Après que Rome a donné son feu vert à la réalisation du projet de ligne ferroviaire controversée entre Lyon et Turin, les opposants comptent poursuivre leurs manifestations. Ils organisent un rassemblement en Italie vendredi 9 août, jour de la visite du président de la région du Piémont.
Après des mois de tensions et discussions au sein de la majorité gouvernementale, Rome a finalement dit "oui". L'Italie a affirmé son soutien au projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin dans une lettre à l'Union européenne fin juillet, mais les opposants n'entendent pas arrêter leur mobilisation.
Réagissant à ce vote, les opposants à ce projet controversé, les "no-Tav" comme on les appelle en Italie, ont déploré la victoire du "parti des tiges d'acier et du ciment" et dénoncé des "manoeuvres de palais". "Nous continuons seuls", a martelé le mouvement sur son site internet après avoir notamment organisé une manifestation le 27 juillet. Les no-Tav mettent au défi le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini de stopper leur "travail constant de mobilisation" qui a permis, assure-t-il, de bloquer le chantier "depuis plus de 400 jours" côté italien. Comme ça, "il pourra voir de près ce que signifie mener un chantier en territoire hostile".
Ils entendent notamment manifester vendredi lors d'une visite du président de la région du Piémont, Alberto Cirio, à Chiomonte, une des communes où passera la Tav et théâtre régulier des tensions depuis des décennies. En juin et juillet 2011, de violents affrontements y avaient opposé des centaines de manifestants encagoulés, venus de toute l'Italie, aux forces de l'ordre.
"Trahison"
La mobilisation ne devrait néanmoins pas être massive ce vendredi. Le chef du gouvernement Giuseppe Conte, proche du M5S, a récemment admis que ne pas réaliser la ligne ferroviaire "coûterait beaucoup plus cher" que mener le projet à son terme. Un des leaders des no-Tav, Alberto Perino, a ensuite accusé le M5S de "trahison".
Vieux de plusieurs décennies, le projet de LGV Lyon-Turin vise à réduire les transports de marchandises en camion au profit du rail et à diviser par deux le temps de trajet pour les passagers, en mettant Turin à deux heures de Lyon. Son élément central est un tunnel de 57,5 km, qui a commencé à être creusé dans les Alpes italiennes et françaises, et dont le coût est estimé à 8,6 milliards d'euros.
Selon un sondage publié en début de semaine, sept Italiens sur dix sont favorables au projet. A l'hiver 2018-2019, plusieurs grandes manifestations ont eu lieu à Turin, réunissant successivement des dizaines de milliers de partisans et d'opposants au projet.