Risque d'accidents, de brassage de populations... L'exécutif a préféré repousser l'ouverture des remontées mécaniques à janvier dans un contexte de crise sanitaire. Le point sur les arguments avancés.
Dans les Alpes, la colère ne retombe pas. La perspective d'un Noël sans ski, confirmée par Jean-Castex jeudi 26 novembre, fait craindre une saison difficile au pays de l'or blanc. Aux craintes s'ajoute l'incompréhension des acteurs de la montagne face à des décisions qu'ils estiment injustifiées. Alors que certains pays, à l'image de la Suisse, ouvrent grand leurs pistes.
"C'est une aberration, car c'est une activité de plein air", s'est emporté le président de Domaines skiables de France, Alexandre Maulin. Quant à l'argument de la situation des hôpitaux proches de la saturation à cause du Covid-19, "rappelons que 92% à 94% des accidentés du ski sont traités en cabinets de station. Et il y a aussi beaucoup de place dans les cliniques privées", ajoute le président de l'Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM), Jean-Luc Boch.
Des chiffres confirmés par le réseau Médecins de montagne, regroupant plus de 300 médecins généralistes installés en stations de sports d'hiver. Selon leurs chiffres pour la saison 2018-2019, les personnes blessées sur les pistes de ski finissent à l'hôpital dans un petit peu plus de 5% des cas.
Le risque d'un brassage de populations
Mais le gouvernement craint surtout un brassage de populations en stations. "Il ne serait pas prudent de laisser se rassembler des flux très importants", a déclaré le Premier ministre Jean Castex jeudi. Craintes partagées par le ministre de l'Economie, Bruno Lemaire, ce vendredi à l'antenne de France Inter. "Notre évaluation aujourd'hui, c'est que rouvrir les stations de ski avec le risque d'avoir des festivités, des gens qui se retrouvent en appartement ou en chalet, nous fait courir un risque sanitaire important", a-t-il estimé.
Dans la vallée de Chamonix, par exemple, 50% de la clientèle des stations est étrangère, principalement européenne. Dans l'autre moitié de provenance française, seuls 20% des skieurs viennent de la région. Les autorités redoutent donc un afflux de population dans des territoires où le Covid-19 circule encore largement.
La Haute-Savoie présente les plus forts taux d'incidence et de positivité de France métropolitaine depuis le 13 novembre. Les trois départements des Alpes du nord figurent encore parmi les territoires les plus touchés de France par le virus avec un taux de positivité sur 7 jours glissants allant de 255 à 351 pour 100 000 habitants au 23 novembre.
"Revendications populistes"
"Ceux qui mettent l'après-ski et les remontées mécaniques dans le même panier ne s'engagent pas dans un débat honnête, mais contribuent avec leurs revendications populistes à un préjudice massif", estime pour sa part le président de la Fédération internationale des associations nationales d'exploitants de remontées mécaniques (FIANET), Mario Stedile-Foradori, dans un communiqué. Il appelle les gouvernements européens à se mettre d'accord sur l'ouverture de leurs remontées mécaniques alors que la confusion règne.
Dans une tribune signée par une cinquantaine d'élus, une quinzaine d'organismes et entreprises, le milieu de la montagne estime qu'il n'y a "aucune raison crédible à ne pas ouvrir" les stations de sports d'hiver dès les vacances de Noël. Ils affirment comprendre "qu'eu égard au contexte, des décisions d’ouverture ne puissent pas encore être prises et à cet égard l’évolution des prochaines semaines sera décisive, il ne faut pas se précipiter. Une décision mi-décembre permettrait encore de démarrer la saison dans de bonnes conditions."
Le secteur des sports d'hiver génère 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel en France et 400 millions d'euros d'investissements. Il emploie, directement ou indirectement, plus de 120 000 personnes.