L'élevage Insectomie, à Yenne en Savoie, propose une gamme de produits alimentaires à base d'insectes, autorisés à la consommation par l'Homme par l'Autorité européenne de sécurité des aliments depuis le 13 janvier. Des produits pleins de protéines et plus écologiques que la viande.
Séchés ou en poudre, ils pourraient peut-être bientôt arriver dans nos assiettes, et devenir les futurs encas phares des apéritifs. L'Autorité européenne de sécurité des aliments a autorisé le 13 janvier la consommation par l'humain des vers de farine. Une bonne nouvelle pour l'élevage, un peu particulier, dont s'occupe Christophe Coumes, à Yenne en Savoie, lancé avec sa compagne en 2015.
Car ses bêtes à lui, ce sont les insectes et autres petites bestioles culturellement peu associées à la gastronomie en France. Et notamment les fameux vers de farine, larves de coléoptères, ardemment redoutés par les boulangers mais élevés en bonne quantité à Yenne. "Actuellement, on en produit quelques kilos par semaine, mais comme les insectes se développent très vite, on a la capacité d'augmenter la production en quelques semaines", estime Christophe Coumes.
Contrairement à beaucoup d'éleveurs d'insectes, les produits de l'élevage de Yenne ne sont pas faits pour nourrir les animaux, mais bien les humains. Et pour cause : dans un monde qui essaie de réduire sa consommation de viande, un ver de farine est "très très riche en protéines de bonne qualité, en plus d'avoir des minéraux, des vitamines, des bonnes graisses", se réjouit Vincent Porrili, cousin de Christophe Coumes et coach sportif, déjà grand amateur. "C'est vraiment un super aliment."
Franchir la barrière psychologique
Avant le 13 janvier, l'éleveur profitait d'un "flou juridique" : "Il n'y avait pas d'autorisation mais pas d'interdiction." Un flou dont il profitait pour vendre ses produits sur les marchés : grillons au paprika, vers de farine séchés ou biscuits fabriqués à partir de farine d'insectes réduits en poudre... l'élevage propose toute une gamme de produits variés, dont la consommation ne demande que le franchissement d'une barrière psychologique.
Mais depuis l'autorisation de l'Autorité européenne de sécurité des aliments, ces produits ont trouvé une place dans les rayons de la coopérative du Tremblay, située à La Motte-Servolex en Savoie. Laurent Favet, le responsable du magasin, raconte ne pas avoir hésité : "Dès que des produits locaux arrivent, on est preneurs !" Locaux, et écologiques. La production demande très peu d'eau (notamment en comparaison avec la viande pour les mêmes apports nutritifs), et pollue moins que d'autres types d'élevage, notamment en matière de gaz à effet de serre.
Reste aux autorités à tester les éventuels risques allergènes. Le secteur attend une autorisation définitive mi-2021.
Retrouvez le reportage de Léa Kebdani et Frédéric Pasquette :