Témoignage. "J'ai peur pour d'autres enfants" 6 ans après son agression sexuelle présumée, il porte plainte contre l'État

Publié le Écrit par Alexandra Marie Ertiani et Yaëlle Marie
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Édouard, (nom d'emprunt) témoigne d'attouchements dans ses cours de théâtre. Six ans après les faits, son agresseur présumé n'a toujours pas été jugé. Une plainte a été déposée pour délai d'instruction déraisonnable.

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Il avait 8 ans au moment des faits, il en a 14 aujourd'hui. L'enfant, devenu adolescent, a tenu à témoigner, à raconter l'agression sexuelle qu'il a subie. 

 "Je me suis fait attoucher dans une troupe de théâtre, c'était pendant les représentations, il me faisait venir sur ses genoux, par ce que j'étais passionné d'histoire et il me racontait que son père était dans l'aviation. Moi, je me sentais faible à cette époque et à 8 ans, je croyais que c'était normal. À l'école, un jour, j'ai appris qu'une fille s'était fait baisser sa culotte et j'ai réalisé ce qui m'était arrivé. Je ne peux pas avoir l'esprit tranquille tant qu'il n'est pas jugé et si je me dis que chaque soir, je m'endors et que peut-être, il y a d'autres enfants qui s'endorment dans son lit et qu'il a pu leur faire des choses, ça ne va pas. J'attends des punitions rapides, une punition, car je crains que d'autres enfants aient subi la même chose que moi." 

C'était en 2018. Le jeune garçon a mis un an à se confier à ses parents. Leur plainte est d'abord classée sans suite fin 2021, mais la famille persiste, se constitue partie civile. Deux ans après, elle attend toujours les conclusions de l'enquête judiciaire. Des délais d'instruction jugés déraisonnables selon cette famille qui a décidé d'attaquer l'État. 

"On se rend compte que la justice n'a pas les moyens, on parle d'une personne qui est encore dehors et peut encore sévir, ce n'est pas normal" s'indigne son père, qui fait le choix de rester anonyme. "C'est compliqué quand vous êtes de l'autre côté et que vous vous rendez compte que l'État ne donne pas les moyens. Nous, on attend un jugement et une confrontation, pour que mon fils puisse avancer. Je conçois qu'ils sont obligés de fixer des priorités. Mais plus on attend, plus on risque de ne pas retrouver les témoins". 

Au-delà du cas de son fils, ce père de famille explique que cette plainte porte un message plus large et qui concerne de nombreuses situations : "l'État doit comprendre qu'il faut donner les moyens à la justice. Tout comme la santé, tout comme l'Éducation nationale. Car toutes les petites affaires sont oubliées et pour nous ça n'est pas une petite affaire. Pour notre fils, c'était sa faute, et c'est pour ça qu'il faut que la justice se donne les moyens d'assister les victimes et de condamner les coupables". 

L'agresseur présumé conteste les faits

Le mis en cause aurait déjà été condamné pour une affaire similaire, mais aujourd'hui, il conteste les faits. Le procureur de Roanne confirme sa mise en examen pour agression sexuelle et la poursuite des investigations. Mais les services de police sont très sollicités, et les dossiers sont très nombreux :  une centaine d'affaires à traiter pour la seule juge d'instruction de Roanne. Autant d'éléments qui permettent d'expliquer des délais d'enquête incompressibles.

"Le magistrat enquêteur a diligenté une nouvelle expertise psychiatrique du mis en examen" explique Xavier Laurent, procureur de Roanne, "et dans le contexte de la rareté des experts dans la région et dans de nombreuses régions de France, il convient de trouver un rendez-vous avec l'expert, pour qu'il nous donne son rapport". 

La peur qu'il ne soit jamais jugé 

Mais pour l'avocat de la famille, il y a urgence à finaliser cette affaire, le suspect a désormais plus de 80 ans. "Il y a la peur que l'agresseur n'ait jamais à répondre de ce qu'il a fait et qu'il décède avant d'être jugé " regrette Me Jean Sannier. 

Un procès rapide, c'est aussi le désir d'Edouard. L'adolescent affirme avoir besoin d'être confronté à son agresseur présumé pour aller de l'avant. "Moi, je veux qu'il meure sans les honneurs, car c'est un ancien combattant" Le jeune homme explique qu'il fait partie d'un programme de débat au collège et qu'il souhaite faire évoluer les choses. 

"Au collège, il y a de l'éducation à la sexualité et donc, mon idée, pour lutter contre les agressions sexuelles, c'est qu'à partir du CP, on fasse de la sensibilisation et qu'on forme les enseignants". Des idées concrètes que l'adolescent compte défendre auprès des institutions dans le cadre d'un projet scolaire qui l'emmènera bientôt à l'Assemblée Nationale. 

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