Alpinisme. Alasdair McKenzie, qui réside à Tignes (Savoie), vient de gravir l'Everest à seulement 18 ans, ce mardi 16 mai. Ce passionné de la montagne veut devenir le plus jeune alpiniste à gravir les 14 sommets de plus de 8 000 mètres d'altitude. Une manière, selon lui, "d'inspirer les jeunes" générations.
Après avoir gravi l'Everest à seulement 18 ans, le jeune alpiniste Alasdair McKenzie, résidant à Tignes en Savoie, espère venir à bout des 14 sommets de plus de 8 000 mètres d'altitude. Et ce, en moins de 18 mois.
Cette performance lui permettrait de devenir le premier alpiniste français à atteindre ces 14 sommets himalayens. Le Franco-Ecossais compte déjà à son actif les sommets du Lhotse (8 516 m) et du Makalu (8 481 m), qu'il a gravis à 17 ans, ainsi que celui de l'Annapurna (8 091 m).
Redescendu au camp de base après son ascension de l'Everest, Alasdair McKenzie nous a accordé une interview par téléphone depuis le Népal. Entretien avec un jeune alpiniste aux grands rêves.
France 3 Alpes : "Vous venez d'atteindre le sommet de l'Everest (8 849 m), mais vous ne pouvez pas vraiment vous reposer dans votre quête aux 14 sommets de 8 000 mètres. Quelle est votre prochaine étape ?
Alasdair McKenzie : Nous sommes en train d'étudier la météo et les conditions en montagne. On devrait bientôt partir pour le Dhaulagiri (8 167 m) ou le Kangchenjunga (8 586 m). Le but serait d'enchaîner ces deux montagnes avant la fin de la saison. Après, on prendra une dizaine de jours de repos. Je reviendrai en France pour voir ma famille. Puis, j'irai ensuite au Pakistan pour enchaîner les cinq 8 000 là-bas (le K2, le Nanga Parbat, le Broad Peak le Gasherbrum I et II).
Qu'est-ce qui vous anime dans ce défi ? Pourquoi vouloir devenir le plus jeune à atteindre ces sommets ?
Dans un premier temps, je me suis pris de passion pour cette ambiance au Népal et les expéditions de 8 000 m. C'est quelque chose de spécial, c'est de l'entraide. Les Népalais te font ressentir les lieux comme si tu faisais partie de leur famille.
Je sais que je suis jeune, mais mon projet peut inspirer des personnes de mon âge comme des personnes plus âgées.
Alasdair McKenzie
En plus de ça, j'avais déjà gravi le Lhotse l'année dernière. Et neuf jours plus tard, on était directement monté au sommet du Makalu. Après ça, j'ai réalisé que c'était possible d'enchaîner des sommets aussi hauts en si peu de temps. C'est à ce moment-là que je me suis dit : 'Pourquoi pas à 18 ans, enchaîner les 14 plus hauts sommets du monde en 18 mois ?' Ce défi, c'est aussi une manière de montrer aux jeunes que, si on se donne les moyens et si on y croit vraiment, on peut tout réussir.
Pour toi, est-ce que l'âge rentre en compte dans ton défi ?
L'âge n'a rien à voir avec ce que je fais et mes expéditions passées. Ça s'applique à tout le monde : si on souhaite faire quelque chose et qu'on est prêt à s'y donner entièrement, on peut y arriver. Je sais que je suis jeune, mais mon projet peut inspirer des personnes de mon âge comme des personnes plus âgées.
Derrière ces expéditions, il y a toute une partie logistique, avec notamment la recherche de financements. Est-ce que ça a été difficile pour vous, compte tenu de votre précocité dans le milieu ?
C'est vrai qu'il y a le bon côté du projet : gravir les sommets, partir en expédition. C'est ce que les gens voient. Mais il y a aussi tout ce qui est derrière : la préparation, la recherche de financements. C'est un travail de fou. On a travaillé à fond et pendant plus d'un an là-dessus.
C'est une grosse partie du boulot. Et plusieurs personnes, vu mon âge, m'ont dit que c'était un projet trop compliqué, trop difficile. Il y a toujours eu des gens qui ont été là pour dire "non", que c'était impossible. Mais j'ai quand même réussi à trouver des partenaires, comme la fondation de la Princesse Charlène de Monaco ou encore l'équipementier Thermic et la station de Tignes. Ils sont à fond derrière moi et croient en moi. C'est ce qui a fait du bien au mental.
Vous êtes né en Bretagne et avez déménagé, pendant votre enfance, dans les Alpes. Comment êtes-vous rentré dans ce milieu très exigeant de la haute montagne ?
Je suis né à Lorient, mais j'ai quand même appris à skier à l'âge de deux ans. On a déménagé avec ma famille à Chamonix quand j'étais enfant. J'ai donc pu continuer le ski et vraiment accrocher avec le milieu de la montagne.
Quand j'étais plus jeune, on m'a beaucoup appris et j'ai envie de transmettre cette passion à d'autres gens à l'avenir.
Alasdair McKenzie
Puis, quand je suis venu à Tignes, c'était vraiment pour me consacrer au ski de compétition. J'ai alors un peu délaissé l'aspect montagne. Mais quand j'étais sur ma dernière année de ski, j'ai ressenti ce besoin de sortir, de quitter certaines de mes habitudes. Je consacrais la plupart de mon temps à skier et à manger. J'avais l'impression de ne faire plus que ça.
Je me suis donc remis à la montagne et j'ai eu le sentiment que c'était ce dont j'avais besoin. Du jour au lendemain, j'ai arrêté le ski de compétition et je me suis consacré à 100 % à la montagne.
Quels sont vos sentiments lorsque vous franchissez les 8000 mètres d'altitude ?
Tout est simple là-haut. On essaye de profiter de la vue, même si les conditions ne sont pas toujours optimales. Sur les deux derniers sommets, on a joué avec le mauvais temps. Donc on ne devait pas trop s'attarder au risque d'attraper des engelures.
Ce qui me plaît à cette altitude, c'est aussi de ressentir cette liberté au sommet, de ne penser qu'à une chose et d'être dans le moment présent. C'est un sentiment particulier, ce n'est pas facile à expliquer.
Vous êtes encore jeune, mais vous pensez avoir trouvé votre voie en haute montagne ?
Ce défi fait aussi partie de mon projet plus global de devenir guide de haute montagne. Ça a toujours été un rêve de guider des gens. Quand j'étais plus jeune, on m'a beaucoup appris et j'ai envie de transmettre cette passion à d'autres gens à l'avenir. J'espère que je continuerai à gravir les 8 000 pour les montrer à d'autres gens.
Si vous devenez guide et qu'un jeune de 17 ans venait vous voir pour gravir les 14 sommets de 8 000 mètres, comment réagiriez-vous ?
S'il est prêt à tout donner, à se consacrer à son projet et à s'entraîner, je serais 100 % avec lui pour qu'il prenne le record. Ce serait génial."