À cause des conditions météo difficiles, les apiculteurs de Savoie déplorent un niveau de production de miel au plus bas. Les pertes pourraient osciller entre 50 et 80 %, sur fond de crise du secteur en raison d'importations massives.
Ils devaient déjà faire face aux actes de vandalisme, aux vols de leurs ruches et au frelon asiatique. Mais cette année, la météo trop froide et pluvieuse pourrait amener certains apiculteurs à mettre la clé sous la porte.
Sur les hauteurs d’Albertville, à Gilly-sur-Isère (Savoie), le Gaec Mercier a traversé un début d'année compliqué. Dans la miellerie qui compte 950 ruches, la récolte s'annonce maigre cette année.
"On a eu un printemps très froid et très pluvieux, ce qui a compliqué la tâche des abeilles pour le butinage. Les espèces végétales se sont développées tardivement et la pluie a lavé les fleurs printanières (...), donc les abeilles avaient déjà du mal à sortir de la ruche et faisaient face à une ressource quasiment absente", résume Anthony Mercier, apiculteur au Gaec Mercier.
Jusqu'à 80 % de pertes
Les apiculteurs ont dû nourrir leurs abeilles pour les garder en vie. Mais après une production presque nulle au printemps, celle de l'été s'annonce à peine meilleure. "On a une perte de production qui est d'au moins 50 % sur la miellée d'été, mais c'est assez hétérogène", ajoute l'apiculteur. Les pertes pourraient osciller entre 50 et 80 % pour les apiculteurs savoyards.
Sur cette exploitation qui compte quatre apiculteurs associés, une pratique a néanmoins permis de limiter les pertes : celle de la transhumance des ruches vers des départements comme la Drôme ou le Gard. C'est le principe de l'apiculture pastorale.
"On déplace nos ruches en fonction des miels qu'on veut produire. Si on veut faire un miel de lavande, ça ne va pas être possible en Savoie, donc on va déplacer nos ruches dans la Drôme", explique Sandra Mercier, apicultrice au Gaec Mercier.
"On se dit qu'en multipliant les points où on est positionnés, on peut avoir la chance d'avoir un bon créneau météo sur un des sites, complète-t-elle. Il ne fait pas mauvais sur tous les départements en même temps. C'est du travail. On enchaîne les jours, les nuits mais à la fin, on se dit que le jeu en vaut la chandelle."
Mauvaise année sur fond de crise du secteur
Mais les aléas climatiques se font de plus en plus fréquents. À cette difficulté s'ajoute la lutte contre les insectes ravageurs et la crise liée au marché chinois, le plus gros exportateur mondial de miel.
"On est déjà dans un contexte assez compliqué puisqu'on connaît des importations massives de miel à bas coût, des sirops surtout chinois qui sont vendus comme étant du miel, importés en Europe, blanchis sous l'étiquette du pays importateur et ils arrivent en France à des tarifs extrêmement bas", regrette Anthony Mercier.
Comme en 2019 puis en 2021, cette année, les apiculteurs devraient à nouveau bénéficier du régime de calamités agricoles. Mais le processus reste long, trop long pour les exploitants à la trésorerie déjà fragile. Nombre d'entre eux, en particulier les nouveaux installés, pourraient ne pas se relever de cette nouvelle année difficile.