VIDEO. Le Covid-19 derrière les barreaux, au Centre Pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier en Isère

REPORTAGE. A une heure de Grenoble, le Centre Pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier : comment derrière les barbelés a-t-on perçu l'arrivée du Covid? A-t-on peur du virus? Comment vit-on le confinement? L'univers carcéral, que l'on sait surpeuplé, a-t-il su gérer la crise sanitaire ?
 

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La région Auvergne- Rhône-Alpes compte au total 19 établissements pénitentiaires, 12 services d'insertion et de probation, sous la houlette de l'Administration Pénitententiaire interrégionnale basée à Lyon. Cela représente sur tout le territoire 4000 agents, 6800 personnes détenues hébergées, 17 000 personnes en placement judiciaire.

A une heure de route de Grenoble, à 30 minutes de Lyon, le centre pénitentiaire de Saint-Quentin Fallavier a ceci de particulier qu'il est à la fois centre de détention, et maison d'arrêt. 200 personnels, et 590 détenus y vivent au quotidien, un "Monde... hors du Monde".

Comme à l'extérieur, le couperet du confinement général le 17 mars est tombé d'un coup. Le virus, dont les prisonniers percevaient de lointains échos est alors devenu réalité. Comme à l'extérieur, il a provoqué un premier état de "sidération" face à une situation totalement inédite : comment, dans un univers déjà clos et restreint, organiser, et vivre, aussi brutalement le confinement dans le confinement?
 


"Il a fallu tout inventer"

Stéphane Scotto, le directeur interrégional de l'Administration Pénitentiaire se souvient d'un moment ...saisissant :  "Le premier confinement a en effet été une séquence particulière. Il n'y avait pas de précédent. Il a fallu tout inventer, sans protocole immédiat précis, tout réorganiser et vivre pendant des semaines par exemple sans parloirs. L'organisation a été difficile à mettre en oeuvre, dans la mesure où toutes les procédures sanitaires étaient à construire. Ce second confinement est différent, nous avons pu tirer des enseignements de la première période et ajuster les situations, nous avons désormais des organisations bien distinctes". 
 

Le centre pénitentiaire, en alerte Vigipirate écarlate, et en pleine crise sanitaire a accepté de nous ouvrir ses portes, mais a préféré, par sécurité, ne pas nous autoriser à tourner dans les coursives où vivent les prisonniers. C'est dans la salle polyvalente, où toute activité est à l'arrêt, que Mickael, jeune prisonnier en centre de détention a accepté de nous rencontrer.

Il était déjà incarcéré quand les premières informations, un peu diffuses, parvenaient de Chine, c'était en février :" Je me tenais au courant, on parlait vaguement de la Chine, puis de l'Europe, puis de la France...et pour tout vous dire, quand le président a annoncé à la télévison le confinement généralisé, j'étais en permission de sortie, j'ai eu un peu peur qu'on nous rappelle pour rentrer plus tôt, en urgence, mais cela n'a pas été le cas".
 

A l'heure de la seconde vague du Covid, et du re-confinement, Mickael nous livre non sans sagesse, humour et philosophie son sentiment : " Vous savez, ça me fait un peu rigoler quand j'entends aux infos les gens qui se plaignent, qui disent..,oui.. on est enfermés, par rapport à nous, ce qu'il faut qu'ils comprennent, c'est qu'ils ont tout le luxe de l'extérieur, ils peuvent parler à leur famille H24, ils ont internet en permanence, le téléphone, même si nous on l'a, comme la télévision, mais c'est plus limité que vous, c'est vraiment différent. Ici, c'est vraiment la prison, l'enfermement, dehors, c'est peut-être plus difficile parce que vous ..vous n'avez pas l'habitude de cet enfermement".
 

Le confinement dans le confinement

Dès son retour de permission, Mickael comme tous les autres détenus s'est retrouvé plongé au coeur du confinement dans le confinement. En quelques heures, la vie s'est tout simplement arrêtée net. La journée s'est réduite...à leur seule cellule de 9 m2, entre 4 murs, avec vue sur barreaux. En centre de détention, où les détenus "en milieu dit ouvert" ont une clé de confort et peuvent habituellement vaquer à leurs occupations dans les étages, les créneaux de " liberté" de circulation ont été restreints à deux heures, pour "l'essentiel". Dans les autres quartiers, seuls les temps de promenade matin et soir ont rythmé les journées. 

