Amandine et Léonard Mousset-Costerg ont fait le pari d'élever ces brebis rustiques en Maurienne. Les "Thônes et Marthod" sont particulièrement adaptées au climat savoyard. Elles sont élevées pour leur lait mais aussi pour leur viande.
Quand Amandine et Léonard Mousset-Costerg se sont installés en tant qu'éleveurs, en 2011, il n'y avait plus que 4000 brebis de la race "Thônes et Marthod" en France. Dix ans plus tard, la race, typiquement savoyarde, connaît un retour en grâce.
Il faut dire que ces brebis rustiques sont particulièrement bien adaptées aux Alpes. Les Thônes et Marthod tirent d'ailleurs leur nom de deux villages de la région (situés en Haute-Savoie et en Savoie). Elles supportent, mieux que d'autres, les grandes variations de températures offertes par le climat montagnard. "Elles peuvent passer un jour ou deux dehors sous la neige", indique Amandine.
Résistante et "rustique"
Leur toison blanche tâchée de noire aux extrémités, facilement reconnaissable, n'est pas qu'esthétique. Les parties noires au bout des oreilles, des pattes et du mufle "permettent d'emmagasiner la chaleur", confie Amandine. Les cercles noirs autour de leurs yeux sont eux censés les protéger des UV.
Le couple, dont l'exploitation est située sur les hauteurs de Saint-Michel-de-Maurienne, a choisi cette race autochtone pour sa résistance mais aussi pour son caractère mixte : ces ovins peuvent être élevés à la fois pour le lait (pour faire des fromages) et pour la viande d'agneau.
L'hiver, la centaine de brebis reste au chaud dans la bergerie. Fin janvier, débutent les mises bas. Cette année, environ 120 agneaux ont vu le jour pour le plaisir de Gustin 7 ans, et de Zélie, 9 ans, qui donnent le biberon aux trois orphelins de la saison.
Une histoire de famille
A voir évoluer la petite fille au milieu des bêtes, on comprend vite que l'amour des animaux est une histoire de famille et de transmission. Amandine a repris le flambeau de l'élevage dans le même village que ses parents qui avaient eux aussi des brebis. "Il nous en reste d'ailleurs deux qui appartenaient à mes parents", indique l'éleveuse.
Le couple a récupéré un peu de matériel et des terres et a créé une nouvelle exploitation pour vivre sa passion. Amandine et Léonard sont tous les deux accompagnateurs de montagne. C'est d'abord l'amour de cet environnement qui les a poussés à s'installer dans l'agriculture. "On voulait vivre de la montagne par la montagne, donc l'élevage est devenu assez vite une évidence et on réfléchit notre élevage en montagne de manière globale avec l'alpage qui prend une grande place. C'est pas juste être éleveurs. C'est habiter et vivre de notre territoire".
"La traite dehors, au coucher du soleil, c'est du bonheur"
Désormais, la famille attend les beaux jours avec impatience. Les brebis et les agneaux vont pouvoir retrouver leurs aises sur les 30 hectares d'herbe alentours. Cet été, le troupeau partira en alpage. La saison la plus dense, car il faudra monter faire la traite deux fois par jour, entretenir les parcelles et déplacer les bêtes d'un parc à l'autre tout en les protégeant du loup.
En 2014, une dizaine de leurs agneaux avaient été égorgés. Une attaque qui a laissé des traces mais qui ne les a pas découragés pour autant. Car ce métier "nous rend heureux", affirme Léonard avec un grand sourire. "La traite en alpage, face à ce panorama au coucher ou au lever du soleil...c'est du bonheur".