Deux collectifs de paysans du Val de Turdine (Rhône) se battent contre l’arrivée de plateformes logistiques qui pourraient grignoter une centaine d’hectares de terres agricoles. Dans le cadre de la Journée internationale de l’alimentation, ils ont lancé une action citoyenne.
Les semis de la raison ou… les raisins de la colère. Sans aller jusqu’à filer la métaphore et évoquer Steinbeck, les paysans de l’ouest lyonnais ne sont pas contents. C’est peu de le dire. Mais à Saint-Romain-de-Popey (Rhône), ce samedi, ils n’ont pas voulu voir le verre à moitié vide, plutôt le verre à moitié plein : la richesse de leur territoire rural, tout ce qui les fait se battre pour leurs terres et contre l’implantation d’entrepôts logistiques de l’Ouest rhodanien.
Ils ont donc organisé une fête paysanne, ouverte au public et aux élus. Objectif : «sensibiliser sur la nécessité d’agir en faveur d’une refonte complète du modèle agricole, parce que le temps presse », explique Robert Lhomme, membre des collectifs Paysans OZLOR (Opposé à la Zone Logistique de l'Ouest Rhodanien) et Quicury.
Et comme ces paysans n’y vont pas par quatre chemins, ils citent volontiers le préfet de Région, qui déclarait au printemps 2019 que «le foncier est un bien commun, qu’il faut ménager plus qu’aménager». Manière de dire que l’Etat a conscience de l’état de certaines campagnes à proximité des grandes conurbations…
Maintenir une agriculture de qualité
«Localement, ajoutent les membres de ces deux collectifs, nous le savons, la pression foncière est grande. Aussi nous rappelons que les maires ont le pouvoir de préempter des terrains pour qu’ils soient consacrés, comme cela se fait ailleurs, à l'installation de jeunes porteurs de projets et à une production visant à satisfaire les besoins locaux».Les contestataires à l’implantation d’une plateforme logistique en pleine zone agricole sur la commune de Saint-Romain-de-Popey (Rhône) soulignent que le maintien d’une agriculture de qualité, à taille humaine, s’inscrit également dans les objectifs de la Loi EGalim qui impose 50% de produits locaux et 20% de bio dans les cantines et la restauration collective au 1er janvier 2022.
Préserver les terres agricoles joue aussi sur les revenus décents des agriculteurs, ne manquent pas de rappeler les collectifs.
Mais à l’heure où l’on est sensé défendre l’alimentation dans le monde, la bétonisation des terres agricoles se poursuit. Les terres sont grignotées par une urbanisation qui ne cesse de gagner du terrain.
Dans le val de Turdine, à quelques kilomètres de L’Arbresle, à une encablure de l’autoroute A89, les collectivités locales poussent pour la réalisation de ces plateformes et entrepôts. Depuis que ces projets existent, certaines parcelles agricoles sont gelées. Les paysans ne peuvent les cultiver. A termes, cent hectares sont prévus dans ce secteur de l’Ouest lyonnais où Boiron a déjà élu domicile.