Pour la première fois depuis le début de ce procès qui s'est ouvert lundi devant la cour d'assises du Calvados, l'accusé a répondu clairement à une question de la présidente : "non, je n'ai pas tué Mathis". Il assure que son fils aurait été converti à l'Islam, et confié à des tiers, à l'étranger...
"Non, je n'ai pas tué Mathis"... Sylvain Jouanneau qui se murait dans le silence ou qui noyait l'auditoire sous ses digressions répond enfin clairement à une question. Mais cette affirmation peine à convaincre. Car voici ce qu'il écrivait à propos de son fils en 2010 : "C'est l'enfant de la haine. Il y a des gènes de sa mère en lui. Je ne peux pas faire de miracles. Si ça tourne mal, je ne m'en sens pas responsable. J'ai fait le deuil". Des propos lus à l'audience par Louis Balling, avocat de la dernière compagne de l'accusé qui l'a quitté en août 2011 et que M. Jouanneau a menacé de mort deux mois plus tard. Il comparaît d'ailleurs aussi pour ces faits.Dialogue sur Msn en octobre 2010, sylvain #Jouanneau parle de Mathis comme un enfant de la haine de la honte qui porte les gènes de sa mère
— Franck Bodereau (@fbodereau) 3 Juin 2015
- "Non. Je n'ai pas tué #Mathis." - "Est-il mort ?", surenchérit la présidente. - "Mais non !", lance #Jouanneau, exaspéré, levant les bras.
— Martin Cangelosi (@MartinCangelosi) 3 Juin 2015
"Mathis "est-il mort?" demande la présidente Antoinette Lepeltier-Durel. "Mais non, pourquoi...", répond sans finir sa phrase l'accusé. Sylvain Jouanneau n'a pas ramené son fils à sa mère le 4 septembre 2011 à Caen comme il aurait dû le faire au terme de son droit de garde du week-end. L'enfant alors âgé de 8 ans n'a pas été revu depuis. "D'après les dernières infos que j'ai, je suis tout à fait rassuré" sur son sort dit-il avec aplomb. Mais malgré les demandes répétées de la cour, de la partie civile et de ses proches, il refuse de dire où il se trouve. Il maintient que Mathis est à l'étranger, confié à des tiers "sous protection musulmane".
Compte-rendu de Franck Bodereau (images de Jean-Michel Guillaud)
Maître Demillière, avocate de Sylvain Jouanneau; Nathalie Barré, maman de Mathis; Jean-Pierre Jouanneau, père de Sylvain Jouanneau; Maître Aline Lebret, avocate de la partie civile.
Cet ultime interrogatoire, cette audition de la dernière chance n'aura donc pas permis de savoir où se trouve Mathis, encore moins d'avoir la certitude qu'il est en vie. Sylvain Jouanneau, toujours bavard, a déconcerté, exaspéré la salle d'audience, au point que la présidente a préféré différer à demain le début des plaidoiries. Le verdict est attendu ce jeudi dans la soirée. L'accusé encourt 30 ans de prison.