Bébé empoisonné au Destop : "J'ai souhaité partir parce que c'était trop limite. Ma responsabilité était engagée" Témoignages édifiants de salariés et de parents à Lyon

La mort d'un bébé de 11 mois à Lyon dans une micro-crèche People & Baby n'en finit pas de susciter l'émoi. Au point que les langues se délient pour dénoncer les conditions d'accueil dans les structures de ce gestionnaire.

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Sous contrat un jour par semaine, Laura* avait la charge de la direction d'une des 42 micro-crèches People & Baby sur la métropole de Lyon. Elle tient plusieurs mois avant de jeter l'éponge. "J'ai souhaité partir parce que je trouvais que parfois c'était trop limite. Ma responsabilité était engagée", nous explique-t-elle.

Par peur d'être reconnue, elle préfère témoigner sous couvert d'anonymat. Mais comme beaucoup d'anciens ou actuels employés, elle souhaite expliquer ce qu'elle a vécu avec ce gestionnaire suite à la mort d'un bébé de 11 mois dans une micro-crèche People & Baby.

Turn-over incessant

Tous les témoignages que nous avons pu regrouper nous évoquent un turn-over incessant dans les équipes. En quelques années, "j'ai connu plusieurs dizaines de collègues différents" témoigne Sarah*, une employée du groupe. Les micro-crèches sont des structures pouvant accueillir une dizaine d'enfants. Elles comptent de 3 à 5 salariés.

Sarah évoque les difficultés qu'impliquent ces départs et arrivées constants. "Il faut toujours se réadapter, recréer des liens, c'est vraiment difficile". Parfois avec des personnes qui ne sont pas "spécialement dans une optique d'échanger", alors qu'il faut co-construire un projet éducatif et travailler en équipe.

Conséquence : le lien de confiance est parfois rompu avec les parents. La fille d‘Anne est gardée dans une micro-crèche People & Baby. "Chaque semaine, on a le droit à une ou deux nouvelles personnes sur une équipe de 4 ou 5", témoigne-t-elle. "Ce n'est pas très rassurant de laisser son enfant à quelqu'un que l'on ne connait pas. Quand une personne est là depuis 3 mois, cela devient une référence c'est dire !"

Difficultés de recrutement

Dans tous les témoignages recueillis, les difficultés de recrutement ressurgissent. 

"On recrute des personnes qui ont seulement fait quelques stages. Elles n'ont aucune formation. C'est inacceptable"

Laura également a eu des difficultés de recrutement. Conséquence, elle estime avoir eu une équipe peu soudée. Et le fait qu'elle ne soit là qu'un jour par semaine a pesé sur son moral. " Psychologiquement, j’étais aux aguets en permanence. J’avais la crainte que cette équipe déraille en mon absence. On travaille quand même avec des humains, des bébés", nous témoigne-t-elle. 

Une situation que connaissent tous les gestionnaires 

Laura ne souhaite néanmoins pas jeter l'opprobre particulièrement sur People & Baby. "Je pense que c'est le cas dans toutes les micro-crèches", explique-t-elle. Le fait qu'elle soit sous contrat un jour par semaine pour son poste de direction est tout à fait légal.

La Protection Maternelle Infantile, compétence du Grand Lyon dans l'agglomération, nous confirme cette situation commune à tous les gestionnaires. "Il n'y pas plus de problème avec ce gestionnaire qu'avec un autre" nous explique-t-on.

Situation généralisée

En fait, ce sont même toutes les structures de la petite enfance qui sont touchées. Les métiers de la petite enfance sont jugés difficiles, mal payés et peu valorisés. Ils n'attirent pas beaucoup.

Rien que dans les deux plus grandes villes du Rhône, 15% des postes sont vacants à Villeurbanne une centaine de postes est à pourvoir à Lyon. Une situation qui pousse ces deux communes à réduire leur temps d'accueil

Mais ce n'est pas le cas partout. Face à l'absence de renfort, on demande de plus en plus de tâches aux employés restant, et donc, plus d'heures supplémentaires. Heures qu'il est parfois difficile de se faire payer ou de rattraper aux moments souhaités. 

"La situation des micro-crèches est particulières parce que effectivement, il y a plus de tâches à réaliser que dans les structures collectives. Les conditions de travail sont moins bonnes", explique Véronique Escames, co-secrétaire du Syndicat des professionnels de la Petite Enfance. "Mais aujourd'hui, c'est généralisé", prévient-elle.

Pour pallier le manque de professionnels, la région a augmenté son offre de formation pour la rentrée 2023.

Contacté, People & Baby n'a pas donné suite à nos demandes. 

*Les prénoms sont modifiés sur demande des personnes. 

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