Dans les coursives, il a fallu "organiser" des flux de circulation alternée précise la directrice adjointe Céline Triponey: "Des créneaux horaires ont été mis en place. Une partie des prisonniers, par roulement de 10 cellules, pouvait sortir aller prendre une douche, se préparer un repas à la cuisine, pendant que les autres restaient enfermés, puis on inversait, en tâchant de faire en sorte que ce soit équitable pour tout le monde".
 

Dans l'intervalle, plus rien, ni sport, ni travail, ni bibliothèque, ni atelier. Plus aucune visite autorisée. Les bénévoles qui animaient des clubs d'informatique ont cessé de venir. Les visites cultuelles ont été suspendues. Impossible évidemment de recevoir ses proches dans les unités de vie familiale. Et surtout tous les parloirs ont été arrêtés.
 
 

Déclaré "cluster" en novembre, le centre pénitentiaire a été massivement dépisté

A Saint-Quentin-Fallavier, pour gérer la circulation du virus, l'aile habituellement réservée aux arrivants -où s'effectue la première prise de contact avec les services, les démarches et le fonctionnement de la prison- a été déplacée ailleurs dans l'établissement, pour devenir un SAS entièrement dédié au Covid-19 : "C'est devenu un quartier à part, dès qu'on a une suspicion, une personne qui présente des symptômes, qui ne sent pas bien, ou qui a été testée positive, on la place ici à l'isolement, pour l'extraire de la détention et éviter les risques, avant de faire le lien avec l'unité sanitaire et entamer une prise en charge médicale" détaille la directrice de la détention, Sophie Logario.

Resté à la porte lors de la première vague de l'épidémie, le virus a fini par rentrer. Saint-Quentin-Fallavier a été déclaré "cluster", avec trois cas avérés. Sur décision de l'ARS (L'Agence Régionale de Santé), comme c'est la règle, tout le monde a été dépisté les 4 et 5 novembre dernier, détenus comme personnels, avec au final quatre cas positifs, dont trois détenus et un intervenant extérieur. 

"Depuis le mois d'août, dix-sept dépistages massifs croisés ont été effectués (détenus et personnels) Quatre de nos établissements sont encore classés en cluster, indique Stéphane Scotto qui se félicite "que le taux de positivité soit extrêmement faible à l'arrivée, et que cela laisse entendre que notre dispositif de protection face au virus est efficace".
 

Le port du masque généralisé... sur l'insistance des détenus et des personnels 

"C'est toujours beaucoup plus compliqué qu'on ne le pense," nous raconte Richard Boulay, directeur du Centre pénitentiaire de Saint-Quentin : "Il a fallu s'adapter en temps réel et en tâtonnant. Le premier confinement a été très dur à mettre en place, notamment en régime ouvert. Quand la situation sanitaire a changé de stade, on s'est posé la question de savoir si cette fois on pouvait le maintenir ouvert".

"On en parlé avec les détenus eux-mêmes. C'était en quelque sorte un pacte : si vous respectez les règles sanitaires, on gardera le régime tel quel, on se réserve le droit de revenir dessus si ça se passe mal. Eh bien nous n'avons eu aucun souci, tous ont été responsables.(...) il n' y a eu qu'une petite proportion très marginale de personnes incarcérées qu'il a fallu cadrer, et isoler des autres, qui auraient été tentés de les rappeller à l'ordre, et cela aurait pu déraper".

Il a fallu s'adapter aussi aux stratégies sanitaires "girouettes", comme à l'extérieur-où on disait d'abord le masque inutile, puis obligatoire- à un approvisionnement en gel et en masques pour le moins laborieux, et la tactique de départ a été... hésitante. 

