La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a dévoilé jeudi 13 décembre 2012, un plan de lutte contre les déserts médicaux. La Bourgogne fait partie des régions françaises les plus touchées par le manque de médecins.
Maternités qui ferment, manque de médecins, délais interminables pour consulter des spécialistes…La "désertification médicale" s'explique en partie par le fait que de plus en plus de médecins - qui exerçaient auparavant en libéral dans des communes excentrées ou dans des quartiers défavorisés, souvent seuls dans leurs cabinets - mettent la clé sous la porte et ne trouvent pas de successeurs. Le départ à la retraite dans les cinq ans à venir d'environ 25% des médecins généralistes libéraux va accentuer le problème car la relève n'est plus là.Les jeunes médecins, dont un nombre croissant de femmes (56% des nouveaux praticiens), ne veulent plus travailler comme leurs aînés. De plus en plus urbains, ils veulent exercer en groupe, tiennent à leur vie de famille, refusent les longues journées et semaines de travail qu'acceptaient les anciens. Au moins la moitié des jeunes médecins aspirent à travailler dans des structures de groupes en tant que salariés, que ce soit à l'hôpital, dans des centres de santé ou dans des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP).
Ainsi, en Saône-et-Loire, pour répondre à cette demande, plusieurs maisons médicales ont déjà ouvert leurs portes, à Louhans, Cluny... D'autres sont en cours de construction : c'est le cas à Charolles. La Nièvre est aussi frappée de plein fouet par cette réduction de l'offre de santé.
Reportage d'Angélique Mangon et Gabriel Talon avec
- Docteur P.M., médecin généraliste
- Docteur C.M., médecin généraliste
- Jean Drevon, maire UMP de Charolles
Le "pacte territoire santé" est composé de plusieurs engagements
- En plus d'encourager le travail groupé, notamment par des forfaits, le plan Touraine accroît le nombre de bourses (1.500 mises à disposition d'ici à 2017), et accorde un revenu garanti dès 2013 d'environ 4.600 euros par mois pour 200 premiers "praticiens de médecine générale".
- Il crée aussi un "référent" unique dans chaque agence régionale de santé (ARS) pour renseigner les étudiants et jeunes médecins qui la plupart du temps ignorent des aides auxquelles ils ont droit.
- Le plan accorde aussi une large place à la formation des médecins, uniquement assurée aujourd'hui par l'hôpital. Depuis le début de leurs études et jusqu'à la fin de leur internat, soit un minimum de 9 ans pour former un médecin généraliste, les futurs praticiens n'ont quasiment aucun contact avec la réalité de terrain des soins de proximité. Des stages en cabinet libéral sont en principe obligatoires mais, dans les faits, non effectués. Il y aura "100% des étudiants en médecine générale en stage dans un cabinet libéral, si possible dans un territoire isolé", a assuré la ministre. Mais, grande nouveauté, des chefs de cliniques travaillant à l'hôpital viendront former des internes dans certaines MSP.
- La télémédecine, encore à ses balbutiements, sera développée, en commençant par des expérimentations en dermatologie.
- Les transferts de compétences (des médecins à d'autres professionnels) seront "accélérés", a souligné la ministre qui veut commencer par l'ophtalmologie.
- Afin de rapprocher l'hôpital et la médecine de premier recours, des praticiens hospitaliers, principalement des spécialistes, pourront venir travailler à temps partiel dans des structures libérales sans perdre pour autant leur statut de salarié.