Au deuxième jour du procès de Nordahl Lelandais, la cour d'assises de Chambéry a entendu plusieurs ex-relations de l'accusé. Plusieurs femmes et un homme qui ont décrit tantôt un homme possessif, jaloux et parfois menaçant.
"Il cherchait à me tuer" : un témoignage d'une matinée d'auditions consacrée aux ex-compagnes de Nordahl Lelandais a fait sensation mardi devant la cour d'assises, à Chambéry, mais a été mis à mal par la défense et même l'accusation. Connue dans la presse pour ses déclarations sous le pseudonyme de "Karine", la jeune femme de 41 ans a décrit à la cour un "agresseur" tout en admettant avoir eu "des sentiments", au deuxième jour du procès intenté à son ancien compagnon pour le meurtre d'Arthur Noyer en avril 2017.
"On a eu une relation très sérieuse" pendant un an et sept mois "mais avec des infidélités et des interruptions, a-t-elle dit. Puis, perdant ses mots au milieu de ses larmes, elle a affirmé être "terrorisée" par lui. Nordahl Lelandais est "menteur, menteur, menteur. Et quand il ment, parfois, il n'y a aucune logique". Elle le décrit aussi comme "très très possessif, très collant, très jaloux." "Karine" a indiqué avoir porté plainte à deux reprises contre l'accusé, assurant qu'une procédure était toujours en cours pour des faits de harcèlement.
Mais l'avocate générale elle-même a indiqué que ses plaintes avaient été classées sans suite. La femme au manteau blanc a assuré l'apprendre à la barre.
Le président l'interroge: "Est-ce une vengeance ? Est-ce que vous avez été influencée par tout ce que vous avez entendu dans les médias?" Elle répond: "J'ai déposé plainte contre lui avant la mort de Maëlys De Araujo. Ce que je raconte est vrai."
Plus tôt, le témoin avait raconté qu'au moment de leur rencontre l'accusé lui avait dit qu'"il était champion de France de boxe thaï et son père médecin". "Des mensonges grotesques". Elle raconte aussi, lors du délitement de leur relation fin 2016, début 2017, avoir tenté de prévenir une autre femme, avec laquelle flirtait l'accusé, qu'elle aurait affaire à un homme dangereux et "mythomane".
L'avocat de l'accusé Alain Jakubowicz lui demande si Nordahl Lelandais a eu "un mot, un geste, un acte qui ait été violent à (son) égard". "Il avait le visage froid et fermé", lance-t-elle comme unique réponse.
La matinée s'était ouverte, avec moins de passion, par le témoignage d'une femme qui, de 17 à 20 ans - entre 2012 et 2015 -, a régulièrement retrouvé Nordahl Lelandais dans sa voiture pour faire l'amour. "On se voyait. On savait ce qu'on avait à faire, et à la prochaine fois quoi", a-t-elle raconté, laconiquement, devant la cour.
Une autre, qui a vécu deux mois avec lui, raconte une "rupture dure et violente" avec Nordahl Lelandais. "On était sur la même longueur d'ondes", dit-elle, reconnaissant une activité sexuelle intense et toujours consentie. En quelques mois, elle note l'arrivée de la jalousie, parfois de la frustration, avant qu'il ne la menace avec rage lors de la rupture.
Le dernier témoin de la matinée, un homme d'une trentaine d'années, a raconté les quelques rapports sexuels qu'il a eu avec l'accusé à partir d'octobre 2016 et qui étaient, à sa connaissance, les premières relations homosexuelles de Nordahl Lelandais. Lors de leur première rencontre, le témoin en tenue de latex a été transporté dans le coffre de la voiture de Lelandais avant des relations sexuelles avec godemichés et menottes au bord d'un lac de la région de Chambéry. Gêné à la barre, il affirme ne pas s'être "senti en danger" avant de se dire tout haut: "j'aurais très bien pu finir comme le caporal Noyer".