Témoignages. Incendie à Vaulx-en-Velin : les rescapés se sentent abandonnés quatre mois après le drame

Publié le Écrit par Emilie Barthe et Frédéric Llop

Les rescapés de l'incendie de Vaulx-en-Velin ne comprennent pas pourquoi, quatre mois après le drame, aucune structure leur venant en aide n'a été créée. Encore aujourd'hui, beaucoup de victimes ne sont toujours pas relogées de manière pérenne.

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"On attend toujours". Ces mots sont ceux de Dainguy Jean Claude, l’un des rescapés de l’incendie ayant provoqué la mort de 10 personnes au 12 rue des barques en décembre dernier. Quatre mois plus tard, il n'est toujours pas relogé de manière définitive avec toute sa famille.

"On a bougé d'hôtels en hôtels. Là, c’est notre dernier point de chute", affirme agacé le père de famille qui réside avec sa femme et ses deux filles, dans un T3 d’environ 60 m². "On n'est pas vraiment chez nous. On ne peut pas se décharger de tout ce que l’on a vécu", ajoute-t-il.

Ce quotidien, c’est celui de la plupart des rescapés de Vaulx-en-Velin. Réunis ce mardi pour faire un point sur la situation, ils ne comprennent pas pourquoi ils sont abandonnés. "Cet accident a tous les traits d’un accident collectif et appellerait les dispositifs que l’on connaît, répertorié sur le site du ministère de la Justice, dans le guide méthodologique de prise en charge des victimes d’accident collectif", constate Sophia Séco, directrice générale de la Fédération Nationale des Victimes d’Attentats et d’Accidents Collectifs (FENVAC), mobilisée sur ce dossier.

Abandonnés par les pouvoirs publics  

"Or, ici, malheureusement ça n’a pas été appliqué et les victimes se retrouvent confrontées à des assureurs, à des acteurs de l’administration, qui finalement ne se montrent pas facilitateurs à leur égard, aggravant les préjudices et le traumatisme auxquelles elles sont confrontées depuis cette nuit d’horreur", ajoute la responsable, qui ne comprend pas la différence de traitement entre l’effondrement dans la rue de Tivoli à Marseille et l’incendie de Vaulx-en-Velin.

Elle déplore ici l’absence de comité local d’aide aux victimes (CLAV), pourtant prévu par la loi. Crée à la suite des attentats de masse en France, ensuite utilisé pour la coordination de la prise en charge des victimes de violences conjugales, cet organe permet de coordonner les actions pour venir en aide aux sinistrés.

"Ici, on est au cas par cas. On est dans de la discussion stérile, voire délétère pour des personnes qui essayent de se reconstruire", constate tristement Sophia Séco. Contactées à plusieurs reprises, la préfecture ainsi que la métropole de Lyon n’apportent pas le soutien attendu.

"On a envoyé des mails, on ne fait qu’appeler, personne ne nous donne vraiment d’informations. Ils se sont impliqués le jour même, mais derrière ça n’a pas suivi", avoue Dainguy Jean Claude, fatigué. 

11 familles toujours en recherche d’un logement fixe  

Les victimes n’ont pas eu d’autres choix que de se prendre en charge personnellement. Elles ont ainsi créé une association des victimes de l’incendie des Barques, afin d’organiser un accompagnement physique, psychologique et administratif. Ses membres se chargent notamment de trouver des logements pour les familles.

Aujourd’hui, 11 d'entre elles sont encore en attente d’un habitat définitif, dont 7 avec des situations financières suffisantes pour trouver un nouveau bien immobilier. "Le problème, c’est que l’on arrive sur des grandes typologies, de type T4 ou T5, et au niveau de la métropole, il y a de grandes difficultés pour pouvoir accéder à ces logements-là", explique Laetitia Berriguiga, présidente de l’association.

"Ces personnes-là sont toutes encore sur Claude de Bussy, la résidence temporaire, sur des typologies de type T1, T2 ou T3 pour des familles avec parfois 4, voire 5 enfants à charge", ajoute la responsable, sans parler des personnes en situation irrégulière, toujours dans l’attente de régularisation au niveau de la préfecture.

"On n'a pas forcément de retour. Pour ces personnes, la situation est bloquée. Elles ne peuvent pas accéder au logement. Elles sont toujours prises en charge par la mairie à l’hôtel. Jusqu’à quand, je ne pourrais pas vous le dire. C’est toujours précaire. Il n’y a pas de cuisine. C’est vraiment une chambre."

Laetitia Berriguiga. 

Présidente de l'association des victimes de l'incendie des barques.

Les victimes prévoient de saisir la justice  

Depuis peu, l’association s’est dotée d’un avocat, maître Yves Hartemann, pour accélérer les procédures civiles et les indemnisations. "L'immeuble est assuré par l’assurance de la copropriété. Cette assurance est en train de prendre en charge toutes les mesures de sécurité qui sont mises en place actuellement. Elle va prendre en charge probablement la reconstruction de l’immeuble, mais doit aussi gérer l’indemnisation des victimes, que ce soit sur un plan physique ou sur un plan psychologique", affirme l’avocat.

Aujourd’hui à Paris, Laetitia Berriguiga rencontre la déléguée interministérielle de l’aide aux victimes. "Ce qu’il nous faut, c’est une table ronde régulière au niveau des services de préfecture et de la métropole pour que l’on puisse faire le point des besoins des familles en temps réel" souligne-t-elle, "qu'ils nous donnent les moyens de pouvoir avancer et de pouvoir suivre les personnes de manière individuelle". 

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