Jean-Yves Cahurel, ingénieur agronome. En résumé : 100% des grains ont changé de couleur. Mais différents paramètres entre encore en compte et évoluent "au niveau du degré (d'alcool), de l'acidité totale et au niveau de la couleur." Conclusion : " Il faut encore attendre. C'est encore trop tôt pour vendanger actuellement," selon l'ingénieur agronome. La récolte en Beaujolais s'annonce cependant plus faible cette année pour cause de grêle.
Un vignoble frappé par la grêle mais les crus ont le sourire
"On a des beaux raisins, on peut faire un beau millésime cette année encore," constate Paul Cinquin, vigneron en cru Régnié, "on a eu la chance d'être passé à côté de la grêle pas comme certains vignerons dans le bas Beaujolais...".
La grêle a en effet frappé la région des Pierres Dorées le 18 août dernier, réduisant de 20% à 50% des espoirs de récolte. Le sud Beaujolais, les secteurs de Tarare et Pontcharra ont été durement touchés. C'est la zone la plus fragile de ce vignoble, celle qui produit les Beaujolais nouveaux et le vin en vrac qui est concernée. Les crus du Beaujolais et les Beaujolais Villages ont été épargnés.
Du côté de l'interprofession, on relativise cet épisode météo : "c'est une catastrophe pour certains mais l'économie de la région va avoir ce qu'il faut pour fonctionner. La récolte se présente bien, de très belle qualité," indique Dominique Piron, Président d'Inter Beaujolais. Mais l'interprofession confirme une récolte de petite quantité, mais de bonne qualité.
"On retrouve une vendange de septembre" (D.Buliat)
Pour Daniel Bulliat, Président de l'organisme de défense et gestion du Beaujolais, la récolte 2019 s'annonce bien comme l'atteste la véraison. Dans certains secteurs, la véraison est d'ailleurs terminée. "Quand on est à 15 jours des vendanges, on peut dire que dans les zones précoces, les raisins ont tous changé de couleurs. Dans les zones tardives, il faut encore attendre encore une semaine. C'est en fonction des secteurs du Beaujolais. On va vendanger entre le 10 et le 30 septembre. On retrouve une vendange de septembre dans une année plutôt moyenne au niveau des dates de vendanges." La canicule n'a pas eu d'impact sur la précocité des vendanges ? Une explication selon le professionnel : un printemps un peu frais.
Pour ces vendanges 2019, la qualité sera au rendez-vous mais la quantité s'annonce plus faible prévient Daniel Buliat : "Il y a une petite zone frappée par la grêle, un peu de gel au printemps. On aura une récolte plus petite que la moyenne des cinq dernières années, entre 10 et 20 % de moins".
Exportations de Beaujolais : Exit la menace liée à la taxe Gafa mais quid du Brexit?
Autre sujet de préoccupation pour les viticulteurs et vignerons du secteur : la taxe Gafa et les représailles américaines annoncées sur le vin français... Comment était vécu la menace dans le Beaujolais ? "On est dans une mondialisation avec des échanges commerciaux forts et des enjeux économiques importants. Les Etats Unis, le Japon et le Royaume Unis sont les trois pays les plus importants pour la commercialisation du Beaujolais. Les volumes représentent entre 6 et 7 millions de bouteilles dans chaque pays. Pour nous c'est un enjeu important," rappelle Daniel Buliat. Concernant la menace américaine de taxation des vins français, le ciel semble s'éclaircir pour les producteurs français à l'issue du sommet du G7. Mais dans le Beaujolais on reste tout de même sur ses gardes. "Qui dit taxe en plus, dit coût supplémentaire pour le consommateur et c'est un handicap pour la commercialisation". Et le Brexit est aussi aujourd'hui un autre sujet d'inquiétude pour les vignerons du secteur.
Reste que les vins français ne manquent pas d'atouts pour faire face à la concurrence des vins étrangers. En terre beaujolaise, on se diversifie, "on monte en gamme", "le bio arrive" et on prend un peu de distance par rapport au Beaujolais nouveau et au succès qu'il a connu. "Le Beaujolais est en pleine mutation. Les jeunes vignerons sont en train de changer les choses. Même si en terme de marché, ce n'est encore pas significatif, les volumes vendus sont stables," explique le Président de l'organisme de défense et gestion du Beaujolais qui reste optimiste.