Dans un premier temps, on a en effet ici d'abord conseillé aux gardiens de ne pas mettre de masques, par peur de "semer la psychose" dans la population carcérale, une mauvaise idée selon les syndicats : "en mars on refusait aux gardiens le droit de porter un masque parce qu'ils allaient faire peur aux détenus, or les détenus avaient peur d'être contaminés par les personnels pénitentiaires, car ce sont eux qui allaient et venaient de l'intérieur vers l'extérieur et vice versa, et ce sont les détenus qui ont revendiqué le port du masque généralisé, pour tout le monde, y compris pour eux-mêmes". tempête un peu Alain Chevallier, délégué régional d'Ufap - Unsa Justice.
 

"Une petite heure d'intimité, derrière une plaque de plexiglas, sans pouvoir se toucher "


Même couac, à l'heure du déconfinement, le 11 mai, quand il a été question de rouvrir enfin les parloirs. Le débat s'est corsé. Et ce sont aussi paradoxalement les détenus et les personnels qui sont montés au créneau, sur les conditions sanitaires. Une reprise que tous les prisonniers et leurs familles attendaient. Une reprise dont les syndicats ne voulaient pas, telle qu'elle était envisagée en tout cas " improvisée dans de grandes salles, en face-à-face, en comptant sur les visités et les visiteurs pour respecter la distanciation. un casse-tête pour les surveillants, un crève-coeur pour les détenus dont certains nous disaient clairement" affirme Alain Chevallier : "comment voulez-vous que je puisse ne pas prendre dans mes bras ma femme ou mes enfants que je n'ai plus vus depuis si longtemps?" 

Mickael pour sa part nous a confié y avoir renoncé pour l'instant, comme aux permissions de sortie d'ailleurs : "c'est déjà compliqué de les obtenir, il faut bien peser le pour et le contre, si c'est pour passer la journée à l'intérieur sans sortir, sans pouvoir même embrasser mes parents, mes frères et soeurs, mes neveux, c'est trop difficile. Je préfère reporter et ne pas nous mettre en danger. Mais on est tous différents, pour certains détenus, c'est vital d'aller voir leur famille, dont la vie s'est compliquée avec la crise du Covid".

Les familles elles aussi ont été nombreuses à s'inquiéter des nouvelles conditions de visite. " Nous avons eu beaucoup de témoignages et d'appels en ce sens pendant cette période à l'association" nous a confirmé François Bes, de l'OIP-SF,  (l'Observatoire International des Prisons) . "Certaines exprimaient leurs craintes d'y emmener notamment les enfants, et se plaignaient par ailleurs, du manque d'information".
 

Les boxes classiques ont finalement été réaménagés. Une séparation en plexiglass. Plus aucun contact direct. Un hygiaphone placé en hauteur d'une cloison de bois. Un peu difficile de bien s'entendre, frustrant de ne pouvoir se toucher, mais au moins une petite heure précieuse d'échange et d'intimité sans risque de se contaminer.
 

A l'heure de la seconde vague, La maison d'accueil des familles  gérée par  l'association Totem, est de nouveau fermée pour cause de confinement. Plus question d'y boire un café, de partager quelques instants de convivialité, de se reposer un peu, surtout quand on vient de loin. C'est dehors, dans la brume froide du nord-Isère, que les proches attendent l'heure de l'appel.

Pour circuler, en cas de contrôle, ils doivent cocher la case 4 de l'attestation dérogatoire : motif familial impérieux. Ils doivent aussi être en mesure de produire la preuve d'un rendez-vous de parloir, un courrier ou un SMS de l'établissement pénitentiaire. A l'intérieur, à l'entrée, elles doivent aussi signer un certificat "sur l'honneur, attestant qu'elles ne présentent pas l’un des symptômes du covid-19 et qu’elles n'ont pas été en contact avec une personne symptomatique". Une attestation "ridicule" ont estimé les avocats qui venaient rencontrer leurs clients et qu'ils devaient aussi signer. Bon nombre d'entre eux ont d'ailleurs saisi les Tribunaux Administratifs en référé liberté...et ont gagné.

