La punaise diabolique est un véritable fléau auquel sont confrontés les agriculteurs depuis son apparition dans le pays, en 2018. Très invasive, elle ravage les vergers. En Savoie, à La Motte-Servolex, on tente de contrer sa propagation.
Sur un fruit une plaque est en évidence. Ce dernier a été piqué par une punaise diabolique. Mesurant environ 15 millimètres de long, et caractérisée par un dos brun-gris, avec des motifs clairs, il est facile de la reconnaître.
En Savoie, à La Motte-Servolex, elle se délecte dans les 15 hectares de vergers de Jean-Luc Girardin, président de la coopérative fruitière du Tremblay. Pommiers, poiriers, elle est attirée par tous les fruits.
Pour contrer cette prolifération, l’arboriculteur a installé depuis deux ans une cinquantaine de pièges, à base de phéromone. "Des ailettes permettent d’attirer la punaise. La punaise rentre dans le cône, et ressort par le haut", explique l’arboriculteur. Prise au piège par une phéromone grégaire la punaise ne pourra alors plus s’échapper.
Un piège recréant le langage de la punaise diabolique
L'objectif pour l'arboriculteur est de piéger les punaises diaboliques dès le printemps, avant la période de reproduction. Mais il est difficile de faire face. "Une punaise diabolique pond 64 œufs […] Ses 64 larves vont repondre dans un mois 64 œufs. Donc imaginez fin août, il y a une deuxième génération." Et très vite, on arrive à plusieurs milliers de punaises à partir d’une seule. "Il semble qu’on en piège beaucoup plus à l’automne parce qu’elles ont tendance à se rassembler l’hiver."
Depuis quelque temps, Jean-Luc Girardin expérimente un nouveau piège, un boîtier italien. Il est muni de panneaux solaires et actionne une puce pour effectuer des vibrations. Le piège recrée ainsi le système de langage des punaises diaboliques. Une solution à priori plus efficace.
Piège ou filet, chacun tente sa solution
D’autres arboriculteurs ont fait le choix de la défense plutôt que de l’attaque. Il y a deux ans, Michel Sulpice a investi près de 14 000 euros de filet afin de couvrir ses sept hectares de terrain. Et forcément, ce sont des petites choses contraignantes qui s’ajoutent. "Dès qu’on ferme le bout des parcelles, c’est vrai qu’on n’est plus libre. Que ce soit pour faire des observations dans le verger, si on doit faucher l’herbe, si on doit faire de l’éclaircissage […] à chaque fois il faut fermer derrière, ouvrir un bout à l’autre."
Originaire d’Asie, la punaise diabolique est observée en France depuis 2018. Dans le territoire, elle n’a aucun prédateur susceptible de l’éliminer naturellement. Si c'est un gros problème pour les arboriculteurs, rassurez-vous, elle n’est pas dangereuse pour l’homme ni pour les animaux de compagnie.