Viandes rouges et charcuteries cancérogènes : la filière défend son beefsteak

Une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé conclut que la consommation de charcuterie est cancérogène et que celle de viande rouge l’est probablement aussi. Dans la région, la filière viande relativise cette annonce mais elle redoute des conséquences.

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Consommer 50 grammes par jour de charcuterie augmenterait le risque de cancer colorectal de 18% et consommer 100 grammes de viande rouge au quotidien pourrait aussi augmenter ce risque de 17%. Telles sont les conclusions d’une étude du Centre International de Recherche sur le Cancer, agence de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

 

"On ne changera pas nos habitudes !"

Dans une boucherie du centre ville du Puy-en-Velay, ce mardi, beaucoup de clients ont lu ou entendu l’information, mais ne semblent pas émus outre mesure : "On va continuer d’acheter une entrecôte pour deux chaque semaine, on ne va changer nos habitudes !", dit une cliente âgée. Une autre réaffirme sa confiance en son boucher. Pour une troisième : "Il suffit d’être raisonnable dans son alimentation pour bien se porter !"

Toujours est-il que les "produits carnés transformés" (les charcuteries) ont été classés dans le groupe 1 de l’OMS, les produits "cancérogènes pour l’homme", comme l’amiante et le tabac ! Les viandes rouges sont dans le groupe 2 A, les produits "probablement cancérogènes pour l’homme". Et c’est toute une filière qui en redoute les conséquences.

 

Une affaire de quantité et de qualité

En France, la consommation moyenne de viande de boucherie est seulement de 52,5 grammes par jour et par personne selon l’association interprofessionnelle du bétail et des viandes. Cette consommation est inférieure à la limite recommandée par le Centre International de Recherche sur le Cancer. Selon Interbev, il faut donc "remettre en perspective (cette étude) par rapport aux niveaux réels de consommation et à l'équilibre global de consommation".

Localement, en Haute-Loire, département d’élevage laitier et bovin, on mise beaucoup sur la qualité de la production. C’est le cas de l’association du "fin gras du Mézenc" qui regroupe une centaine d’éleveurs. Ils produisent une viande saisonnière couronnée par une appellation d’origine depuis bientôt 10 ans.

Pour Bernard Bonnefoy, éleveur de vaches limousines et Aubrac et président de l'association " fin gras du Mézenc" : "Nos animaux sont essentiellement élevés à l’herbe, la richesse de nos plantes permet d’avoir des animaux en bonne santé. Or consommer des animaux en bonne santé, c’est un gage pour nous d’être en bonne santé".

 

La filière s’inquiète tout de même

Selon l’étude rendue publique cette semaine (qui est une compilation de travaux précédents), de fortes présomptions pèsent sur le rôle du fer présent dans la viande rouge, ainsi que, dans le cas des charcuteries, celui des nitrates et nitrites utilisés pour leur fabrication.

"On les utilise pour la conservation de nos produits, mais on en utilise de moins en moins et puis tous nos ingrédients et nos charcuteries sont fréquemment soumis à des contrôles", explique un salaisonnier de Solignac-sur-Loire (Haute-Loire) qui emploie une vingtaine de salariés.

En Haute-Loire, la salaisonnerie représente plusieurs centaines d’emplois. La profession ne cache pas son inquiétude : "La filière viande se remet tout juste des conséquences de la crise de la vache folle !", fait remarquer Philippe Nicolas qui exploite une boucherie-salaisonnerie familiale.

Artisan boucher, Serge Thioulouse du Puy-en-Velay constate lui que l’apparition, il y a quelques semaines, de cas de fièvre catarrhale ovine dans la région a fait chuter ses ventes de mouton de moitié pendant une semaine. Il redoute une baisse sur les viandes rouges pendant quelque temps suite à cette étude de l'OMS.

Aujourd’hui, même si les effets ne sont pas immédiats, les professionnels de la viande espèrent que leurs clients ne changeront rien à leurs habitudes alimentaires, qu'ils feront la part des choses… "Quand on voit les risques de l’alcool, du tabac ou de la route, il faut relativiser. Il suffit d’avoir un régime équilibré. La leçon c’est peut-être de dire aux consommateurs d’apprendre à bien manger", conclut Bernard Bonnefoy.


 
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