La vie au ralenti

Au gré des circulaires, des allègements, des aménagements, des ajustements, la vie carcérale a repris un peu de vigueur et de souffle. 
Les ateliers sont de nouveau opérationnels. Il a fallu réduire le nombre de détenus au travail pour respecter les distances préconisées, la production tourne bien en deçà du seuil habituel.
 

"Là où il nous fallait 5 jours, on met beaucoup plus de temps forcément, mais cette production réalisée en prison est importante. Nous avons des clients derrière, et si le site était resté fermé, ça aurait mis en péril les entreprises qui ont pu continuer à travailler lors de cette phase de confinement" assure le directeur du site Sodexo Justice Thierry Berthet.

Le sport est de nouveau accessible, notamment en extérieur. Le jour de notre visite ce mardi 24 novembre, personne n'y a eu droit. Une chape de brume à couper au couteau enveloppait le stade et la pelouse. L'Alerte Brouillard a été déclenchée: depuis le mirador, on discerne mal les hommes et leurs mouvements. C'est la loi, en prison.
 

L'établissement a repensé le parcours des activités sportives, "un exutoire essentiel en détention, qui permet en outre de créer d'autres rapports, d'autres échanges avec les gardiens" souligne Sophie Logario. Le gymnase, plus aéré a été rouvert, mais en individuel ou tout petit groupe, avec encadrement et désinfection systématique. Aucun accès en revanche aux agrès de musculation.

Quand la météo s'y prête, des parcours de cross fit ont été installés sur le stade de foot, un projet plus complet est en cours et devrait être pérennisé. "La crise nous a forcés à plus d'imagination, on a testé des choses, auxquelles les équipes d'animation ont réfléchi quand le yoga ou les sessions de sophrologie ont été suspendues, on a par exemple diffusé via le canal TV interne des séances, et ça a plutôt bien marché". 
 

Tout au fil de notre visite, les équipes de la direction ont tenu à insister "sur le dialogue et l'échange" qu'elles se sont attachées, disent-t-elles, à instaurer.

"J'avoue qu'un jour, je me suis posé la question", confie Richard Boulay, le directeur : "Nous avions un arrivant, avec un signalement du magistrat qui nous l'adressait, de forte suspicion de Covid à haut risque. Je me suis dit, qu'est-ce que je fais? Je règle ça avec le personnel pénitentiaire et médical, et on ne dit rien, pour ne pas affoler ? J'ai choisi la transparence et nous avons dit : voilà, nous avons un cas à haut risque Covid, il est isolé, et on s'en occupe...on a fait le choix du dialogue. Je pense que nous avons maintenu tout ce qui pouvait être maintenu, dans la mesure de nos possibilités, et en fonction des risques sanitaires" .


Une surpopulation carcérale réduite...pour combien de temps ?

Les prisons françaises, on le sait, sont régulièrement, et de longue date "épinglées" pour leurs mauvaises conditions de détention, et leur surpopulation, à la fois par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, mais aussi récemment par l'ONU.

A Saint-Quentin-Fallavier, lors de la première phase de confinement, l'étau s'est légèrement desseré. Plus de nouvel arrivant en raison de la mise à l'arrêt des tribunaux. Par ailleurs les juges d'application des peines avaient choisi de libérer un peu avant l'heure une soixante de détenus qui purgeaient leur fin de peine. 

A l'échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes, précise Stéphane Scotto, "c'est important de souligner que lors du 1er épisode de confinement, nous avons connu une décrue très importante de nos effectifs. Du mois de mars au mois de mai, nous sommes passés de 6800 personnes détenues hébergées à 5400. C'est une baisse importante qui nous a permis de mieux gérer la crise sanitaire, faire respecter les gestes barrières et éviter les  contaminations. 1400 détenus en moins, ce n'est pas rien, il y a eu à la fois des libérations anticipées, des aménagements de peine, rendus possibles par l'ordonnance Belloubet de mars 2020. D'autre part, les juridictions, à l'arrêt, ne nous adressaient plus d'arrivants". 
 

