Benjamin Corgnet a quitté le DFCO début septembre pour signer à Lorient et retrouver la Ligue 1. Sans son leader, Dijon s'attendait à souffrir, c'est le cas. Moins prévisible, Lorient patine aussi depuis l'arrivée de Corgnet.
Quand Benjamin Corgnet officialise son départ de Dijon, le 4 septembre dernier, cela ne surprend personne. Depuis la reprise de l'entraînement, les rumeurs circulaient avec insistance autour d'un retour de Corgnet en Ligue 1. Le joueur lui-même n'a jamais caché ses envies d'ailleurs, tout en se disant heureux de jouer pour le DFCO, le club qui lui a permis de devenir footballeur professionnel. Discours parfait, honnêteté, reconnaissance, humilité. Et pour couronner le tout, sur le terrain, Corgnet réalise un début de saison fantastique avec Dijon : 4 matches joués en Ligue 2, autant de victoires pour son club, et 3 buts marqués, à chaque fois décisifs. Son impact dans le jeu est énorme, et il se traduit dans les statistiques. Cette fois, à quelques jours de la fin du mercato estival, tout le monde pressent un transfert imminent. Et c'est Lorient qui l'obtient, en échange d'un chèque juteux de 6 millions d'euros. Logique.
Dijon orphelin ?
Côté DFCO, le nouveau président Olivier Delcourt reconnaît la perte sportive, mais se dit satisfait du marché conclu, pour le club et le joueur. Sauf que sur le terrain, le vide est immense. L'absence de Benjamin Corgnet, qui a tant apporté à l'équipe, se fait vite sentir, dans le jeu, et fatalement dans les résultats. 9 matches ont été joués depuis le transfert, et le bilan est clair : 4 défaites, 4 nuls et, après deux mois de disette, une victoire, enfin, face à Nîmes le 9 novembre dernier. Seulement 7 points de pris sur 27 possibles. D'une place de leader début septembre, Dijon est tombé à la 8e place du classement. Évidemment, l'équipe a aussi joué de malchance (blessures de Thil et Jovial, en particulier), et tout ne s'explique pas par le départ de Corgnet, ce serait trop simple. Il n'empêche, le DFCO a perdu l'équilibre en perdant son maître à jouer. Rien n'est jamais définitif, d'autant que le club n'est qu'à 6 points du trio de tête. Mais le grain de folie qu'amenait Corgnet par séquences, sa capacité à renverser le cours d'un match, son talent technique, tout cela fait cruellement défaut. C'est comme si, avec Corgnet, Dijon avait perdu un peu de son rêve de remontée immédiate en Ligue 1.
Pas d'effet Corgnet à Lorient...
Sauf qu'à Lorient, la courbe est sensiblement identique, et moins flatteuse pour Corgnet. Comme Dijon, mais un étage plus haut, les Merlus ont réalisé eux aussi un début de saison en fanfare (3e de Ligue 1 après les 4 premières journées). Pour le premier match de Benjamin Corgnet, un derby face à Rennes, le FCL gagne encore (1-2). Mais ensuite… Trou noir. 8 matches sans victoire (en comptant la coupe de la Ligue), 4 défaites et 4 nuls. Au cours de cette sombre série, Corgnet est titulaire à chaque fois ou presque, et ne marque qu'un seul but, pour l'honneur, dans la déculottée reçue à Valenciennes (6-1, le 20 octobre, pour la 6e journée). Heureusement pour Lorient, la sale spirale a pris fin avec une belle victoire à domicile face à Lille (2-0, le 16 novembre), avec un deuxième but signé Corgnet. Mais le FCL a depuis de nouveau chuté à Bastia (2-1).
Sans Corgnet, Lorient était sur le podium de Ligue 1 ? Avec lui, le club est désormais 11e.
Alors, que déduire de tout cela ? Le messie de Dijon ne serait plus bon à rien ? Evidemment, non.
Déjà, dans un sport collectif, un seul joueur ne peut être responsable de tout. Ni du départ canon de Dijon, ni de la dégringolade de Lorient. Les chiffres sont parfois trompeurs. Ensuite, le talent de Benjamin Corgnet ne s'est évidemment pas envolé depuis son transfert, et son dernier but important face à Lille en atteste. Mais par contre, cela peut traduire un changement de contexte brutal pour lui. Il était forcément plus aisé pour Corgnet de briller d'emblée dans un groupe dijonnais où il occupait une position centrale, avec des habitudes de jeu et des automatismes (avec les mêmes partenaires depuis deux ans), qu'en arrivant à Lorient, dans un nouvel environnement, avec un nouvel entraîneur et un nouveau système de jeu.