Mais en ce reconfinement, les tribunaux n'ont pas fermé leurs portes, l'activité judiciaire a été maintenue. Est-ce à dire que le taux d'occupation des établissements flambe à nouveau ? "Non, pas en Auvergne-Rhône-Alpes, on ne peut pas dire que la surpopulation carcérale soit revenue au niveau précédent, au moment où je vous parle, nous avons 5900 détenus en prison, c'est une légère remontée, mais elle reste encore loin pour l'instant du mois de mars, avant l'apparition  brutale du Covid."  affirme Stéphane Scotto.
 

Le 17 novembre dernier , la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, a alerté les ministres de la justice, de la santé et de l’intérieur, et demandé au nouveau garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, une " réduction de la population pénale à un niveau qui ne soit pas supérieur à la capacité d’accueil des établissements " où la densité carcérale, selon elle, est repassée au-dessus de 100%

Dans une note adressée aux parquets et aux services pénitentiaires, Éric Dupond-Moretti a rappelé la nécessité de "maintenir autant que possible, dans chaque établissement, une densité carcérale compatible avec les mesures sanitaires" et de "privilégier les peines alternatives".

Pour l'Observatoire International des Prisons , dans son tout dernier rapport intitulé "La prison à l'épreuve du coronavirus", "la crise sanitaire est venue pointer les défaillances d’un système carcéral à bout de souffle. Mais si cette période a fait subir aux personnes détenues confinées des conditions particulièrement difficiles, elle a aussi contraint les prisons à s’adapter et se transformer, montrant la voie de ce que pourraient être les changements de demain" .

D'aucuns font déjà remarquer que la décroissance carcérale est possible. Puisqu'elle est réalisable au temps du coronavirus, n'aurait-elle pas avantage à se pérenniser dans le Monde d'Après dans l'univers carcéral? 
 
Le directeur Richard Boulay, lui, ne se fait pas trop d'illusions : "Vous savez, on a peu de marge de manoeuvre, si en centre de détention il y a obligation de ne mettre qu'un détenu par cellule, dans le quartier de la Maison d'Arrêt, ce n'est pas la même chose : on ne peut pas refuser, et il nous arrive de devoir mettre deux, voire trois matelas au sol. Et les vacances judiciaires forcées sont finies.."

Alain Chevallier pour sa part s'inquiète du retour à la "normale : " Vous savez, même pendant cette période nous n'avons pas retrouvé un seuil normal d'occupation des cellules, on est tout de même restés à 100 de plus que la capacité d'accueil, et les entrées flambent à nouveau .Quant aux personnels,  nous avions des renforts pour les étages, parce que nous avons été forcés de fermer certains secteurs, mais depuis des années, en prison nous sommes dans l'urgence et en sous-effectif,  je redoute aussi la fatigue de nos personnels, c'est un métier usant, qui d'ailleurs n'attire pas. Nous sommes en pleine période de recrutement, et nous avons très peu d'inscrits au concours."
 

Pour les prisonniers, la sortie de prison risque, elle aussi, d'être plus difficile. Les formations professionnelles ont pris du retard, trop compliquées à maintenir même en distanciel et puis : "J'ai entendu certains collègues d'étage expliquer que l'employeur qui avait accepté de les engager s'était désisté, à cause de ses difficultés économiques liées au Covid" souligne à la fin de notre rencontre Mickael. qui rajoute : "C'est déjà compliqué pour ceux qui sont dehors de trouver ou de garder un taff, alors vous imaginez pour nous ici?" . Et l'avenir dans tout ça ? "C'est difficile pour l'instant de l'imaginer, ici on fait comme vous, on vit au jour le jour".

Seule certitude dans l'immédiat, les détenus pourront finalement recevoir un colis de Noël, c'était loin d'être gagné, la question vient seulement d'être tranchée. En revanche, l'établissement a prévenu les familles: il ne sera pas possible de déposer ou d'envoyer des produits frais, car les colis devront "reposer" pendant 24 heures.

A l'heure du couvre-feu à 19 heures, tous savent que le Monde du dehors qu'ils retrouveront un jour n'est déjà... plus tout à fait le même.

 
 
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